Quatre coups de feu, aucun blessé. Mais, sur les murs du bar de Plainpalais, les balles ont laissé des traces. Des impacts, certains à hauteur d’homme, indiqués aujourd'hui par des marquages de la police judiciaire, selon la Tribune de Genève.
Une rare explosion de violence qui a eu lieu samedi soir, près de la rue très fréquentée de l'école de médecine, au cœur de Genève. Lundi, l’établissement était toujours fermé «pour des raisons exceptionnelles», indique un mot sur la porte.
Mais que s'est-il passé? Et pourquoi? On résume les événements:
Si la chronologie n'est pas encore très claire, ce qui est certain, c'est que deux hommes se sont affrontés à coup d'arme à feu en plein milieu d'un bar fréquenté. Une scène comme on en a rarement vu à Genève.
Samedi soir, un peu après minuit, des coups de feu ont retenti dans le bar de l'Epi d'Or à Plainpalais. Une altercation violente qui a opposé des membres de deux gangs de motards: les Hells Angels d'un côté, et les Bandidos de l'autre.
Deux clubs rivaux depuis des décennies qu'Europol considère aujourd'hui comme des gangs hors-la-loi à cause de leurs activités criminelles.
Sur les images de vidéosurveillance, on voit un membre des Hells Angels entrer dans le bar et tirer en direction du bar. De l'autre côté, un membre du gang rival «Bandidos» réplique. Autour d'eux, les gens ont vite décampé. Le barman, lui, a cru mourir, selon la RTS.
Pour comprendre, il faut d'abord connaître les bases: à Genève, comme dans le reste de la Suisse, ce sont les Hells Angels qui dominent, et ce, depuis les années 70.
Même les plus petits clubs de moto leur sont affiliés. Et depuis quelques années, de nouveaux groupes de motards tentent de former des filiales en Suisse. S'ils ont pour la plupart échoué, les Bandidos, eux, ont réussi. D'après la RTS, ils sont désormais présents à Thoune (BE) et à Sion (VS) et souhaiteraient s'établir à Genève.
Une ambition qui n'est pas au goût de leurs rivaux historiques, les Hells Angels. Pour eux, la présence des Bandidos à Genève est une provocation qui ne respecte pas les nouvelles règles, notamment celles d'une division du territoire bien précise.
Selon la Tribune de Genève, les Bandidos seraient établis en France voisine, dans un local à Archamps, à moins de 100 mètres de la frontière. D'après un témoignage recueilli par le journal genevois, le club de motards d'Annemasse aurait l'intention de s'étendre à Genève:
Les tirs de samedi soir n'auraient pas été un acte prémédité, selon la RTS. Des membres des Hells Angels auraient été prévenus de la présence des Bandidos à Genève, dont un «gros poisson» de l'organisation, et se seraient rendus sur place avant d'ouvrir le feu.
Ce n'est pas la première fois que ces deux gangs s'affrontent en Suisse. Il y a trois ans, une violente bagarre avait éclaté entre membres rivaux, à Belp, dans le canton de Berne, pour des conflits de territoire.
Le procès de 22 personnes s'ouvre d'ailleurs la semaine prochaine. Elles devront répondre notamment de tentative d'homicide volontaire, ainsi que de lésions corporelles graves et simples, d'après la RTS.
Qui étaient les motards impliqués et pourquoi étaient-ils présents à Genève? L’enquête policière tentera de le déterminer. Mais pour l’instant, ni la police cantonale, ni le Ministère public ne communiquent sur le sujet.