Les drones avaient fait une entrée remarquée dans le milieu du ski alpin. A l'époque, Marcel Hirscher avait frôlé la catastrophe lors d'une manche du slalom nocturne à Madonna di Campiglio, le 22 décembre 2015.
Depuis, les drones avaient disparu de la circulation, la FIS ayant décidé de les interdire en compétition.
C'est en 2021 et sur la mythique Streif que les engins téléguidés ont refait une apparition remarquée. Depuis, la technologie a évolué et s'est affutée; le public peut découvrir les courses de ski sous un nouvel angle.
Johan Clarey expliquait récemment au Temps que les retransmissions télévisées étaient vieillissantes. Le descendeur Français parlait même d'un Lauberhorn qui, «télévisuellement, n’apporte rien. La moitié du parcours n’est d'ailleurs pas filmée».
Comment y remédier? Lors de ces Mondiaux de Courchevel/Méribel, la production en charge des images a sans aucun doute brossé l'avenir d'une production qui devait faire peau neuve. Infront Sports & Media, la boîte de production derrière les Championnats du monde, offre des images immersives à souhait grâce à des pilotes de drones chevronnés. Cela permet aux téléspectateurs d'avoir une impression de vitesse plus sensible que celle proposée par une caméra dite ordinaire, de mieux visualiser et comprendre les reliefs et les lignes.
Cette mise en scène nouvelle est appelée FPV, ou First Person View, que l'on peut traduire par «vue subjective» ou «vol en immersion». «Ce n’est pas un drone classique. Ce sont des appareils que l’on pilote à la première personne avec des lunettes», détaille Martin Bochatay sur RMC. Ce virtuose du drone, recruté pour les Mondiaux, s'est astreint à un entraînement intensif d'une année pour pouvoir piloter à la perfection. Il a même fondé son entreprise: Menga FPV.
Le pilote pro a par exemple filmé les acrobaties de Fabian Bösch (et ce double frontflip) sur le tremplin de saut à ski d'Engelberg.
C'est une véritable chorégraphie qui s'installe entre le pilote de drone et le réalisateur lors des compétitions de ski. Une communication directe qui a pour but de savoir quand et à quel moment les images de drone vont être utilisées lors de la descente d'un skieur. Il s'agit d'être très concentré, à l'instar du descendeur en pleine action.
Pour ne pas revivre la mésaventure de Hirscher, la sécurité est désormais totale. Les drones ne volent pas directement au-dessus des athlètes ou du public présent au bord de la piste. Surtout, comme le rappelle Bochatay, «ce sont des machines ultra légères, de 800 grammes. On respecte toujours une distance de sécurité et une altitude minimale par rapport au skieur qui est en-dessous».
Ce même drone peut foncer à une vitesse maximale d'environ 200 km/h. Les batteries étant rapidement à plat, le pilote en utilise environ 50 (rechargeables) par course.
Le dynamisme est total pour un sport qui avait jusque-là beaucoup de mal à innover.
Beni Giger, le maestro suisse de la réalisation des courses de ski, ne rate pas une miette du spectacle proposé aux Mondiaux. Il s'est même montré dithyrambique. Il s'est exprimé dans le Tages Anzeiger et n'hésite pas à qualifier la réalisation «de grande innovation».
Alors pourquoi attendre chez nous? La SRF a bel et bien essayé d'ajouter des drones pour les courses cette saison, mais obtenir une autorisation est malheureusement difficile. Outre l'approbation de l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC), de nombreuses autres conditions doivent être remplies, rappelle le quotidien alémanique. «Un manque de temps», selon les dires de Giger.
La situation est d'ailleurs complexe pour filmer le Lauberhorn, compte tenu de la présence d'hélicoptères. Mais Giger assure que la chaîne alémanique sera équipée de drones pour la saison prochaine.