Les fortes chaleurs rendent l'eau encore plus précieuse, car de plus en plus demandée, et donc rare. Certaines communes interdisent actuellement à leurs résidents d'arroser leurs alentours. Il n'en demeure pas moins que certaines des villes pratiquant ces interdictions continuent d'entretenir les espaces verts en eau du Léman. Lac qui sert également de source (majoritaire)... à l'eau potable disponible dans les foyers, car les sources et la nappe phréatique s'assèchent.
Or, comme l'a expliqué à 24 heures Pierre Wahlen, municipal de l’Environnement à Nyon, bien que provenant toutes deux du Léman, «ce sont deux eaux différentes»: celle qui arrive dans les ménages a été traitée, celle qui sert d'arrosage dans les parcs non – et elle a été captée à proximité. «Les réseaux sont complètement indépendants», pointe-t-il.
Permettre aux ménages d'utiliser l'eau du lac pour arroser leur jardin demanderait la construction de nouvelles canalisations et donc beaucoup de travail. Et d'argent: à Nyon, «la production d’un mètre cube d’eau du lac coûte entre 26 et 27 centimes en frais de traitement notamment, alors qu’elle est proche de zéro quand elle vient des sources», note le journal vaudois. Qui mentionne cependant des projets lancés autour des lacs de Neuchâtel et de Morat.
Le chantier du Vengeron, à l’entrée de Genève, est en cours et déjà bien avancé. Selon Le Temps, le projet GeniLac, plus grand réseau hydrothermique du canton, devrait permettre à celui-ci de réduire sa consommation d’électricité de 70 GWh par an. Soit 3% de la consommation d'électricité de toute la Suisse en 2021, selon les chiffres officiels de la Confédération. La pose des conduites lacustres a débuté en juillet.
La station de pompage servira à puiser de l'eau du lac pour produire de l'énergie permettant de climatiser des bâtiments en été et de les chauffer en hiver. D’ici 2045, 350 bâtisses devraient en profiter, contre 9 actuellement. Et pas des moindres: le Palais des Nations dans son (gigantesque) ensemble et un grand nombre d’organisations internationales sont notamment concernés.
L'Union européenne co-finance ce projet, à la fois en le subventionnant et en étant l'un de ses grands mandataires. Coût total des investissements des Services industriels de Genève (SIG), à l'origine de cette démarche: 800 millions de francs. Celle-ci représente un événement en République genevoise et à l'échelle des Confédérés, tant en termes d'utilisation de ressources locales que de source d'énergie renouvelable.
Quant aux lacs des barrages, ils constituent de riches réservoirs d'eau pour les communes alpines qui en sont propriétaires et qui devront renouveler leurs concessions ces prochaines années et décennies. La question de la propriété des installations hydrauliques, première source d'énergie renouvelable en Suisse, se fait cruciale à l'heure des tensions internationales et du changement climatique.
D'autant qu'à cause de ce dernier, les précipitations, principale origine de l'eau des barrages, se feront de plus en plus concentrées et arriveront de plus en plus tôt dans l'année. Les installations devront donc s'y adapter. On l'aura compris: si l'or bleu est bien présent dans le pays, son exploitation n'est pas des plus simples.