Le nouveau variant, découvert le 23 novembre en Afrique du Sud et qui a déjà en partie supplanté Delta, fait des ravages en Royaume-Uni. Les scientifiques britanniques et sud-africains livrent actuellement les premières conclusions sur Omicron, qui n'en sont, toutefois, qu'au stade des études préliminaires.
Une distinction entre le variant Delta, encore nettement dominant chez nous, et le variant émergent Omicron se note au niveau des symptômes. C'est à Londres que le nouveau variant se répand le plus rapidement. Une analyse des cas Omicron, publiée dans les médias britanniques, montre que les symptômes les plus fréquents sont le nez qui coule, des maux de tête, de la fatigue, des éternuements et des maux de gorge.
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Les signes classiques du Covid sont la toux, une forte fièvre et une perte du goût et de l'odorat. Or, ces derniers n'ont pas été retrouvés lors de l'analyse des cas Omicron à Londres. Les caractéristiques du variant Omicron semblent donc être, avant tout, des symptômes de rhume, comme l'explique Tim Spector, responsable de l'étude de suivi des symptômes ZOE. Les signes d'alerte classiques comme la fièvre, la toux ou la perte d'odorat n'apparaîtraient plus que dans une minorité de cas.
Les autorités sanitaires américaines CDC ont également analysé les premiers cas du nouveau variant et sont parvenues à une conclusion similaire. La majorité des personnes interrogées ont toussé, se sont senties fatiguées et ont eu le nez qui coule. La fièvre et l'essoufflement étaient plus rares et très peu de personnes ont perdu l'odorat et le goût, seulement trois sur 43 personnes infectées par Omicron.
Le médecin-chef de la clinique d'infectiologie et d'hygiène hospitalière de l'hôpital cantonal de Saint-Gall, Stefan Kuster, a pris connaissance des rapports des scientifiques anglais et américains. L'affaire serait suivie de près, et on échangerait avec d'autres experts. Mais selon Kuster, il n'existe pas encore de données scientifiques, en Suisse, qui étayent ces observations de modification des symptômes.
Si le symptôme classique du Covid, à savoir la perte de l'odorat, n'apparaît pratiquement pas chez les cas Omicron, cela pourrait être un indicateur de la relative gravité de cette dernière mutation, a tweeté le cardiologue américain Eric Topol.
Le nouveau variant pourrait provoquer une réponse du cerveau différente de celle induite par Delta. Toutefois, les données sont encore trop incomplètes, dit Kuster à ce sujet. Il ajoute:
Le ministère britannique de la Santé a fait état, hier, d'une nouvelle étude menée en Afrique du Sud, qui montre que le variant Omicron est généralement moins grave que le variant Delta.
En outre, cette étude confirme les conclusions antérieures selon lesquelles le rappel vaccinal offre une bonne protection contre les infections et les hospitalisations. En Afrique du Sud, moins de personnes ont été gravement atteintes par le coronavirus au cours des dernières semaines que lors des vagues d'infection précédentes.
L'infectiologue Stefan Kuster appelle à la prudence en ce qui concerne de telles informations:
Il ajoute: «Les données relatives aux évolutions graves et aux décès en Europe ne sont toujours pas suffisantes pour tirer des conclusions définitives à ce sujet».
Selon lui, la protection suite à une infection ou une double vaccination est toujours efficace, même si son ampleur est réduite. «Nous ne saurons vraiment que dans quelques semaines comment la propagation croissante des variants en Europe se répercute sur les évolutions de la maladie», déclare Kuster.
On soupçonne que les symptômes plus légers pourraient aussi être liés au fait que ce sont surtout les jeunes qui sont touchés, et que la population est immunisée par la vaccination. Eric Topol tweete à ce sujet:
Le groupe d'experts de la Confédération sur le Covid, la fameuse Task force, ne parvient pas non plus, pour l'heure, à évaluer de manière concluante la gravité de l'infection au variant Omicron. Elle se réfère à l'étude sud-africaine qui estime que les personnes ayant reçu deux doses de Pfizer-Biontech sont protégées à 70% contre les évolutions graves d’Omicron.
L'étude montre également que le taux d'hospitalisation après une infection par le variant Omicron est inférieur de 29% à celui des vagues précédentes, mais supérieur de 20% chez les enfants. Et ce, avec des évolutions principalement bénignes. Le groupe d'experts scientifique de la Confédération, dans son évaluation de la situation, écrit:
Sur la base des études préliminaires menées en Angleterre, la Task force confirme l'utilité du rappel vaccinal, qui protège à environ 77% contre le nouveau variant. Cela équivaut à la protection des personnes seulement doublement vaccinées contre le variant Delta, moins rapide.
Cette semaine, les experts de la Confédération a également calculé comment le nombre de cas Omicron pourrait évoluer en Suisse. Selon le scénario retenu par les scientifiques, le nouveau variant Omicron devrait représenter la moitié des cas début 2022: