Ces derniers temps, les faits divers ressemblent à des films d'action hollywoodiens: entre 2017 et 2019, une série d'attaques de fourgons sans précédent a eu lieu dans le canton de Vaud. A chaque fois, les véhicules ont été pillés, puis parfois même incendiés.
Lors d'un braquage à La Sarraz en 2019, les criminels ont arrêté le fourgon et ont menacé ses occupants avec des kalachnikovs. Lorsque ceux-ci sont sortis du véhicule, les agresseurs les ont frappés avant de prendre la fuite avec le précieux contenu.
La start-up romande Wearin', basée à Morges (VD), a flairé une opportunité commerciale dans ce type d'affaires criminelles - et peut désormais se targuer d'un succès. Depuis début octobre, les coursiers de l'entreprise de sécurité valaisanne SOS Cash & Value portent un gilet pare-balles high-tech de Wearin'. Celui-ci est équipé de capteurs et transmet en temps réel les données biométriques et environnementales à la centrale de surveillance de la société de transport de fonds en Valais. La centrale est ainsi informée en permanence de la situation sur place.
Les capteurs du gilet sont reliés à un algorithme qui analyse, entre autres, les données de mouvement des employés et du camion blindé à l'aide de l'intelligence artificielle.
Il en va de même lorsque le niveau de stress des employés augmente subitement. La centrale peut ainsi réagir rapidement et décider des mesures à prendre, comme demander l'aide de la police ou des services de secours.
Selon Brossard, les attaques perpétrées dans le passé contre des fourgons blindés ont montré que dans la majorité des cas, ce sont des collaborateurs internes qui étaient à l'œuvre. En d'autres termes, leurs propres employés étaient impliqués dans le braquage.
La surveillance constante par le gilet nécessite toutefois l'accord des employés. La sécurité des données est garantie, car les informations transmises sont cryptées, précise Brossard.
Brossard ne révélera pas le nombre de gilets qui seront vendus à l'entreprise valaisanne, invoquant des raisons de sécurité. Il ne parle pas non plus du chiffre d'affaires. Une seule chose: selon l'équipement, on demande environ 100 francs par gilet et par mois, le prix pouvant varier fortement.
Un projet pilote correspondant avec un service de police d'un grand pays de l'UE est sur le point d'être lancé. Le gilet est également destiné aux pompiers. «Pour eux, il serait par exemple possible d'enregistrer la fuite d'un gaz dangereux, à l'aide de capteurs dans le gilet, de sorte qu'eux-mêmes et la centrale d'intervention soient immédiatement informés de ce danger».
Outre l'aspect sécuritaire, il y a aussi des avantages économiques pour les entreprises, explique Brossard.
Avec le gilet intelligent, ce n'est pas nécessaire, une seule personne suffit.
Wearin' a été créé il y a tout juste trois ans. Derrière, se cache en revanche le groupe Conextivity, nettement plus grand, qui appartient à la famille d'entreprises romande Fischer. Il est dirigé par Brossard et son épouse, qui représentent la troisième génération de la famille. Le groupe compte plus de 600 employés et, selon ses propres indications, environ 10'000 clients, ainsi que des usines et des bureaux en Allemagne, en Tunisie, au Portugal, en Inde, à Hong Kong, au Japon et aux Etats-Unis. Fischer Connectors, fondée en 1954, est la première entreprise du groupe Conextivity, et est spécialisée dans les connecteurs spéciaux dans des environnements exigeants comme dans l'air ou sous l'eau.
Et celle-ci n'est pas seulement demandée dans l'industrie et la médecine, qui représentent ensemble 50% du chiffre d'affaires. En effet, Fischer Connectors réalise un quart de son chiffre d'affaires avec des livraisons aux armées étrangères, notamment en Angleterre, en France, en Allemagne et aux Etats-Unis.
Les GPS, les capteurs de gaz, les radars ou les jumelles infrarouges sont tous des instruments militaires qui existent déjà aujourd'hui. Ce qui caractérise Wearin', c'est l'approche consistant à créer un écosystème avec un seul flux de données, explique Brossard.
Grâce au gilet, les forces d'intervention ou les secouristes peuvent avoir tous les appareils réunis et être connectés en permanence à la centrale. Il pourrait également être utilisé dans les mines, dans l'aviation ou sur des plateformes offshore comme les éoliennes ou les plateformes de forage. La start-up, qui emploie 25 personnes, profite du savoir-faire de la maison mère. L'objectif du groupe est de générer un chiffre d'affaires d'un milliard de francs d'ici 2030. (aargauerzeitung.ch)
Traduit de l'allemand par Anne Castella