A l'approche de l'anniversaire de la naissance du petit Jésus ce 25 décembre, divers hôpitaux annoncent, de leur côté, une explosion de naissances dans les régions suisses. Depuis le 1er décembre 2021, Grabs, dans le canton de Saint-Gall, a en effet déjà enregistré mille naissances. C'est plus que l'année précédente.
A l'hôpital cantonal de Saint-Gall, le nombre de bébés nés au cours des onze premiers mois de l'année est égal à celui de toute l'année 2020. L'hôpital cantonal des Grisons fait également état d'une augmentation. En Argovie, les hôpitaux d'Aarau, de Baden et de Muri prévoient des records, à Berne l'Hôpital de l'Île et l'Hôpital de Thoune, et l'Hôpital universitaire de Bâle comptera également plus de naissances que l'année précédente.
L'explication? «Le Covid», pense-t-on un peu partout. Et on peut le comprendre: les confinements induits par la pandémie et l'instauration du télétravail et de la réduction des loisirs ont formé de nouvelles habitudes chez les jeunes couples. Ces derniers se sont retrouvés davantage à la maison et ont eu plus de temps pour se concentrer sur leur couple et – pourquoi pas – fonder une famille. Mais est-ce vraiment ce qu'il s'est passé?
Faire de tels rapprochements avec le Covid se révèle plutôt épineux. Alors qu'un baby-boom était attendu neuf mois après le confinement partiel en mars et avril 2020, les chiffres ont en fait étonné. En décembre 2020, il n'y avait à peine qu'1% de naissances en plus par rapport à l'année précédente.
L'idée d'une augmentation des rapports sexuels durant la période de semi-enfermement relève sans doute autant au domaine des légendes que de la prétendue vague de naissances après une panne de courant à New York; laquelle circule depuis 1965.
Le lien entre le Covid et le baby-boom actuel dans les hôpitaux suisses reste ainsi hypothétique. Ailleurs, on observe même l'effet inverse. Dans des pays comme l'Italie, l'Espagne, la Hongrie et le Portugal, mais aussi aux Etats-Unis, le taux de natalité a effectivement baissé, comme l'a montré une étude.
Dans les pays nordiques et en Allemagne, il est en revanche resté stable. Cette conséquence étant préférablement liée à des inquiétudes économiques. Les personnes qui craignent de se retrouver au chômage en temps de crise ont effectivement tendance à attendre plus longtemps avant d'avoir des enfants. La peur de complications pendant la grossesse pourrait également avoir eu un effet dissuasif sur certains parents potentiels.
Alors pourquoi cette augmentation dans les hôpitaux suisses? Dans certains cas, l'explication est très simple: des maternités voisines ont tout simplement fermé. La maternité de Münsingen (BE) a, par exemple, cessé ses activités le 31 août. Un mois plus tôt, la division stationnaire de Heiden (AR), à vingt minutes en voiture de Saint-Gall, avait été fermée. La fermeture de la maternité de Walenstadt en février 2020 devrait se répercuter sur Grabs et Coire, et ce, de manière plus importante en 2021 que l'année précédente.
Par ailleurs, les chiffres de l'Hôpital universitaire de Bâle sont particulièrement intéressants. Cette année, il y a eu, certes, plus de naissances que l'année précédente, mais les années antérieures étaient plus nombreuses.
L'effet Covid n'est cependant pas totalement à exclure. En Allemagne, il y a eu au moins en mars 2021, neuf mois après la fin du confinement, un peu plus de naissances que d'habitude. (saw/ch media/mndl)