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Pub religieuse sur un bus TPG: omerta autour de la polémique

La publicité religieuse à l'arrière d'un bus des transports publics genevois (TPG).
La publicité religieuse à l'arrière d'un bus des transports publics genevois (TPG).image: dr

Pub religieuse sur un bus à Genève: omerta autour d’une décision controversée

A six mois des élections cantonales, silence des autorités genevoises, qui entendent prendre leur temps avant de réagir à la publicité religieuse figurant à l'arrière d'un bus, en possible infraction à la loi sur la laïcité.
06.10.2022, 06:1006.10.2022, 08:45
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La publicité religieuse placardée à l’arrière d’un bus des Transports publics genevois (TPG) semble embarrasser les autorités du canton. Cet affichage enfreint-il la loi cantonale sur la laïcité, en vigueur depuis 2018? Le président de Conseil d’Etat, Mauro Poggia, membre du Mouvement des citoyens genevois (MCG), devrait faire connaître sa réaction «d’ici quelques semaines au maximum», communique le service de presse de l’exécutif. Le Centriste (ex-PDC) Serge Dal Busco, chef du Département des transports, l’autorité de tutelle des TPG, se range prudemment derrière le délai présidentiel.

Quant à Céline Amaudruz, la conseillère nationale genevoise UDC, elle se retranche derrière son devoir de réserve pour ne pas s’exprimer sur cette affaire. C’est elle qui, comme présidente du «comité d’éthique» du conseil d’administration de TP Publicité SA, une instance qu’elle préside également, aurait, avec d’autres, donné son aval à la publicité dénoncée par des partisans du respect de la laïcité, indique à watson une source proche dudit conseil. TP Publicité SA est la régie publicitaire partenaire des TPG.

«Rien ne presse...»

«Rien ne presse, il n’y a pas mort d’homme, et puis cette campagne publicitaire, en place depuis près d’un an, prend fin dans trois semaines (réd: le 1er novembre)», relativise un collaborateur du Conseil d'Etat. «Le temps politique n'est pas celui d'un média en ligne», justifie-t-il. Le pouvoir politique serait-il tenté de temporiser? Il doit, nous laisse-t-on entendre, s'accorder du temps pour comprendre pourquoi cette publicité à caractère religieux figure au dos d’un bus des TPG.

Il en va d'une loi et il s’agit de savoir si elle a été respectée ou non. «Tu es le Dieu qui me voit», dit la publicité en question, citant un verset de l’Ancien Testament. Le client est l’Agence C, établie à Lyss, dans le Seeland bernois. Proche des évangélistes, elle achète un peu partout en Suisse des espaces publicitaires de grande dimension (fixes ou mobiles) pour y apposer des messages bibliques. L'Agence C fait œuvre de prosélytisme en ce qu'elle cherche à convaincre des bienfaits comme de la nécessité de croire en Dieu.

Clauses déontologiques

Cela pourra paraître contradictoire avec la loi de 2018 sur la laïcité, les «clauses de déontologie» de TP Publicité SA autorisent la publicité confessionnelle. «L'annonceur doit être une confession ou une église officiellement reconnue selon les critères communément admis en Suisse», dispose l'une d'entre elles.

Les TPG sont-ils vraiment en tort?

Problème: l’Etat de Genève, de même que les établissements de droit public comme les TPG, sont laïques aux yeux de la loi, par-là même tenus d'observer une neutralité en matière religieuse. L’article 3 alinéa 2 leur interdit tout prosélytisme. Or l’affiche de l'Agence C est en soi un acte de prosélytisme, certes apparemment couvert par les clauses de déontologie de TP Publicité SA. Les TPG sont-ils en tort?

La réponse n’est pas évidente, selon l’un des rédacteurs de la loi genevoise sur la laïcité. En effet, si l'espace occupé par la publicité (l’arrière du bus, visible des passants et des usagers de la route) est celui des TPG, l’auteur du message est le client, l’Agence C. Ce qui pourrait dédouaner les TPG, qui ne seraient finalement que le porteur du message, le messager, en quelque sorte.

Les religions, sujet sensible

Mais, ajoute notre source, si un individu ou un groupe d’individus estime que ce sont les TPG qui propagent là un message religieux en infraction à la loi sur la laïcité, alors, ces derniers pourraient être tenus pour les principaux responsables de cet acte de prosélytisme tombant par conséquent sous le coup de la loi.

«A six mois des élections cantonales, l’exécutif cantonal ne veut pas s’avancer sur le sujet sensible des religions», croit savoir un élu genevois qui tient à rester anonyme:

«Ordonner, maintenant, d’ôter cette publicité du bus où elle se trouve, c’est courir deux risques: un, que certains disent que les pouvoirs publics s’en prennent à une publicité chrétienne mais qu’ils n’osent rien faire contre l’islam; deux, se mettre à dos un électorat ayant ou non la foi et qui ne trouve rien de choquant à cette publicité.»
Un élu genevois

Pour l’exécutif genevois, encore un peu plus de trois semaines à «tenir» avant le retrait prévu de la pub selon les termes du contrat. A moins que d’ici là ou par la suite, des explications ne lui soient demandées par les canaux institutionnels existants.

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