Mathilde Gremaud a fait vibrer toute la Suisse pendant ces Jeux olympiques. La skieuse freestyle fribourgeoise y a décroché deux médailles: le bronze en Big Air la semaine passée et l'or en slopestyle mardi.
Un jour après son sacre, la Gruérienne de 22 ans a déjà pris le recul nécessaire pour nous parler de l'incroyable aventure qu'elle est en train de vivre.
Certains à Fribourg demandent un jour férié en votre honneur. Si vous êtes politicienne, vous accédez à cette requête?
Mathilde Gremaud: Ouf… (rires). Pourquoi pas! Je trouve ça assez cool. En tant que politicienne, je le ferais peut-être si c’était pour quelqu’un d’autre, mais je ne voudrais surtout pas le faire pour moi-même. Je me sentirais bizarre si cette initiative aboutissait. Mais ça me fait plaisir!
Les jeunes jusqu'à seize ans auront le forfait gratuit dans les stations fribourgeoises samedi s'ils disent «Merci Mathilde» à la caisse.
Je viens de voir ça sur mon téléphone et je trouve ça hyper cool! C’est une bonne idée, ça me fait très plaisir! J'apprécie de me dire que les gens ont l'opportunité de faire du sport grâce à moi, d'une certaine façon. Le but, c’est de les motiver à bouger, à faire du ski ou autre chose. C’est ça que j’ai envie que les gens fassent. C'est super que les jeunes aient cette opportunité et puissent se faire plaisir.
En vous voyant sur des skis, on voit aussi de l'art. Vous considérez-vous plutôt comme une artiste ou une athlète de haut niveau?
Je me définirais plutôt comme une athlète. Mais c’est vrai qu’on a la chance de faire un sport créatif, qui nous permet de nous exprimer. Alors oui, il y a une part artistique. Elle est très présente et même majoritaire lorsqu'on tourne des vidéos, hors compétition. Par contre, dans les concours, on est dans le domaine sportif.
Les artistes aiment laisser leur empreinte: votre but, c'est de donner votre nom à une figure?
Non, non. Ça se faisait à l’époque, mais ce n'est pas quelque chose qui est vraiment ancré dans notre sport. On en a encore parlé à table dimanche. Je crois que ça se fait davantage en snowboard. Moi, ça ne m’a jamais traversé l’esprit.
Comment sélectionnez-vous votre programme en compétition? Le modifiez-vous juste avant de vous élancer si plusieurs concurrentes viennent de faire les mêmes figures?
Tout est décidé à l'avance, lors des entraînements. C'est une partie de la stratégie: il s'agit de ne pas faire le même run qu'un concurrent. C’est aussi pour ça qu’on a des entraîneurs et que tout le monde observe attentivement ce que font les autres.
Ce n'est pas toujours évident. On sait aussi ce qu’on a dans notre bagage. D'un contest à l’autre, il n’y a pas une grande variation.
Vous êtes réputée hyperactive en matière d'activités sportives et êtes souvent en voyage pour le ski. Garder des relations ne doit pas être facile avec votre style de vie.
C’est un peu dur, non pas de garder des liens, mais d’avoir une relation normale. Avec mes potes les plus proches, mais même avec beaucoup de gens qui me suivent, je peux parler d’autres choses que de ski.
On ne se voit pas pendant longtemps, alors ils suivent mes résultats et veulent savoir tout ce que j'ai fait. Je trouve ça hyper cool, mais je leur dis: «J'aimerais trop savoir ce que vous, vous faites aussi!» Et c’est un peu compliqué, parce que je n’ai pas beaucoup de temps. Un petit café de deux heures, par-ci par-là. On se contacte par téléphone, mais c’est plus sympa de se voir face à face.
En tant que nouvelle championne olympique, craignez-vous les nombreuses sollicitations en Suisse et la perte de votre vie privée?
Les gens m'abordent toujours dans la bonne humeur, ils sont super contents, et ça me fait aussi plaisir. C'est vrai, on n'est pas toujours de bonne humeur, alors certains jours, c'est parfois un peu plus pesant que d'autres. Mais au final, c’est hyper cool, je suis heureuse que les gens soient contents. Si ça leur fait leur journée de voir quelqu’un qu'ils apprécient, tant mieux! Moi aussi, je fonctionne comme ça. J’espère que ça ne me prendra pas la tête, mais je pense que ce sera plaisant. Et oui, concernant les demandes, il faudra faire le tri, ne pas exagérer, tout en donnant le maximum possible.