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Verrons-nous bientôt des pommes aux caisses des supermarchés?

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Keystone

Verrons-nous bientôt des pommes aux caisses des supermarchés?

Pour intensifier la lutte contre l’obésité, le Conseil fédéral va recommander aux supermarchés de ne mettre que des produits jugés sains à leur caisse.
17.05.2021, 05:5515.03.2022, 15:39
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La scène est banale: arrivés à la caisse d’un supermarché, les enfants ont les yeux qui brillent. Les emballages des produits (très) sucrés sur les étals sont attirants, éblouissants, colorés, flashy. Ils sont pensés pour rendre fous les gosses. Au point de faire craquer les parents qui finissent souvent par les acheter. En Allemagne, ces lieux propices à la consommation impulsive sont appelés «Quengelzone», ou «zone de pleurnichements».

Cela pourrait changer. Le Conseil fédéral souhaite désormais recommander aux supermarchés d’aménager leurs caisses non plus avec des produits sucrés, mais avec des produits sains. C’est ce qu’il affirme dans une réponse à une interpellation déposée fin mars par la socialiste genevoise Laurence Fehlmann Rielle. «Aménager la zone des caisses est aussi une mesure qui permet de protéger les enfants contre une forme spécifique de publicité», explique le gouvernement fédéral.

«C’est une bonne nouvelle. Le Conseil fédéral admet que cette mesure va inciter à consommer un peu moins de produits néfastes pour la santé», réagit l’élue du Conseil national.

Elle nuance toutefois:

«C’est un tout petit pas et une simple recommandation. Le Conseil fédéral avance avec une prudence de sioux pour ménager les grandes enseignes. Il pourrait appuyer davantage ses propos et faire preuve de courage»
Laurence Fehlmann Rielle

Dans son interpellation, Laurence Fehlmann Rielle évoque le cas de la ville progressiste californienne de Berkeley, qui a banni les produits sucrés (barres chocolatées, bonbons, etc.) des caisses des grands magasins ayant une surface de 230 mètres carrés et plus. «A leur place, ils sont incités à placer des produits meilleurs pour la santé. Cette mesure a pour objectif de promouvoir une alimentation saine», relève-t-elle.

Elle souligne aussi que 42% de la population suisse est actuellement en surpoids ou obèse, selon l'Observatoire suisse de la santé. «Les enfants doivent être protégés dès leur plus jeune âge et il est important d'influer sur les habitudes de consommation par la promotion d'une alimentation équilibrée», lance-t-elle. Il y a bien quelques enseignes qui ont installé des «caisses pour familles» sans sucreries, mais de nombreuses grandes surfaces n'ont pas donné suite à cette idée.

Dur de forcer les grandes enseignes

Dans sa réponse, le Conseil fédéral rappelle sa Stratégie de nutrition, qui vise à promouvoir une alimentation équilibrée et variée. Il évoque ainsi les efforts faits pour informer les consommateurs ou encore la Déclaration de Milan qui encourage à baisser la teneur en sucre dans différents produits.

Un autre objectif est l'abandon volontaire de la publicité destinée aux enfants pour des denrées trop sucrées, trop grasses, trop salées ou trop riches en énergie. «Cependant, la coopération avec les entreprises se révèle plus difficile sur ce plan: l'industrie alimentaire n'est pas encore prête à prendre en compte des critères plus stricts qu'à l'heure actuelle», reconnait le Conseil fédéral.

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