Kamila Valieva a été testée positive aux Championnats de Russie à Saint-Pétersbourg le 25 décembre par Rusada, l'agence antidopage russe, qui n'a reçu le résultat de cet échantillon que mardi dernier en provenance d'un laboratoire de Stockholm.
La substance identifiée est la trimétazidine, utilisée pour soulager les angines de poitrine et interdite depuis 2014 car elle favoriserait la circulation sanguine. Le Comité international olympique (CIO) semble plaider la culpabilité:
Après que la Rusada, pour des raisons inconnues, ait levé la suspension de Valieva, le CIO et l'Agence mondiale antidopage ont recouru contre cette décision devant le Tribunal arbitral du sport (TAS): ils demandent la mise à l'écart immédiate de l'athlète. Le TAS a précisé samedi, sans donner plus de détails, qu'il se réunira «rapidement» pour prendre une décision.
La décision du TAS est d'autant plus attendue que Valieva est la grande favorite de l'épreuve individuelle qui commence mardi. Si la sanction est confirmée, le CIO pourrait également revoir le classement de l'épreuve par équipe remportée par la Russie, devant les Etats-Unis et le Japon.
A cette occasion, Kamila Valieva est entrée dans l'histoire de l'olympisme en y devenant la première patineuse à réussir un quadruple saut (plus exactement deux). Il y a quelques années encore, tous les spécialistes s'accordaient à penser qu'une telle prouesse (technique, mais aussi athlétique) resterait réservée aux hommes.
Pour son premier hiver chez les seniors, Valieva, 15 ans, est toujours invaincue. Des rumeurs rapportent qu'elle enchaîne jusqu'à cinq quadruples sauts au sein du même programme, un exploit jamais tenté en compétition et qu'elle pourrait oser cette semaine (si...)
Il ne se passe pas un jour sans que son nom ne soit cité. La pression devient trop forte pour l'adolescente. Samedi, dès sa première session d'entraînement, Kamila Valieva a caché son visage derrière ses gants avant de fondre en larmes dans les bras de sa coach, Eteri Tutberidze.
📹 Le larmes de Kamila Valieva dans les bras de sa coach ce samedi à l'entraînement. Le CIO et l'AMA ont officiellement saisi le TAS après le test positif de la jeune russe de 15 ans qui voit sa participation aux Jeux remise en cause https://t.co/PUDkE2G1G4 #Beijing2022 pic.twitter.com/3fWt6Zte2e
— Eurosport France (@Eurosport_FR) February 12, 2022
«C'est un cas comme on peut en avoir dans n'importe quel pays», devenu «une affaire mondiale» parce qu'il éclate en pleins Jeux de Pékin et que «la confiance à l'égard des athlètes russes est déjà écornée», commente auprès de l'AFP Fabien Ohl, sociologue du sport à l'Université de Lausanne.
Statistiquement, le contrôle positif de la jeune patineuse n'est que l'un des quelque 2700 cas annuels recensés par le dernier rapport de l'Agence mondiale antidopage (AMA).
Non seulement l'intérêt de cette molécule pour la performance sportive n'est mesuré par aucune étude scientifique, mais rien n'évoque pour l'heure un trafic, encore moins une tentative de dissimulation rappelant les pires heures du dopage russe, selon Fabien Ohl.
Car c'est bien l'Agence antidopage russe (Rusada), au cœur des soupçons pendant des années, qui a contrôlé Valieva et a remis l'échantillon au laboratoire de Stockholm accrédité par l'AMA. Si le résultat positif de ce test n'a été notifié que six semaines plus tard, au lendemain de la victoire russe dans l'épreuve olympique par équipe, c'est uniquement parce qu'une «vague de cas de Covid-19» a ralenti le travail à Stockholm, expliquait l'agence vendredi.
Furieux, le président du comité olympique russe s'est interrogé sur ces délais anormalement longs - l'AMA impose à ses laboratoires un résultat dans les 20 jours:
La commission de discipline de Rusada ayant levé mercredi la suspension de Valieva pour des raisons encore mystérieuses, le CIO et l'AMA ont saisi le Tribunal arbitral du sport, réactivant une vieille ligne de fracture entre instances internationales et sport russe. «C'est un imbroglio juridique qui ne va pas redonner confiance mais à ce stade, rien n'a dysfonctionné dans les institutions. CIO et AMA ont ce sparadrap accroché au doigt, essaient de le secouer, mais tests et justice ont leur propre rythme», nuance Fabien Ohl. (afp/chd)