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Genève vide ses bureaux pour loger les réfugiés ukrainiens

Genève vide ses bureaux pour loger les réfugiés ukrainiens

Pour la Cité Calvin, l'hébergement des réfugiés est un défi particulièrement difficile à relever. Des bureaux sont désormais transformés en logements pour les familles de réfugiés ukrainiens.
06.11.2022, 11:5206.11.2022, 13:43
Julian Spörri / ch media
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Des lits ont été installés à l'endroit où se trouvaient autrefois les bureaux. De nouveaux murs ont été montés pour créer des chambres à coucher séparées pour trois personnes chacune. Au total, 75 personnes prennent leurs repas dans des salles de réunion transformées en cuisines. Et les installations sanitaires ne se composent plus seulement de toilettes, mais aussi de douches.

Ce sont, par exemple, les changements qu'un bureau de la banlieue genevoise de Lancy a connu. Depuis octobre, l'immeuble accueille, sur deux étages, des réfugiés venus d'Ukraine. Mais ce n'est qu'un début. Au total, le service social genevois – l'Hospice général – créera 600 lits pour les Ukrainiens dans des bureaux d'ici le début de la nouvelle année. Coût des transformations sur les cinq sites: huit millions de francs.

Le système d'asile suisse à bout de souffle

Cette stratégie unique en Suisse est la preuve que les cantons cherchent actuellement, et par tous les moyens, à trouver de nouveaux hébergements pour les réfugiés. En effet, dans le scénario le plus probable, le Secrétariat d'Etat aux migrations s'attend à ce que jusqu'à 18 000 Ukrainiens viennent s'ajouter aux 67 000 déjà accueillis d'ici la fin de l'année. Si la zone de guerre connaît des difficultés d'approvisionnement à l'arrivée de l'hiver, ce nombre pourrait même être nettement plus élevé.

Parallèlement, la Confédération prévoit jusqu'à 24 000 demandes d'asile régulières pour l'année 2022. Les centres d'asile fédéraux sont déjà surchargés, raison pour laquelle les demandeurs d'asile sont répartis entre les cantons plus tôt que prévu.

Les défis pour les cantons sont donc importants – mais pas de la même ampleur partout. «Là où il y a beaucoup d'appartements vides et de terrains disponibles, la recherche de nouveaux logements est plus facile», explique Gaby Szöllösy, secrétaire général de la Conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales. A l'échelle nationale, 7500 places sont encore disponibles dans les structures d'asile cantonales et communales.

«Dans les cantons urbains où le marché du logement est en surchauffe et où il n'y a pas de réserves foncières, comme à Genève par exemple, la situation est en revanche beaucoup plus difficile»

Il n'est pas facile d'y louer des logements. Ainsi, la part des logements vacants à Genève ne s'élève qu'à 0,38% – c'est la deuxième valeur la plus basse de Suisse après Zoug.

Le taux de familles d'accueil disponibles est épuisé

Le fait que l'hébergement des réfugiés ukrainiens dans des familles d'accueil ait atteint son point culminant complique encore la situation. Récemment, à Genève, seules trente nouvelles places ont été trouvées malgré une campagne d'annonces dans les journaux pour 50 000 francs. C'est loin d'être suffisant pour accueillir les quelque 1200 Ukrainiens que le canton prévoit d'accueillir d'ici la fin de l'année.

Genève a donc trouvé son bonheur dans les bureaux en open space. Zahra Dziri, responsable de l'hébergement des personnes bénéficiant du statut de protection S à l'Hospice général, déclare à ce sujet:

«Quand on n'a pas d'autre choix, on innove»

Dziri souligne que les logements dans les bureaux transformés sont réservés aux réfugiés ukrainiens, le Conseil d'État genevois n'ayant autorisé le changement d'affectation que pour la durée de la crise ukrainienne. Les demandeurs d'asile réguliers seront logés dans les hébergements collectifs déjà existants, le service social genevois travaillant à l'augmentation de la capacité d'accueil.

Les nouvelles places créées dans les bureaux réaménagés doivent en premier lieu permettre de reloger les Ukrainiens de la halle d'exposition de Palexpo. Plus de 300 personnes vivent actuellement sur le site qui accueillait autrefois le Salon de l'auto de Genève. Il y aurait certes encore de la place pour environ 400 autres.

Mais le camp de réfugiés de Palexpo – unique en Suisse sous cette forme – est conçu comme un «hébergement d'urgence temporaire» et non pour de longs séjours, explique Dziri. Le fait que les «chambres à coucher» ne soient séparées les unes des autres que par des cloisons en tissu en est la preuve.

La cuisine se fait sans four ni cuisinière

Pour les 75 Ukrainiens qui ont déménagé à Lancy, l'hébergement dans les bureaux réaménagés représente donc une nette amélioration. Certaines restrictions subsistent toutefois. Ainsi, il n'y a ni four ni plaques de cuisson dans la cuisine. «Les conditions de ventilation et de protection contre les incendies ne le permettent pas», explique Dziri. La cuisine se fait donc avec des fours à micro-ondes, des cuiseurs à riz et autres.

La transformation de bureaux en logements dans le canton de Genève a été rendue possible par une modification de la loi en 2015, comme l'explique Bernard Manguin, porte-parole de l'Hospice général. L'objectif premier de ce projet, accepté à l'époque par le peuple, était de créer des logements. Les partisans espéraient la construction d'environ 1500 nouveaux logements, compte tenu des surfaces de bureaux vides dans tout le canton, qui représentent plus de 200 000 mètres carrés.

Sept ans plus tard, le bilan est toutefois plus que mitigé: La ville de Genève, par exemple, n'a autorisé que 300 logements. L'une des raisons de ce succès limité réside probablement dans les obstacles techniques et financiers élevés que pose la transformation. En effet, personne ne voudrait renoncer à un four et à une cuisinière dans son appartement.

Témoignage d'une famille de réfugiés
Video: watson
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