La nouvelle répartition des départements fédéraux est connue. Le PLR et l'UDC, notamment, ont obtenu ce qu'ils voulaient: les Départements des finances et de l'énergie.
«Le but de la séance informelle était de trouver la meilleure répartition des tâches dans l'intérêt du pays», a déclaré le président de la Confédération Ignazio Cassis, qui a présenté les choses devant les médias comme si le Conseil fédéral avait trouvé la solution optimale en deux petites heures de séance seulement.
Selon lui, la répartition des départements s'est faite compte tenu de «l'instabilité géopolitique» actuelle et avec la prémisse d'assurer «la plus grande continuité possible, tant sur le plan de la politique intérieure que de la politique extérieure». Une chose est sûre: la décision a été prise par consensus, il n'y a pas eu de vote.
Cette décision du Conseil fédéral correspond à la variante que les politiciens bourgeois avaient formulée, il y a déjà un moment: Albert Rösti, le nouveau conseiller fédéral UDC, prend en charge le Département de l'environnement, des transports et de l'énergie (Detec).
La magistrate libérale-radicale Karin Keller-Sutter passe du Département de la justice au Département des finances (DFF). Et la socialiste Elisabeth Baume-Schneider obtient le Département de la justice. Les quatre autres membres du gouvernement conservent leur département respectif.
Le souhait de Keller-Sutter de passer aux Finances avait déjà été évoqué depuis des semaines. Et l'UDC a revendiqué ouvertement le Detec avant même l'élection de Rösti, avec l'approbation du PLR.
Ces derniers jours, ce sont les socialistes qui ont évoqué des changements. Alain Berset aurait souhaité reprendre le DFF et envisagé un échange avec Cassis pour le Département des affaires étrangères. L'hypothèse que Viola Amherd passe du Département de la défense au Detec a été évoquée. Aucun de ces scénarios n'aura eu lieu.
Une question se pose alors: quel rôle Berset et la conseillère fédérale du Centre ont-ils joué lors de la séance du Conseil fédéral de jeudi? Si l'on interroge le coprésident du PS, Cédric Wermuth, la situation est claire:
On peut honnêtement se poser la question de l'influence et du poids de Berset au sein du Conseil fédéral. Lors de son élection à la présidence de la Confédération, il a obtenu mercredi 140 voix (pour une majorité à 122), un score historiquement très bas. Si sa popularité au sein du Parlement est similaire à celle du collège des Sept sages, il est bien possible que le socialiste ait été «bloqué» par la droite et forcé de rester au Département de l'Intérieur.
Au Parlement, nombreux sont ceux qui le voient déjà faire sa tournée d'adieu: ils présument que le Fribourgeois se retirera à la fin de son année présidentielle. Cédric Wermuth souligne en revanche:
Alain Berset devrait donc rester «en tout cas» encore un moment en fonction. Cédric Wermuth se dit toutefois satisfait de l'attribution du département de Justice et police à la conseillère fédérale socialiste nouvellement élue:
Dans quelle mesure Berset souhaitait-il réellement un changement? Etait-il vraiment prêt à confier le Département de l'intérieur, important pour les syndicats de gauche, la politique de la santé et la politique sociale, à des mains bourgeoises?
Jeudi soir, le Fribourgeois s'est dit satisfait de la répartition actuelle. Une manière de garder la face, ou est-ce la vérité? Expérimenté, Berset avait réalisé depuis longtemps que ses intentions de changement n'étaient guère réalistes. Et pour cela, il aurait fallu que d'autres ministres veuillent changer de dicastère, comme Viola Amherd, par exemple.
Pour Viola Amherd, la situation est particulière. Son parti l'a encouragé à reprendre le DETEC, longtemps en mains du Centre avec Doris Leuthard et pour qui le service public est d'une grande importance. La Valaisanne aurait alors laissé la Défense à Rösti.
Mais Amherd aurait pris le contre-pied face à son parti en affirmant qu'elle ne peut pas quitter le Département de la défense en plein milieu de la guerre en Ukraine.
C'est ainsi que Rösti s'est retrouvé à la tête du Detec. Il lui incombe désormais de faire face à la crise énergétique, de piloter la politique climatique et de poser les jalons pour l'avenir de la SSR.
Les attentes de son parti sont grandes: «La situation de pénurie d'électricité montre que la stratégie énergétique 2050 a échoué», déclare le chef de groupe Thomas Aeschi, qui ajoute:
Mais cela nécessite un temps d'adaptation et une évaluation sérieuse de la situation. «Cela ne peut pas être mis en œuvre en un jour», tempère Aeschi.
Il sera intéressant de voir quel soutien le conseiller fédéral UDC recevra du PLR. Celui-ci a qualifié la rocade départementale de prometteuse.
Traduit de l'allemand par Léon Dietrich