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Thomas Süssli: «La Suisse doit s'entraîner au combat urbain»

Thomas Suessli, Chef der Schweizer Armee, portraitiert am 6. Mai 2020 in seinem Buero im Bundeshaus Ost in Bern. (KEYSTONE/Christian Beutler)
Thomas Süssli est à la tête de l'armée depuis le 1er janvier 2020.Image: KEYSTONE

«En Suisse, nous devons nous entraîner au combat urbain»

De passage dans le canton de Vaud, le chef de l'armée Thomas Süssli a évoqué avec watson l'impact de la guerre en Ukraine sur la doctrine et la formation de l'armée, mais aussi l'importance de l'innovation et le développement des drones.
13.03.2023, 06:2116.03.2023, 14:47
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Voici maintenant un an que la guerre fait rage sur le continent européen et que les armées de Vladimir Poutine se sont lancées sur le territoire ukrainien. Tant de questions que l'on pensait reléguées au passé ont ressurgi au regard des flammes qui dévorent Bakhmout et Marioupol — y compris en Suisse: la réexportation d'armes de fabrication helvétique, des discussions âpres sur la neutralité et le vote de budgets conséquents pour l'armée suisse.

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Dans ce mic-mac, on trouve: de la politique, de la diplomatie, et évidemment du militaire. De passage à Crissier, à l'occasion d'une rencontre avec les milieux économiques vaudois, le chef de l'armée Thomas Süssli s'est entretenu avec watson au sujet des changements qui agitent l'institution depuis le début de la guerre.

Thomas Süssli
Premier «civil de formation» à être à la tête de l'armée, le commandant de corps Thomas Süssli est en fonction depuis le 1er janvier 2020. Son action a rapidement été liée à l'engagement de militaires durant la pandémie de Covid et à la menace d'une guerre en Europe après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Thomas Süssli
Thomas Süssli à Crissier.dr / ddps

Les combats d'artillerie, de chars ou d'infanterie reviennent au cœur des discussions. Avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, c'était plutôt le développement de la cybersécurité qui était sur toutes les lèvres. Qu'est-ce que cela représente pour l'armée?
Thomas Süssli: Pour nous, il a toujours été clair que l'aspect «cyber» ne remplace par les menaces conventionnelles, mais les rend plus dangereuses.

«En cela, nos buts n'ont pas changé»

Du reste, l'armée suit des objectifs clairs pour les dix ans à venir, qui ont été définis ces dernières années et qui concernent l'espace aérien et les forces terrestres, ainsi que le développement «cyber», dont les buts ont étés posés en 2022. Il s'agit aussi en parallèle de maintenir les capacités actuelles en place: l'artillerie et les chars de combat, notamment. L'armée a toujours maintenu que ces éléments étaient essentiels. Tactiquement, la combinaison de la gestion du feu, du mouvement et de la protection des troupes s'est avérée une stratégie payante, en Ukraine.

«Mais il faut les mettre au goût du jour et y rajouter les innovations actuelles»

Quels sont les principaux enseignements pour l'armée depuis le début de ce conflit?
L'importance de la gestion des stocks et de l'approvisionnement en matériel, ainsi que l'innovation et la numérisation de l'armée, qu'il faut accélérer. Cela a permis à l'Ukraine de mettre sur pied une stratégie défensive efficace, qui a porté ses fruits.

Quel est l'impact sur la doctrine et la formation?
L'idée est la suivante: les grandes armées ont leur place dans les plaines et les campagnes, et les petites armées dans les villes. C'est la tendance. On voit en Ukraine que les combats les plus violents, comme à Bakhmout, ont lieu dans les villes.

«En Suisse, dans les prochaines années, nous allons entraîner et améliorer le combat en zones urbaines»

L'armée peine à séduire certains jeunes et anticipe un manque de personnel d'ici à la fin de la décennie. Avez-vous remarqué un regain d'intérêt pour l'institution depuis que cette guerre fait rage?
Oui, il y a une revalorisation de l'image de l'armée au sein de la population. On valorise à nouveau le service militaire et l'intérêt des jeunes lors du recrutement a augmenté.

«Au début de l'invasion, il y a une année, des gens dans la rue disaient merci aux jeunes en uniforme qui se rendaient aux casernes»

Beaucoup de citoyens s'intéressent désormais au fonctionnement de l'armée et à ce qui s'y passe. Cet intérêt est positif et nous permet de mettre en avant ce qui rend l'armée attractive pour les jeunes: faire des expériences, la camaraderie, l'aspect challenge et aventureux et pour les cadres, pouvoir prendre des responsabilités. Et puis, simplement, faire quelque chose au profit de la sécurité de la Suisse.

Vous êtes venu mercredi parler au secteur privé et au tissu économique local. Pourquoi?

«Le lien entre le secteur privé et l'armée est essentiel pour l'innovation et le développement de nouvelles technologies»

Et, pour revenir à l'intérêt que les jeunes peuvent avoir envers l'armée: nous voulons faire certifier un maximum de compétences acquises à l'armée dans le civil. C'est par exemple quelque chose que nous allons mettre en place avec les pilotes de drones.

A propos de drones: on en voit de plus en plus utilisés sur le champ de bataille, en Ukraine. Où en est l'engagement de ces appareils au sein de l'armée?
Les drones ont des applications différentes. On peut les utiliser comme «senseurs», pour faire de l'observation et du repérage, comme le système Hermès-900, que l'armée utilise déjà. Ce sont de gros appareils pilotés comme de petits avions. Ensuite, il y a les petits et les micro-drones. Ils sont utilisés à l'échelle d'une compagnie ou d'une section pour faire de l'observation. Nous disposons de deux centres de développement pour les drones et la robotique, un au sein d'Armasuisse, et un au sein de l'armée.

«Nous voulons développer ces technologies et leur utilisation au plus vite»

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Vous avez parlé d'appareils d'observation. Et les drones armés?
Nous partons du principe que d'ici à cinq ou dix ans, ce type de drones sera la norme dans un grand nombre d'armées.

«Mais ces appareils seront toujours pilotés ou assistés par un humain, qui engage le drone puis prend la décision finale de tirer»

Ce n'est pas une intelligence artificielle qui décidera, mais l'humain qui presse la détente — ou un bouton.

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