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Politique

Les sœurs Dittli ont ébranlé la politique suisse

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Les sœurs Valérie et Laura Dittli se ressemblent - dans leur manière d'être, leur apparence et leurs ambitions. Mais elles ont aussi des différences.image: keystone

Politique, sacrifices, féminisme: les sœurs Dittli ont ébranlé la Suisse

Les sœurs Dittli font sensation en tant que jeunes politiciennes suisses. Elles expliquent à watson les problèmes auxquels elles sont confrontées, ce qu'elles pensent du féminisme et pourquoi elles n'ont pas intégré le parti des Verts.
08.10.2022, 08:07
Elena lynch
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Les sœurs Valérie et Laura Dittli forment un des duos les plus passionnants de la politique suisse. Elles sont jeunes, ont fait des études de droit, sont membres du parti du Centre et siègent depuis peu dans un gouvernement cantonal.

Valérie, 30 ans, a été élue au printemps dernier conseillère d'Etat dans le canton de Vaud - sans avoir jamais exercé de mandat politique. Depuis 100 jours, elle préside le Département des finances et de l'agriculture.

Laura, 31 ans, est conseillère cantonale dans le canton de Zoug depuis qu'elle a 22 ans. Dimanche, elle a été élue conseillère d'Etat. A partir de janvier, elle dirigera le Département de la sécurité.

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Laura et Valérie Dittli apparaissent souvent en duo.image: keystone

Avec leurs visages ronds et leurs cheveux blond foncé, les sœurs ressemblent aux deux protagonistes du film «Das doppelte Lottchen». Le Schweizer Illustrierte les a surnommées «Die doppelten Dittlis» (les doubles Dittli).

Mais ce n'est pas seulement leur apparence qui est similaire, leur manière d'être l'est aussi. Les descriptions que l'on trouve dans les médias concernent toujours les deux. Elles sont considérées comme extraverties et ambitieuses. Elles se donnent à 100%.

Elles ont appris à «mettre la main à la pâte» dans la ferme où elles ont grandi à Oberägeri, dans le canton de Zoug. Voilà ce que l'on entend sur les deux soeurs. Dans leur enfance, elles étaient inséparables: leurs igloos (en hiver) étaient toujours proches l'un de l'autre, tandis que celui de leur frère Dario était un peu à l'écart.

Leurs chemins se sont séparés lorsqu'elles sont entrées au lycée. Laura est allée à Zoug. Valérie à Menzingen.

Ensuite, leurs chemins se sont à nouveau rejoints. Elles ont étudié le droit à Lucerne et ont obtenu leur master en Suisse romande. Laura à Neuchâtel. Valérie à Lausanne. Toutes deux sont devenues des politiciennes; toutes deux président le parti du Centre dans leur canton de domicile.

Leurs biographies semblent identiques. Pourtant, il y a des différences - en tant que sœurs, elles sont les mieux placées pour savoir lesquelles. Watson leur a téléphoné pour savoir ce qu'elles pensent l'une de l'autre. Valérie nous parle de Laura et Laura de Valérie.

Ce qu'elles disent de:

Leur politisation

Valérie:

«Enfants, la vie à la ferme était merveilleuse, mais ce n'était pas toujours le cas pour nos parents. Voir la quantité de travail que notre père fournissait pour produire un litre de lait - et le peu d'argent qu'il en tirait en raison du faible prix du lait - nous a marqués politiquement. Nous avons développé un grand sens de la justice - et nous nous en inspirons dans notre travail juridique et politique.»

Laura à propos de Valérie:

«Il y a toujours eu des expériences dans sa vie qui l'ont politisée: grandir dans une ferme ou son arrivée en Suisse romande par exemple. Elle veut que les paysannes et les paysans se portent mieux et que la Suisse romande et la Suisse alémanique se comprennent mieux. Valérie pense que la langue est la transmission de notre culture, et qu'il faut simplement connaître celle de nos concitoyens. L'anglais, ça ne va pas du tout.»
Die neu gewaehlte Zuger Regierungsraetin Laura Dittli von der Mitte-Partei anlaesslich der Zuger Gesammterneuerungswahlen vom Sonntag, 2. Oktober 2022 in Zug. (KEYSTONE/Urs Flueeler).
Enfant, elle voulait devenir fleuriste: Laura Dittli après son élection comme conseillère d'Etat zougoise.image: keystone

Leur parcours

Valérie à propos de Laura:

«Laura s'est engagée dans le canton d'où elle vient. Elle a fait partie de nombreuses associations dans la vallée d'Ägeri. Elle a d'abord fait partie de l'association des musiques de jeunes, puis elle a fait de la musique d'harmonie et a fait partie d'un groupe de guggenmusik. Lorsqu'elle est partie un an à Neuchâtel pour ses études, les répétitions de musique du mercredi soir lui ont manqué. Elle était très impliquée dans la ville et le canton de Zoug. A 22 ans, elle est devenue conseillère cantonale. Cela a encore renforcé son enracinement à Zoug.»

Laura à propos de Valérie:

«Valérie s'est engagée là où elle était. Elle a surtout été active en dehors d'Ägeri dans des institutions de formation: au collège, elle gérait le kiosque de la récréation, au lycée, elle a été présidente du conseil des élèves, à l'université, elle a fait partie du conseil des étudiants. Après son master, elle a obtenu un poste d'assistante à Lausanne et a fait son doctorat là-bas. Elle y est finalement restée. J'ai toujours pensé qu'elle reviendrait: après le master, après le doctorat. Quand elle a été élue conseillère d'Etat en avril, je lui ai dit: "Maintenant, tu ne reviendras plus".»

Leur personnalité

Valérie à propos de Laura:

«Laura sait mieux prendre ses distances que moi. En d'autres termes: elle peut vivre avec le fait de ne pas plaire à tout le monde. Elle a peut-être appris cela en politique. Après tout, elle est plongée dans le milieu depuis plus longtemps que moi. En tant que politicienne, on doit toujours prendre des décisions avec lesquelles tout le monde n'est pas d'accord. Malheureusement. C'est parfois difficile pour moi.»

Laura à propos de Valérie:

«Après nos études de droit, nous avions deux possibilités: être juge ou avocate. J'ai toujours pensé que Valérie deviendrait juge et que dans ce rôle, elle veillerait à ce qu'il y ait toujours une solution satisfaisante pour tous. Cela aurait correspondu à son grand sens de la justice. J'ai aussi cette exigence, mais en tant qu'avocate, j'ai l'habitude de devoir prendre parti. Cela m'aide en politique, où l'on a toujours des adversaires.»
La conseillere d?Etat vaudoise Valerie Dittli parle lors de la presentation devant la presse du projet de budget du canton de Vaud pour 2023 ce jeudi 22 septembre 2022 a Lausanne. (KEYSTONE/Laurent Gi ...
Valérie Dittli aime satisfaire tout le monde.image: keystone

Leur parti

Valérie à propos de Laura:

«La Vespa et les ongles de Laura sont orange. Et elle a travaillé à la Migros pendant ses études - c'est dire si elle aime la couleur orange. (rires) Mais elle a rejoint Le Centre pour d'autres raisons. Le parti fait de la politique orientée vers les solutions et ne se range pas obstinément derrière un point de vue. Il fait face à la réalité. Cette approche est parfois interprétée de manière négative: "On va selon le vent". Mais je trouve que l'on n'avance pas si l'on se cache derrière une idéologie. Laura est du même avis.»

Laura à propos de Valérie:

«Valérie est au Centre parce que le parti est orienté vers les solutions et essaie de construire un pont entre des opinions plus extrêmes. Cela lui correspond. Pourquoi elle n'est pas chez les Verts si l'agriculture est si importante pour elle? (rires) La politique agricole des Verts est avant tout une politique environnementale et climatique. Mais Valérie a aussi d'autres préoccupations: Les familles paysannes doivent et peuvent aussi pouvoir vivre de leur travail, par exemple.»

Leur féminisme

Valérie à propos de Laura:

«Laura a déclaré au Tagesanzeiger qu'elle ne se qualifiait pas de "féministe", car ce mot a pour elle une connotation trop négative. Cependant, elle s'engage fortement pour la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale. Pour cela, elle préfère travailler concrètement plutôt que scander des slogans sur une place. Lorsqu'il s'agit de féminisme, j'aime évoquer l'une des premières femmes juristes de Suisse: Emilie Kempin-Spyri. Sans elle, Laura et moi n'aurions pas pu étudier le droit. C'est pourquoi je pense que nous devons nous aussi nous engager pour les nôtres. Et c'est ce que nous faisons.»

Laura à propos de Valérie:

«Je ne qualifierais ni Valérie ni moi-même de féministes. Je trouve que "féminisme" est un mot à connotation plutôt négative. Valérie veut être un modèle pour les femmes qui désirent s'engager en politique. Et elle s'engage pour les femmes en voulant faire avancer la conciliation de la vie familiale et professionnelle. Je pense que c'est une erreur de considérer cela comme une cause purement féministe, car elle concerne toute la société.»

Leur sacrifice

Valérie à propos de Laura:

«Un tel poste implique de nombreux changements: on est en contact avec d'autres personnes, on se trouve dans d'autres endroits et on traite d'autres sujets. C'est passionnant. Mais à 31 ans, Laura devra quitter son travail d'avocate, pour lequel elle a tant fait. L'examen d'avocate lui a demandé un réel effort. Et peut-être qu'elle devra aussi faire des concessions par rapport à certaines associations.»

Laura à propos de Valérie:

«Lorsque j'ai été élue au Conseil cantonal à 22 ans, un homme plus âgé m'a dit qu'il était désolé pour moi parce que j'allais perdre mon indépendance. En effet, j'ai eu beaucoup de responsabilités dès mon plus jeune âge. J'ai commencé à rédiger des déclarations au lieu de regarder Netflix. Mais j'étais reconnaissante de cette confiance - et je le suis toujours aujourd'hui. Valérie a été entourée de nombreux jeunes pendant son temps passé dans un cabinet d'avocats et son doctorat à l'université. Aujourd'hui, elle évolue dans des structures où de nombreuses personnes ont 20 ans de plus qu'elle. Elle ressent ce changement. Elle m'a dit un jour qu'elle traînait de plus en plus avec des "adultes". (rires)»
Valerie Dittli, future conseillere d'Etat vaudoise (gauche), est photographiee aux cotes de Vassilis Venizelos, Frederic Borloz, Isabelle Moret, Nuria Gorrite, Rebecca Ruiz et Christelle Luisier  ...
Valérie Dittli est de loin la plus jeune du gouvernement vaudois.image: keystone

Leurs conseils

Valérie à propos de Laura:

«Il y a une chose que j'ai remarquée au cours de mes 100 premiers jours de mandat: Il faut prendre du temps pour soi, pour sa famille et ses amies. Sinon, cela peut vite devenir trop lourd. Mais Laura le sait aussi. Elle a toujours eu une vie bien remplie: études, travail, association, politique. Elle est habituée à avoir de nombreuses occupations en même temps.»

Laura à propos de Valérie:

«Valérie a un bon contact avec les gens. Elle s'en servira certainement en tant que conseillère d'Etat. Après tout, elle a sous ses ordres une équipe de 1 500 collaborateurs. Ce qui est également utile, et que j'ai pu apprendre au cours des huit dernières années en tant que conseillère cantonale, c'est d'entretenir des relations de qualité au-delà des frontières des partis. Et s'il y a de la résistance, je lui conseille de mettre les opposants dans le coup pour qu'ils aient leur mot à dire. Le mécontentement survient généralement lorsqu'on ne se parle pas.»

Traduit de l'allemand par Léon Dietrich

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