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Votations: Oui ou non au paquet d'aides aux médias? Duel Mazzone-Monnier

Duel aide aux médias Félicien Monnier vs Lisa Mazzone
Félicien Monnier et Lisa Mazzone croisent le fer.Image: Montage watson
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Oui ou non au paquet d'aides aux médias? Le duel Monnier-Mazzone

Les votations, c'est ce dimanche. Faut-il soutenir les médias à hauteur de 151 millions de francs, comme le prévoit Berne? Duel sans langue de bois entre une parlementaire et un référendaire.
17.01.2022, 05:2013.02.2022, 09:53
Jonas Follonier
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Les Suisses votent ce dimanche sur quatre objets, dont le train de mesures en faveur des médias. Il s'agit d'une loi prévoyant une hausse du soutien financier de l'Etat aux médias, avec un montant total de 151 millions de francs. Un référendum a été déposé contre ce paquet adopté en juin par le Parlement. C'est pourquoi nous sommes appelés à nous prononcer sur ce texte.

La nouveauté de ce système de soutien public qui existait déjà avant? Une subvention directe aux médias en ligne ayant des abonnements payants. Pour en débattre sur l'arène watson, la conseillère aux Etats Lisa Mazzone (Les Verts/VD), partisane du texte, et Félicien Monnier, président de la Ligue vaudoise et du comité romand du «non» à la loi, répondent aux cinq mêmes questions brûlantes.

1. L'information est-elle d'intérêt public, et si oui, cela justifie-t-il une subvention par l'Etat?

Lisa Mazzone: L’information, ce n’est pas un déodorant ou des choux à la crème: c'est la base du débat démocratique. L’aide à la presse existe depuis toujours. Mais il faut l’élargir à internet. Soutenir exclusivement les journaux papier est anachronique. Et après les scandales des fake news, on a intérêt à éviter que Google ou Facebook ne deviennent nos références.
Félicien Monnier: La notion d’intérêt public est dangereuse à manier. Pour la gauche, il suffit de l’invoquer comme une divinité pour ensuite imposer des mesures étatistes et coûteuses. Pourtant, une foule d’actions profitables au bien commun se déploient chaque jour hors de la sphère étatique. Cette loi propage l’idée fausse que hors de l’Etat il n’est point de salut.

2. Un soutien public direct à un média peut-il nuire à son indépendance et à l'esprit critique de sa rédaction?

Lisa Mazzone: L’indépendance est garantie: la loi fixe des critères objectifs, non pas des contenus. Il n’y a aucune marge de manœuvre pour le gouvernement pour dealer une aide à un média. Et honnêtement, quand on voit que des milliardaires achètent des titres pour faire passer des idées politiques, on comprend que ne rien faire est encore pire.
Félicien Monnier: C’est évident, puisqu’il s’agit pour les deux premiers pouvoirs de financer le «quatrième pouvoir». Cette loi instaure un avertissement permanent et sournois à l’oreille des rédacteurs en chef, selon lequel certains politiques ne doivent pas être trop malmenés parce qu’ils ont soutenu les subventions, et en soutiendront peut-être de nouvelles.
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3. Avec cette campagne, on se retrouve avec une droite qui reproche notamment à la loi d'arroser de grandes maisons déjà bien portantes (comme Tamedia) et une gauche qui défend la loi en invoquant entre autres la pluralité des acteurs ou le fédéralisme. C'est le monde à l'envers?

Lisa Mazzone: La droite a largement soutenu le projet au parlement. Il est même défendu par des membres de l’UDC qui connaissent les difficultés des régions périphériques à obtenir des informations locales. L’aide respecte un principe: plus le journal est petit, plus il sera soutenu. Et chez tous les éditeurs, le journalisme de qualité est en difficulté.
Félicien Monnier: Au contraire! Comme à son habitude, la gauche veut arroser tout le monde, ou presque. Les Chambres ont donc fait un paquet de mesures. L’électeur se retrouve alors perdu. Mais attention: la pluralité des acteurs n’est pas la pluralité des opinions. Et je ne vois pas comment on peut prétendre soutenir le fédéralisme en faisant une centralisation.

4. Les titres gratuits ne sont pas concernés par le paquet d'aide. Comment l'analysez-vous, en sachant qu'en réalité ils sont financés par la publicité (rien n'est gratuit)?

Lisa Mazzone: Si les titres gratuits ont des difficultés financières, c’est normal que, avant de recevoir de l’argent public, ils fassent payer leur contenu. En soutenant les médias pour lesquels les lectrices et lecteurs sont prêts à payer, on garantit que cela répond à une demande. Avec des titres qui s’orientent vers leur lectorat, plutôt que vers leurs annonceurs.
Félicien Monnier: Cela pose un gros problème d’égalité de traitement. Il vient avec cette idée très morale que la gratuité est vulgaire et suspecte. Contrairement aux médias payants (et subventionnés) qui seraient eux seuls autorisés à dénoncer les fake news.

5. Le journalisme vit une période compliquée depuis des années. Outre leur financement, estimez-vous qu'il faut agir sur d'autres plans pour garantir leur survie et leur diversité?

Lisa Mazzone: Absolument. Pour que Google ou Facebook rétribuent les éditeurs, dont ils utilisent le contenu, l’Union européenne a décidé d’agir. Le Conseil fédéral veut à son tour aller dans cette direction. C’est une bonne chose, pour contrer le phénomène de pompage gratuit des articles de presse par les géants du web. Mais cela va prendre plusieurs années.
Félicien Monnier: Il faut stimuler la demande en encourageant l’achat et la lecture, pas stimuler l’offre, qui fera vivre sous perfusion. Ces mesures sont limitées dans le temps. Mais bientôt, il faudra les prolonger parce que des dépendances auront été créées. Ne pas lancer cet engrenage mortifère constitue déjà une aide aux médias à part entière.
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source: musée suisse des transports
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