Thierry Burkart, président du PLR, a été le premier à s'exprimer publiquement. «Je demande aux initiateurs de l'initiative Stop F-35 d'arrêter la collecte de signatures», a-t-il tweeté. L'argumentation selon laquelle il n'y aurait plus de guerre conventionnelle en Europe est «manifestement fausse.»
Lundi, le chef du groupe parlementaire UDC Thomas Aeschi lui a emboîté le pas. «Je demande instamment à Cédric Wermuth de retirer son initiative contre l'acquisition des avions de combat», a-t-il conclu son discours lors d'une conférence de presse. L'UDC attend du PS, en tant que parti du Conseil fédéral, qu'il s'engage «sans réserve en faveur de la défense nationale suisse».
Mardi soir, la ministre de la Défense Viola Amherd a fait de même, en lançant un appel aux initiants de retirer leur initiative qui vise à interdire l'achat des F-35. Au vu de ce qui se passe en Ukraine, il est important que le Suisse puisse elle-même défendre son espace aérien et protéger sa population, a-t-elle plaidé.
En réaction à la guerre en Ukraine, l'UDC a présenté lundi des revendications concernant l'armée. Elles sont pratiquement identiques à deux motions déposées par le président du PLR Thierry Burkart et la conseillère nationale PLR Maja Riniker.
Premièrement, l'UDC et le PLR veulent augmenter le budget de l'armée de cinq à «au moins» sept milliards de francs. Cela correspondrait à 1% du produit intérieur brut (PIB). L'armée pourrait ainsi résoudre son problème d'équipement, a souligné le conseiller aux Etats Werner Salzmann. «L'armée ne peut même pas équiper tous ses soldats d'un gilet de protection. C'est catastrophique». Pour le conseiller national UDC Thomas Hurter, il s'agit aussi d'éviter des coupes budgétaires et la mise hors service de certains systèmes.
L'UDC parle des sept milliards comme d'une «première phase». Ensuite, il faudra se demander, selon Salzmann, si l'armée de l'air a la capacité de durer avec 36 nouveaux avions de combat. Même l'UDC n'ose pas envisager un budget de l'armée de 2%, comme le recommande l'Otan. «Ces 2% correspondraient à quatorze milliards», explique Hurter. «Mais avec la composition actuelle du Parlement, c'est une utopie.»
L'UDC et le PLR veulent également augmenter les effectifs de l'armée de 100 000 à 120 000 et mettre en œuvre l'acquisition des F-35 «immédiatement» (UDC) ou «le plus rapidement possible» (PLR). Le fait que l'UDC et le PLR présentent des exigences pratiquement identiques pour l'armée «n'a pas été convenu, mais c'est évidemment d'autant mieux», déclare le président du PLR Burkart.
«Nous devons apprendre qu'il y a des assaillants auxquels il faut s'opposer militairement», déclare Burkart. Selon lui, l'Allemagne a montré la voie en matière de réaction. Et ce «bien que les Verts pacifistes soient au gouvernement», poursuit-il. En effet, le nouveau gouvernement vient de décider qu'il veut encore débloquer 100 milliards d'euros pour l'armée allemande.
Le PS et les Verts tirent des conclusions très différentes de la crise. Les deux partis veulent avant tout une aide pour les réfugiés. Diverses organisations comme Campax, Solidarité sans frontières et les Juristes démocrates de Suisse demandent dans une lettre ouverte à la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter que la Suisse accueille 10 000 réfugiés de guerre en provenance d'Ukraine. Les Verts soutiennent cette demande.
Le PS veut aller dans la même direction. Il ne cite toutefois pas de chiffre concret. Mais il a également lancé une campagne de dons pour les personnes qui fuient la zone de guerre. Jusqu'à lundi, plus de 200 000 francs ont été récoltés. Le montant sera versé à l'œuvre d'entraide Solidar Suisse.
Le Centre demande que la question des réfugiés soit abordée «en association avec la communauté internationale», selon le chef du groupe parlementaire Philipp Matthias Bregy. De son côté, l'UDC souhaite que «l'accueil temporaire» des réfugiés soit «généreux.»
Le Centre ne veut toutefois pas se pencher sur le dossier de l'armée. «Il y a des problèmes plus urgents en ce moment», argumente Bregy. Son parti reste favorable à une défense nationale forte. La guerre en Ukraine montre que la décision d'acheter des avions de combat était la bonne. Il s'agit maintenant de tirer les bonnes conclusions de cette guerre en Europe.
Et comment le coprésident du PS Cédric Wermuth réagit-il à la demande de l'UDC de retirer l'initiative sur les avions de combat?
Il est formel. «Lundi, l'UDC a refusé au Parlement les sanctions contre le criminel de guerre Poutine. Je ne me laisserai pas commander par ces partisans de la dictature.»
Traduit de l'allemand par Anaïs Rey