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Tennis - Barcelone JO 1992: Jordi Arrese battu par Marc Rosset

Tennis - Barcelone JO 1992: Jordi Arrese battu par Marc Rosset
Les supporters du tennis suisse ont fêté lundi les 30 ans du sacre de Marc Rosset aux JO de Barcelone.Image: Mundo Deportivo

L'histoire méconnue de Jordi Arrese, écœuré par Marc Rosset il y a 30 ans

A force de fêter le 30e anniversaire du sacre de Rosset aux JO de Barcelone, on a un peu oublié qu'il avait un adversaire en finale: un Espagnol qui avait encaissé 8500 calories et 8h d'entraînement au quotidien et qui en veut toujours un peu au Suisse.
09.08.2022, 06:3409.08.2022, 11:33
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Les supporters du tennis suisse ont fêté lundi les 30 ans du sacre de Marc Rosset aux JO de Barcelone. Une date anniversaire qui coïncidait forcément avec la défaite de quelqu'un et ce quelqu'un, battu par le Genevois en cinq manches et 5h05 de jeu (7-6, 6-4, 3-6, 4-6 et 8-6) sur la terre battue catalane, c'est Jordi Arrese.

Mundo Deportivo a retrouvé l'ancien joueur. On le découvre très élégant à 57 ans, vêtu d'un polo bleu qui fait ressortir ses yeux. Arrese, évidemment, n'a rien oublié de ce 8 août 1992, et le journaliste fait remarquer que lorsque son invité raconte sa finale, c'est comme s'il était encore sur le court. «J'étais mené 4-1 dans le dernier set mais en revenant à 4-4, je me suis vu comme favori, retrace l'ex-tennisman. Rosset était diminué mais moi, pas du tout; j'aurais pu continuer à jouer pendant deux heures tant j'étais bien physiquement. Mais dans le dernier jeu, j'ai perdu deux balles d'un doigt et lui a joué deux coups droits. C'était très courageux de sa part.»

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Arrese est passé très proche de la victoire. Il a mis presque 30 ans pour accepter de revoir les images du match le plus important de sa vie contre celui que Mundo Deportivo appelle «le dégingandé suisse». Face aux vidéos, il s'est souvenu qu'il avait eu plusieurs balles de break dans la première manche, ce qui n'a fait que raviver ses regrets:

«Si j'avais gagné le premier set, le match ne m'aurait pas échappé. Rosset n'aurait pas pu revenir dans la chaleur»

S'il a décidé de revoir les reflets de la partie 30 ans plus tard, c'est aussi parce qu'un doute trottait dans son esprit. «Je voulais savoir combien de temps Rosset avait arrêté le match au 5e set», relate le Catalan, en référence au 10 minutes de pause prises par le Genevois.

Marc Rosset était en souffrance, la casquette blanche écrasée par la chaleur. Le joueur avait toutes les raisons de réclamer un temps-mort médical et son arbitre et ami Bruno Rebeuh toutes celles de le lui accorder. Mais ce n'est pas ainsi que la presse espagnole relate l'épisode: elle y voit plutôt une habile manoeuvre de Rosset pour couper l'élan de son adversaire qui était revenu à 4-3. Mundo Deportivo compare même cette attitude à celle de Kei Nishikori dans la petite finale du tournoi olympique de Rio en 2016. Le Japonais avait sollicité onze minutes de pause-toilettes entre les 2e et 3e sets alors que son adversaire avait repris le momentum. Une parenthèse qui avait agacé Nadal. Le Majorquin avait interpellé en vain le superviseur avant de s'incliner en trois manches.

Un régime dattes-parmesan

Arrese aussi a fini par perdre, mais contrairement à Nadal, il a rendu hommage à son adversaire («Rosset a réussi un tournoi spectaculaire») et sa défaite n'a pas été entière puisque le Catalan est reparti avec une médaille (argent) autour du cou. Une récompense inattendue pour celui qui n'était alors que 30e mondial et que la Fédération espagnole avait souhaité remplacer au dernier moment par Carlos Costa. Grand seigneur, ce dernier n'avait pas souhaité prendre la place de son compatriote et ami, et c'est ainsi qu'Arrese était entré dans le tournoi.

«On a dit que ma médaille était une surprise, mais presque aucun athlète ne s'était préparé comme moi», insiste-t-il aujourd'hui dans les colonnes de Sport, avant de revenir sur sa retraite spirituelle de plusieurs mois en amont des JO:

«Je m'entraînais 8h par jour, quatre heures de tennis et quatre heures de préparation physique, avec deux séances de musculation et une heure de course à pied à jeun pour commencer la journée. Je me suis aussi attaché les services du meilleur préparateur physique, Paco Seirul-Lo. J'ai également travaillé avec un psychologue pour la concentration et avec un diététicien. Avec mes entraîneurs de tennis de l'époque, Roberto Vizcaíno et Manolo Orantes, nous avons essayé d'améliorer mon service, mon approche du filet et d'entraîner mon coup droit plat.»
Jordi Arrese dans «MD»

Il a sacrifié plus de tournois (passant de la 23e à la 39e place mondiale) que de repas, suivant un régime de 8500 calories par jour lorsque moins de 3000 sont indiqués pour un adulte. «Je devais manger des aliments très caloriques comme les dattes ou le parmesan. Mais mon métabolisme est très rapide et je n'ai même pas pris deux kilos.» Jordi Arrese a malgré tout gagné en force, en vitesse et en puissance. Autant de qualités qui lui ont permis d'atteindre la finale, mais pas de battre Marc Rosset.

«Le plan de match était de le faire bouger, de l'épuiser et de profiter de son faible revers. Mais il m'a fait beaucoup de mal avec son service. Et puis, je n'étais pas un bon receveur, je n'ai pas bien bloqué mon poignet pour retourner la balle.» Les organisateurs avaient tout fait pour ralentir le service du grand genevois, allant jusqu'à arroser abondamment la terre battue dans les heures qui ont précédé la rencontre.

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Chaque 8 août depuis 30 ans est une fête pour Marc Rosset et reste un merveilleux souvenir pour Jordi Arrese. Tombeur du revenant Björn Borg en 1991, le Catalan a vécu les plus beaux moments de sa carrière de tennisman aux JO la saison suivante. «Je suis sûr que j'ai été l'athlète espagnol qui a passé le plus d'heures à la télévision, tant mes matchs étaient longs!»

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Video: watson
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