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Pékin 2022

Pékin 2022: de la neige 100% artificielle aux JO, une première

Selon l'ONG «China Water Risk», citée par Slate, la région de Zhangjiakou, au nord-est de Pékin connaît «un important stress hydrique» et ne reçoit presque pas d’eau en hiver.
Selon l'ONG «China Water Risk», citée par Slate, la région de Zhangjiakou, au nord-est de Pékin connaît «un important stress hydrique» et ne reçoit presque pas d’eau en hiver.keystone
Pékin 2022

De la neige 100% artificielle aux JO, une première qui jette un froid

Pékin innove en devenant le premier site olympique sans neige naturelle. Quelles conséquences pour la réputation des JO et la fiabilité des compétitions?
25.01.2022, 05:5825.01.2022, 08:19
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Des Jeux d'hiver dans un endroit sans neige

Les compétitions de ski ont lieu dans la région de Zhangjiakou, au nord-est du pays, une terre profondément agricole et pauvre. Le tourisme est appelé à la transformer.

Bâtie sur un pâturage, la station sent la peinture fraîche, comme des dizaines d’autres dans le pays. Depuis plusieurs années, le gouvernement chinois promeut les sports d’hiver auprès de ses citoyens et construit des lieux de villégiature pour plus de 300 millions de skieurs potentiels. Les JO sont l’apogée marketing d'un programme pharaonique, avec l’émergence d’une station créée de toute pièce - comme l’était Sotchi.

Les lotissements flambant neufs de Zhangjiakou.
Les lotissements flambant neufs de Zhangjiakou. keystone

Bien que montagneuse, la région de Zhangjiakoula n'en est pas moins… très peu neigeuse. Selon l'ONG «China Water Risk», citée par Slate, la zone connaît «un important stress hydrique» et ne reçoit presque pas d’eau en hiver. Les précipitations hivernales moyennes, au cours des quatre dernières décennies, atteignent 8 centimètres! A titre comparatif, Davos en revendique 72.

Pas écolo ni tendance

Pour obtenir de la neige artificielle, le processus de fabrication est relativement simple: l’eau est mélangée à de l'air comprimé, puis pulvérisée sous forme de fines gouttelettes qui, une fois dans l’air ambiant, gèlent avant même de retomber au sol.

La cristallisation nécessite des températures situées entre -6 et -10 °C. En deçà, et jusqu’à -3° C environ, le processus n'est possible qu'à l'aide de produits additifs (donc chimiques). A Pékin, pour réduire la déperdition, les ingénieurs s'attèlent encore à congeler les sols.

Cette neige de culture est beaucoup plus compacte que la naturelle (330 à 450 kg par m³, contre 40 à 180 kg/m³). Elle résiste mieux aux températures élevées et nécessite moins de damage. En un sens, elle est plus durable.

Sauf quà Zhangjiakou, il faudra 2 millions de mètres cubes d'eau, soit l'équivalent de 800 bassins olympiques, pour recouvrir l'ensemble du domaine skiable. Toujours selon «China Water Risk», près de 200 canons ont turbiné jour et nuit pendant deux mois.

L'impressionnant parc à canons de Zhangjiakou.
L'impressionnant parc à canons de Zhangjiakou. keystone

Les organisateurs assurent que ces engins sont alimentés par des énergies renouvelables, notamment solaires, et qu'ils préservent l’écosystème local. Officiellement, la neige artificielle fera un retour aux sources dès le printemps: elle sera stockée dans les mêmes réservoirs d’eau (160’000 mètres cubes) et réaffectée à d’autres utilisations.

Mais au-delà des aspects pratiques, le débat porte sur le message que Pékin envoie au monde écologique, plus généralement sur les deux innovations majeures que le sport-business brandit en 2022: les premiers JO disputés entièrement sur neige artificielle, et la première Coupe du monde de football organisée dans des stades climatisés.

Mais ce n’est pas nouveau

Il y a bien longtemps qu’aux Jeux d'hiver, la neige ne tombe plus du ciel. A Vancouver (2010), elle était encore naturelle, mais acheminée par camions et hélicoptères. A Sotchi (2014), elle sortait à 80% des canons, tandis que Pyeongchang (2018) avait approché la barre symbolique des 90%.

27 novembre 2021 à Zhangjiakou, épreuves tests de skicross.
27 novembre 2021 à Zhangjiakou, épreuves tests de skicross.Keystone

...et ça ne change rien pour les compétitions

C’est Pirmin Zurbriggen qui nous l’expliquait l’an dernier: les revêtements artificiels, en ski alpin, sont devenus la norme. «La neige ne sort pas systématiquement des canons, mais les pistes sont tassées pendant des semaines, puis régulièrement arrosées et lissées. C’est quasiment de la glace pure.»

Johan Clarey of France in action during the men's downhill race at the Alpine Skiing FIS Ski World Cup in Wengen, Switzerland, Saturday, January 15, 2022. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)
La piste du Lauberhorn, lisse et hyper compacte.Image: KEYSTONE

Urs Näpfin, chef de course du Lauberhorn, raconte à «Swiss Info» que les techniciens «commencent à produire la neige artificielle en novembre. Puis dans les derniers jours, nous ajoutons l'eau nécessaire pour conserver des conditions optimales», sous-entendu une densité maximale. Et de conclure: «Les carres des skis d'aujourd'hui sont si tranchantes qu'elles agressent la piste. La neige naturelle, bien trop douce, ne tiendrait pas le choc.»

Les baroudeurs des pistes noires seraient tentés de penser qu’un revêtement dur et glacé augmente la vitesse, voire la dangerosité. Pirmin Zurbriggen sourit: «Peut-être pour toi si tu perds la maîtrise de tes skis… Mais en course, la neige artificielle est moins risquée, plus franche. Elle évite la formation de petits «tas» de neige dans les virages et de trous après le passage des premiers concurrents. Par contre, il faut de sacrées cuisses!»

Et un bon farteur, l’autre défi technique des Jeux de Pékin (à défaut de virage écologique).

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