Martin Sellner, 32 ans, originaire de Vienne, est l'une des têtes pensantes de l'extrême droite européenne. Il est le «directeur fédéral» du mouvement identitaire autrichien, ou IBÖ. Ce dernier fait partie de la «nouvelle droite»: il se veut branché, moderne, intellectuel. Mais au fond, Sellner et ses camarades défendent des positions néonazies, incitent à la haine contre les étrangers, les personnes à la peau non blanche, les juifs et les gauchistes.
Actuellement, IBÖ se met en scène comme l'avant-garde des opposants à la vaccination et aux mesures anti-Covid. L'organisation défile avec des banderoles en tête des grandes manifestations à Vienne et dans d'autres villes autrichiennes. Elle place ainsi ses messages dans des médias à forte audience.
Malgré le succès de sa propagande, Sellner a des difficultés financières. C'est du moins ce que laisse supposer un appel aux dons indiqué dans sa newsletter, rendue publique par la «plateforme de recherche sur le mouvement identitaire» et dont l'Argauerzeitung a obtenu une copie.
Le compte sur lequel on peut verser de l'argent à Sellner est enregistré auprès de Postfinance, comme le montre une vérification du numéro de compte. Interrogé, l'établissement financier ne veut pas s'exprimer sur le «cas concret», invoquant le secret bancaire. Un porte-parole explique:
Les comptes bancaires de Sellner sont régulièrement bloqués. Depuis l'automne 2017, cela s'est produit 37 fois, selon les indications du principal intéressé. La raison de la démarche des banques est probablement, outre le préjudice de réputation, la crainte de complications juridiques.
En effet, en mai 2019, il a été révélé que Sellner avait reçu, l'année précédente, un don de 1500 euros de la part de Brenton Tarrant, à la suite duquel Sellner a échangé des e-mails avec ce dernier. Tarrant, pour rappel, a ensuite tué 51 personnes lors de l'attentat contre deux mosquées à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en mars 2019. La justice autrichienne a, toutefois, classé sans suite, en 2021, une enquête contre Sellner pour participation à une organisation terroriste.
Les plateformes YouTube, Twitter, Facebook et Instagram, sur lesquelles il atteignait plusieurs dizaines de milliers de followers aux meilleurs moments, ont également bloqué Sellner pour violation de leur règlement d'utilisation. Désormais, il est surtout actif sur Telegram.
Adapté de l'allemand par jah