Dimanche, Henrik Kristoffersen exulte dans la raquette d'arrivée. Le Norvégien retrouve de sa hargne et de son mordant à mesure que la saison avance. La joie du protégé de Jörg Rothen, nouveau détenteur du dossard rouge, contraste avec le cauchemar helvétique.
Alors qu'au terme de la 1re manche Meillard était en tête, Zenhaüsern second, Nef et Yule dans le bon wagon pour monter sur la boîte, c'est finalement le débutant Fadri Janutin qui sauve les meubles avec un excellent 17e rang, pour sa première course Coupe du monde.
Le lendemain, la gueule de bois est tenace. Ce week-end aurait pu être un feu d'artifice, mais tout est allé de travers dans la station bavaroise. La parfaite illustration de notre équipe nationale de slalom actuelle: elle est dense, dotée d'éléments capables de taper tout en haut de la hiérarchie. Matteo Joris entraîne sept skieurs de classe internationale. Mais disons que la saison 2021/2022 oppose une certaine résistance aux as du virage court. La régularité n'est pas au rendez-vous.
Les deux cas symptomatiques de cette saison sont Loic Meillard et Tanguy Nef. Les contemporains font partie, à n'en pas douter, des slalomeurs les plus rapides du moment. Et le week-end à Garmisch a croisé ces deux destins: le talent d'Hérémence, excellent ce week-end avant de sortir sur le second parcours, qui aurait pu parachever son œuvre allemande sans cet «intérieur», a suivi l'exemple donné la veille par Tanguy Nef; en tête après la manche matinale, avant d'enfourcher en début d'après-midi.
Ces deux sorties de piste font mal, tant les deux bijoux de Swiss Ski auraient sans doute claqué deux victoires. Mais le conditionnel n'est pas présent.
D'ailleurs, Tanguy Nef ne se laisse pas abattre:
Les slaloms s'empilent et la «malédiction» d'une seule manche aboutie ne cesse de coller aux spatules helvétiques. Les exemples de coureurs qui ont enfourché ou commis une faute sur le ski intérieur, la faute classique comme diraient les puristes, sont légion cette année.
L'exercice actuel prend des airs de refrain lassant: il est inutile de revenir point par point sur les dégringolades après une bonne première manche de nos Suisses - Luca Aerni et Ramon Zenhäusern peinent à confirmer après le tracé initial. Inutile non plus de relever les bonnes secondes manches pour tirer les marrons du feu. L'équipe suisse de slalom n'est pas assez régulière, elle cravache certes, mais nous gribouille une peinture (souvent) inachevée.
Toujours est-il que la concurrence est féroce en slalom, avec un plateau d'une trentaine de skieurs capables de jouer des coudes pour se faire une place sur le podium. La victoire se joue à coups de poussières de centièmes, et il n'est pas rare que la qualif' soit aussi très serrée. La perf' de Joachim Salarich est là pour le rappeler: avec des dossards impossibles ce week-end, l'Espagnol s'est fait l'auteur de deux top 10. Le slalom est devenu une discipline au niveau stratosphérique, où l'erreur se paie cash.
Quand on engage, quand on raccourcit son virage pour gagner quelques centimètres, l'irréparable n'est jamais loin. Ça se voit dans les résultats cette année: sur huit slaloms, sept vainqueurs différents. Une densité qui permet de comprendre pourquoi nos valeureux slalomeurs bataillent et ne déméritent pas, loin s'en faut.