Compter ses pas quotidiens, analyser la qualité de son sommeil, calculer son taux de glycémie: Autocontrôler sa santé est devenu chose très courante. Actuellement, la pandémie donne lieu à une nouvelle mesure: le taux d’anticorps contre le Covid contenu dans le sang. Comme le rapporte le New York Times, les personnes issues de milieux aisés aux Etats-Unis passent régulièrement des tests sérologiques.
Dans l'Upper East Side par exemple, nombreux sont ceux qui réalisent un prélèvement sanguin et découvre peu après quel est leur taux d'anticorps.
Sur la côte ouest, dans le quartier de Beverly Hills, un drive-in a même été aménagé pour des tests d'anticorps. Il faut simplement baisser la vitre de sa voiture, présenter son doigt et une personne prélève un peu de sang. C’est tout. Et c’est apparemment un succès, le gérant affirmant que son centre de test est bien fréquenté.
Selon un médecin qui travaille dans une clinique privée californienne, il est carrément devenu tendance de connaître son taux d'anticorps. Ceux qui en ont peu adaptent leur comportement en conséquence ou envisagent un rappel de la vaccination.
Comme en Suisse, les autorités américaines ne prévoient cette troisième dose uniquement pour les personnes immunodéprimées. Cependant, toujours selon le New York Times, une dose de rappel aurait déjà été administrée à plus d'un million d’Américains.
En Suisse, il existe deux manières de faire tester son taux d’anticorps. Soit grâce à une prise de sang réalisée chez son médecin, soit en se faisant piquer le bout du doigt en pharmacie. Selon le prestataire, cela coûte entre 50 et 100 francs. Comme les tests doivent être payés par les patients eux-mêmes, l'association Pharmasuisse ne connaît pas le chiffre d'affaires généré avec ce service.
C’est indéniable: Le besoin de connaître ses anticorps augmente. Les gens sont inquiets quant à leur santé ou leur éventuelle guérison du Covid, cette dernière permettant d’obtenir le certificat Covid avec une seule dose de vaccin.
Selon le laboratoire médical dr. Risch, la plupart des particuliers continuent à faire le test pour déterminer si une infection par le virus du Covid est passée inaperçue. «Pour eux, il est secondaire de savoir si une immunité a été acquise après la vaccination», déclare Manuel Hug, chargé de communication du laboratoire dr. Risch. Dans cet important laboratoire, la demande en tests sérologiques a doublé après les vacances d’été.
Dans la plupart des cas, il s'agit de services dits «autofinancés», c'est-à-dire que les caisses maladies ne remboursent pas les assurés qui se font tester. Ces tests sont rarement faits deux fois par la même personne, sauf dans le cadre d’études scientifiques.
Un autre grand laboratoire, Unilabs, a également constaté une augmentation lente mais régulière de la demande depuis janvier. Depuis l’été, la demande a vraiment décollé et a presque triplé, assure-t-il.
Dans les laboratoires, le sang est analysé pour détecter les anticorps contre la protéine spike. Ces analyses peuvent distinguer les anticorps produits par le vaccin ARNm et ceux produits par le virus.
Christoph T. Berger est immunologue et chef de la clinique de vaccination de l'hôpital universitaire de Bâle. Il est de plus en plus sollicité par des personnes incertaines qui souhaitent recevoir un rappel de vaccination ou par celles qui ne veulent pas être vaccinées, car elles supposent avoir trop d’anticorps naturels provenant du virus.
Mais les résultats de ces tests peuvent être trompeurs. Toute personne qui possède un certain taux d’anticorps contre le Covid n'est pas automatiquement protégée contre une nouvelle infection. Une valeur indicative qui fait défaut jusqu'à présent.
Christoph T. Berger a récemment déclaré: «Les tests ne mesurent pas les cellules mémoires, et ne disent rien de la fonction des anticorps, c'est-à-dire de leur capacité ou non à combattre le virus».
Les personnes guéries du Covid doivent alors se faire vacciner une fois pour recevoir le certificat Covid pour une année, même si elles ont déjà un certain taux d’anticorps. Outre la protection incertaine d’anticorps, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) souligne le manque de fiabilité des tests.
Les autorités sanitaires ne recommandent ces tests qu’à certains groupes de personnes, comme les personnes immunodéprimées ayant subi une greffe d’organe ou ayant suivi une chimiothérapie. En cause: Un système immunitaire qui réagit souvent plus mal aux vaccinations. Le test d'anticorps leur permet de savoir si le système immunitaire a réagi au vaccin. Une troisième dose de vaccin de ces patients ne doit donc pas être confondue avec un rappel. Christoph Berger ajoute:
Dans ces cas particuliers, la réponse immunitaire cellulaire est parfois également testée par un autre test. C'est le laboratoire de l'ADR-AC à Berne qui s'en charge le plus souvent. A cette fin, la présence de lymphocytes T et B spécifiques du Covid (cellules mémoires) est analysée. Un tel test coûte 470 francs. Pour certaines personnes, ce n'est pas un obstacle. Selon le chef du laboratoire, Daniel Yerly, l'ADR-AC reçoit désormais de nombreuses demandes de personnes dont le système immunitaire est sain.
Le test avec les cellules mémoires est coûteux, car il faut cultiver des cellules pendant une semaine et cela ne peut pas être automatisé. Le test peut détecter les infections au Covid du début de la pandémie. «Mais même ce test ne permet pas de dire si la personne est protégée face à de nouvelles infections», précise Daniel Yerly.
Il prouve seulement le contact avec le virus. Les experts s'inquiètent de l'utilisation généralisée des tests d'anticorps. Un professeur de bioéthique a déclaré au New York Times que quiconque faisant la publicité de ces tests ne le fait pas au nom de la science. Au contraire: Les gens seraient exposés à un risque parce qu'ils pourraient se laisser bercer par un faux sentiment de sécurité.