Gian Gilli a été chef de mission pour la délégation suisse aux Jeux de Vancouver (2010), de Londres (2012) et de Sotchi (2014). Son rôle était de placer les athlètes dans les meilleures dispositions pour qu'ils puissent briller lors de ce qui était, pour beaucoup d'entre eux, le jour le plus important de leur vie. Alors en voyant les conditions dans lesquelles les sportifs sont plongés aux Jeux de Pékin, il ne peut masquer son agacement.
«Les pistes et infrastructures seront à n'en pas douter très bien. Mais la vie olympique, l'être ensemble, les interactions culturelles entre athlètes seront inexistants, déplore-t-il. Même à l'heure du repas, chacun devra manger sous protection. C'est dégueulasse! On détruit l'esprit olympique pour les athlètes alors que certains ne vivront des JO qu'une seule fois. Vraiment, c'est affreux.»
Gilli a toujours placé les sportifs au centre de ses préoccupations. «Ce sont eux, les héros des Jeux olympiques. Les personnages principaux. Or à Pékin, ce sont surtout des victimes. Leur expérience olympique se résumera à descendre de l'avion, se faire tester chaque jour, participer aux compétitions et partir le plus vite possible.»
Certains n'auront même pas la chance de participer. «Les champions seront nerveux chaque matin en allant se faire tester, car ils pourront très bien être positifs au Covid sans ressentir le moindre symptôme. Ils devront alors se mettre en quarantaine.» C'est l'histoire terrible vécue par une sportive belge.
Gian Gilli, qui avait défendu la candidature grisonne pour les JO de 2022, sait que la situation aurait été semblable si la compétition avait été organisée dans notre pays. Mais il ne comprend pas pourquoi ces Jeux n'ont pas été reportés d'une année «comme à Tokyo». «Peut-être que la Chine a voulu montrer qu'elle était capable de gérer la crise sanitaire. Peut-être qu'il s'agit de motifs marketings (sponsors) ou économiques.»
Le rapprochement avec le Mondial de football, en décembre au Qatar, a-t-il voulu être évité? Gilli ne le croit pas. «Il y a tellement de gros évènements toute l'année. Organiser une grande compétition qui se termine mi-décembre et une autre qui débute en février aurait été tout à fait possible.»