Le directeur du circuit professionnel de tennis féminin, Steve Simon, ne plaisante pas. Dans une interview accordée à la chaîne CNN jeudi, il se dit prêt à perdre des centaines de milliers de dollars si la Chine ne coopère pas davantage dans l'affaire Peng Shui.
Peng Shui, du nom de cette joueuse de tennis disparue des écrans radars depuis le 2 novembre, alors qu'elle avait accusé un ancien vice-premier ministre de l'avoir contrainte à avoir des relations sexuelles.
Jusqu'à présent, les autorités chinoises ont refusé de prendre en compte les allégations de la joueuse de tennis. Ce qui a fait vivement réagir Steve Simon:
Il exige des éclaircissements, car «ce sont [des accusations de viols et que c’est] plus important que le business».
Cette prise de position ne risque pas de placer le directeur du circuit WTA en bons termes avec les autorités chinoises. Les relations n'étaient déjà pas au beau fixe, selon la CNN. La Chine essuie déjà des critiques virulentes dans sa gestion des Jeux olympiques d'hiver 2022, qui doivent se tenir en février. Les appels au boycott se sont multipliés ces derniers mois, en raison des violations présumées des droits de l'homme en Chine.
Quoi qu'il en soit, Peng Shui reste introuvable. «Nous l'avons contactée sur tous les numéros de téléphone, adresses électroniques et autres formes de contact», explique Simon. «A ce jour, nous n'avons toujours pas pu obtenir de réponse.»
En début de semaine, les médias d'Etat chinois ont publié un courriel, prétendument envoyé à Simon par Peng Shui, qui revenait sur ses allégations et affirmait qu'elle allait bien.
Bizarrement, ce courriel n'a été diffusé que sur des plateformes anglophones et les médias chinois n'ont pas fait état de son contenu, bien que Peng soit très connue en Chine.
Un mail qui n'a pas du tout convaincu Simon, en tout cas, qui évoque une «mise en scène». «Je ne pense pas qu'il ait une quelconque validité et nous ne serons pas rassurés tant que nous n'aurons pas eu l'occasion de lui parler en personne», a-t-il ajouté.
Les craintes du directeur du circuit de tennis féminin sont partagées par de nombreux joueurs internationaux. Sur Twitter, l'Américaine Serena Williams a notamment fait part de ses inquiétudes:
I am devastated and shocked to hear about the news of my peer, Peng Shuai. I hope she is safe and found as soon as possible. This must be investigated and we must not stay silent. Sending love to her and her family during this incredibly difficult time. #whereispengshuai pic.twitter.com/GZG3zLTSC6
— Serena Williams (@serenawilliams) November 18, 2021
La Japonaise Naomi Osaka a déclaré mardi qu'elle était «sous le choc» et dénoncé la censure qui entoure l'affaire.
. #WhereIsPengShuai pic.twitter.com/51qcyDtzLq
— NaomiOsaka大坂なおみ (@naomiosaka) November 16, 2021
Pour sa part, le Comité international olympique (CIO) a déclaré qu'il ne ferait aucun commentaire sur cette affaire et a suggéré d'opter pour une «diplomatie discrète», rapporte Reuters.
Du côté de la Chine, c'est silence radio: interrogés à plusieurs reprises, les porte-paroles du ministère chinois des Affaires étrangères ont dit tout ignorer de cette affaire qu'ils se sont refusé à commenter, arguant qu'il ne s'agissait pas d'un dossier diplomatique.