Frappe violente du pied droit, bien en équilibre. Perte d'appuis en fin de geste suivie d'une glissade. Mais il se relève très rapidement, a bien suivi le rebond et peut enchaîner avec un tir du bout de la chaussure, pied gauche, cette fois, et décisif.
L'action aurait été parfaite si Karl Toko-Ekambi l'avait réalisée une minute plus tôt, quand il était encore sur le terrain. Et avec un ballon plutôt que cette pauvre poubelle. Parce que oui, si l'attaquant camerounais de l'Olympique lyonnais a martyrisée celle-ci, c'est bien à cause d'un excès de colère et non pas une envie de prolonger son match dans le couloir des vestiaires.
Sorti à la 58e minute par l'entraîneur Laurent Blanc, il les a d'ailleurs rejoints directement, sans même passer par le banc. Oui, le Camerounais était fâché d'être remplacé prématurément, à un moment où son équipe était déjà menée 2-1. Mais c'est surtout l'hostilité de son propre public qui l'a mis dans cet état-là. Le joueur de 30 ans a quitté le terrain sous une véritable bronca et même quelques doigts d'honneur (auxquels il a eu l'intelligence de ne pas répondre), comme le relate RMC Sport.
Pendant le match, il a aussi pu voir un drapeau déployé dans le kop lyonnais sur lequel était dessinée sa tête et écrit juste en dessous: «Dégage!»
La banderole des supporters lyonnais, visant Karl Toko-Ekambi. 🥶
— Vibes Foot (@VibesFoot) January 14, 2023
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Ces violentes attaques contre Toko-Ekambi ont comme seule raison ses performances: avec seulement quatre buts en 19 matchs de championnat et un impact dans le jeu insuffisant, le Camerounais est devenu le bouc-émissaire des fans lyonnais. Il paie aussi les mauvais résultats de l'OL, seulement 8e de Ligue 1 et qui reste sur deux défaites et un nul.
Avant cette partie contre Strasbourg, quelques ultras lyonnais sont venus intercepter les joueurs agressivement à leur sortie du car, juste devant le stade. Ils auraient même attaqué le véhicule, selon le président de l'OL, Jean-Michel Aulas, cité par L'Equipe. Mais c'est à la fin du match que les affrontements les plus violents ont eu lieu. Des ultras ont tenté de rentrer sur le terrain en forçant l'accès au bas de la tribune, mais les grilles et les stewards les ont en empêchés.
Puis des dizaines de fans cagoulés ont essayé, depuis l'extérieur du stade, de casser une grille pour aller directement dans les vestiaires. La police a dû lancer des grenades lacrymogènes, qui ont atteint les couloirs de l'enceinte. Du coup, la conférence de presse de Laurent Blanc a dû avoir lieu au bord du terrain à la place de la salle de presse.
Aulas, lui, a déploré les agissements violents des fans, mais pas leurs attaques ciblées contre Toko-Ekambi:
Autrement dit, le Camerounais a intérêt à retrouver très rapidement le chemin des filets s'il souhaite encore porter le maillot rhodanien ces prochains mois. La prochaine (belle) occasion pour le Camerounais de se refaire un moral? Samedi prochain en 16e de finale de Coupe de France, sur la pelouse du modeste Chambéry (5e division). Pour autant, bien sûr, que Laurent Blanc décide toujours de l'aligner. Mais on n'ose pas imaginer quelle serait la colère des fans en cas de nouvelle défaite...