Prodige, joueur le plus cher de l'histoire, star d'Instagram, simulateur, sale gosse, éternel blessé, fêtard accusé de viol. Dans la vie comme en soirée, Neymar multiplie les casquettes. Car à 28 ans le Brésilien reste un mystère. Et son palmarès est loin de refléter son talent. Aucun titre majeur avec le Brésil, une seule Ligue des Champions avec Barcelone et des désillusions à la chaîne avec le PSG.
C'est cette drôle d'énigme que Netflix tente de percer avec sa minisérie Le Chaos Parfait, coproduite par le basketteur LeBron James. Neymar a ouvert les portes de son intimité durant plus d'une année, entre août 2019 et décembre 2020. Et même si, comme moi, le joueur ne compte pas parmi vos footballeurs favoris, force est de reconnaître que le boulot est bien fait. Les trois épisodes se regardent à la suite avec intérêt.
On découvre un jeune homme pour qui tout a sans doute été trop vite. Un presque trentenaire à l'image de son époque, qui aime blaguer, danser, se montrer sur les réseaux sociaux, qui a une confiance en lui énorme, mais qui confesse aussi des faiblesses. En 2013, face à ses difficultés à s'adapter au jeu du Barça, il fond en larmes dans les vestiaires.
Et même s'il faut garder en tête que le Brésilien a coproduit Le Chaos Parfait et qu'il a donc eu son mot à dire sur le montage final, il faut admettre que la star a joué le jeu de l'introspection et a accepté de se livrer sur de nombreux sujets, à commencer par son fils Davi Lucca, qu'il a eu à 19 ans. A l'époque, Neymar, né en 1992 dans la même ville que Pelé, starifié pour ses plus beaux gestes sur Youtube et ses publicités, était le golden boy du FC Santos. L'annonce de sa paternité avait fait les gros titres des médias nationaux:
L'épisode met également en exergue le contrôle exercé par Neymar Senior, sur son fils et sa carrière. «Il a mis une fille enceinte, ça a été notre première crise familiale, mais c'était aussi une crise professionnelle, car son image était en jeu. Je lui ai dit, tu as touché cette fille, ok, voilà, c'est facile de s'occuper d'un enfant, vraiment facile. Avoir une famille est moins difficile quand on a de l'argent», confie le père de la star.
Le documentaire décrypte également l'évolution de la relation entre les deux hommes. S'ils assurent être restés proches, Neymar Junior paraît avoir pris ses distances avec l'emprise d'un papa qui a veillé sur son fils 24h sur 24h depuis le début de sa carrière et qui est obnubilé par l'empire financier qu'il a bâti autour de son image.
La série montre d'ailleurs quelques jolies scènes d'engueulades familiales. Notamment en 2019 lorsque le joueur est accusé de viol, des allégations qui finiront par être abandonnées par la Justice, faute de preuves.
Ne cherchant pas à épargner la star, la série confronte également Neymar aux nombreuses critiques de ses détracteurs, journalistes sportifs ou supporters du Paris Saint-Germain sur son hygiène de vie et sur sa tendance supposée à la simulation. «C'est un joueur qui simule trop, qui se prend trop pour une star. Il a trop pris la grosse tête», affirme ainsi un supporter du PSG.
Le joueur reste pourtant droit dans ses crampons. Il assure qu'on lui reproche d'être un fêtard alors que, selon lui, cela n'a pas d'impact sur ses performances: «Ils sont énervés, car je suis focus sur le terrain et je sais aussi profiter de la vie. Personne n'y arrive. Moi, si.» A ses yeux, il est beaucoup plus critiqué qu'il ne le mérite.
On a beau l'accuser de simuler, on oublie parfois le nombre de mauvais coups reçus tout au long de sa carrière. A ce sujet, le documentaire revient sur un événement extrêmement marquant pour le joueur. En 2014, alors qu'il dispute la Coupe du monde à domicile, il est victime d'un violent choc dans le dos qui est à deux doigts de le laisser paralyser. Sorti sur civière, il est immédiatement transféré à l'hôpital avec une vertèbre cassée.
Quelques jours plus tard, il regardera, impuissant, son Brésil être humilié 7-1 par l'Allemagne en demi-finales. Malgré ce souvenir douloureux, Neymar garde l'espoir de gagner une Coupe du monde un jour, son rêve ultime. Car il l'assure, l'histoire est loin d'être terminée: «Je suis encore là!»