Résumer huit ans de carrière en une seule phrase n'est pas chose facile. Mais Breel Embolo l'a fait:
On raconte qu'au FC Bâle, il n'avait pas besoin de les atteindre, tellement son talent était grand. En tout cas sur la fin de sa période rhénane. Il est justement parti tôt à l'étranger pour sortir de cette zone de confort.
A Schalke, une mauvaise blessure l'a freiné alors qu'il semblait prendre lentement son envol vers ses limites personnelles. A Gladbach, il est revenu en forme, avec notamment six derniers mois de bonne qualité.
Mais on a toujours eu le sentiment que Breel Embolo pouvait faire encore mieux. En six ans de Bundesliga, il a marqué dix buts pour Schalke et 22 pour Gladbach. Ce sont peut-être ces chiffres qui font dire à l'attaquant de la Nati lui-même qu'il n'a jamais atteint ses limites.
Il a désormais 25 ans et joue depuis cet été à l'AS Monaco. Il ne veut plus se définir à travers des statistiques, mais par ses performances:
Pour Embolo, il est déjà entré huit fois cette saison sur le Rocher, en plus de ses quatre passes décisives. Tout ça en 23 matchs. C'est simple: Breel Embolo n'a jamais été aussi fort. Au moment où il y attache le moins d'importance.
Peut-être que le fait de se mettre moins de pression l'a libéré. Mais l'environnement à l'AS Monaco l'aide aussi. Sur le site Internet du club, il explique pourquoi son adaptation a été si facile:
Dans la Principauté, Breel Embolo donne l'impression de vraiment pouvoir s'épanouir pour la première fois. Il y a mûri, peut-être encore plus qu'après la naissance de ses enfants. Il y a quelques semaines, on lui a demandé si on voyait actuellement le meilleur Embolo. Il n'a pas voulu répondre par l'affirmative, son arrivée à Monaco était encore trop fraîche.
Mais une chose est sûre: ses prestations actuelles séduisent, surtout depuis qu'il a marqué son deuxième but en Ligue 1 contre Nice début septembre. Depuis, il n'a pas trouvé le chemin des filets lors de seulement trois matchs de championnat. «Bien sûr qu'il y a un potentiel d'amélioration», lâche l'attaquant. Il enchaîne:
Le prochain match de Breel Embolo sera celui qui le poussera à ses limites émotionnelles. Et pour cause: pour son entrée en lice au Mondial, la Nati affronte le Cameroun jeudi à 11 h. Le pays d'origine de l'attaquant monégasque. Celui, aussi, où il a vécu ses premières années.
Breel Donald Embolo a vu le jour à Yaoundé, la capitale camerounaise, le 14 février 1997. Il y a soufflé ses six premières bougies. Mais ses parents se sont séparés, sa maman Germaine est partie en Suisse. Breel et son frère ne l'ont rejointe que six mois plus tard, après avoir été logé chez une tante.
Embolo n'a pas beaucoup de souvenirs de cette époque. Il en a surtout les récits de sa mère. A-t-il eu du mal à quitter le pays d'Afrique centrale? Il ne le pense pas. «Sinon, ma mère me l'aurait dit. Quand on est enfant, on s'habitue vite à une nouvelle vie: on va à l'école, on se fait des amis, j'ai aussi rapidement appris la langue.»
Malgré les rares souvenirs, son attachement au Cameroun est resté fort et profond jusqu'à aujourd'hui:
L'attaquant de la Nati voulait amener quelque chose en retour à son pays d'origine. C'est important pour lui, mais aussi pour toute sa famille. Du coup, il a créé, très jeune, une fondation qui soutient notamment des enfants au Cameroun.
La situation familiale de Breel Embolo rend son attachement pour le premier adversaire de la Suisse encore plus fort:
A l'époque, le Monégasque avait discuté avec son père de la sélection qu'il voulait représenter. Ce père rêvait du maillot camerounais. Mais Breel Embolo a opté pour la Suisse. Depuis, il espérait affronter un jour son pays d'origine. Mais il ne s'est pas emballé juste après le tirage au sort:
Ce match sera assurément le moment fort de son tournoi. Et pour toute sa famille, bien sûr. «Ce sera très, très émouvant pour nous tous.» Ces dernières semaines, il a tenté de refouler ces émotions. Ça a bien fonctionné à Monaco. En jouant un match tous les trois jours, y compris à 20 h 45 à la veille du départ pour le Qatar, il n'a pas eu le temps de penser.
Mais ces émotions devraient remonter petit à petit avant le Suisse - Cameroun de jeudi. Breel Embolo a toujours été fan de Samuel Eto'o, d'Alex Song et de tous les Lions Indomptables. «Le seul moment où je ne serai pas fan d'eux, ce sera quand je les affronterai», conclut-il. Histoire, peut-être, de rassurer les fans de la Nati.
Adaptation en français: Yoann Graber