Ceux qui ont voulu se fier au radar des précipitations et aux prévisions météorologiques ces derniers jours l'ont certainement remarqué: il n'est de loin pas toujours possible de prédire avec précision où et quand des orages et de fortes pluies se produiront en Suisse. Jusqu'à présent, les conséquences ont été relativement bénignes: quelques pots de fleurs et parasols ont été retournés. En soi, rien de catastrophique.
Les prévisions météo de la semaine dernière constituent un exemple frappant de ce temps imprévisible et changeant: mercredi soir, le météorologue suisse Thomas Bucheli expliquait, à la télévision, que la situation de pression était «plate», ce qui permet la formation de cellules orageuses.
Selon le présentateur, celles-ci disparaîtraient dans le courant de la nuit. Un coup d'œil sur le radar de pluie à minuit indiquait également que le risque de précipitations était passé.
Pourtant, ces prévisions se sont avérées fausses: quatre heures plus tard, selon le radar de pluie, une cellule orageuse violette a traversé le Plateau, apportant des précipitations intenses allant jusqu'à 60 mm par heure et des vents violents. Plusieurs personnes se sont réveillées au son des éclairs et du tonnerre et ont pu assister à la dévastation de leurs balcons et de leurs jardins.
Pourtant, la faute n'incombe ni à une erreur d'appréciation de Thomas Bucheli ni à une simulation erronée des modèles météorologiques.
La raison de l'imprécision des prévisions de précipitations réside dans la nature même des cellules orageuses: elles sont, avec la formation de brouillard, l'événement météorologique le plus difficile à prévoir, comme l'explique Christophe Voisard de l'Office fédéral de météorologie (MétéoSuisse) dans un entretien avec watson.
Ces deux phénomènes météorologiques sont liés à l'humidité dans les masses d'air. Laquelle est l'un des facteurs de prévision les plus importants avec:
Mais c'est surtout l'inconnue la plus difficile à modéliser: l'endroit et le moment où les masses d'air humide montent et descendent et se rassemblent en cellules orageuses se décident très localement et à court terme.
En météorologie, on parle de «systèmes chaotiques», en référence à la théorie du chaos en mathématiques. Dans le langage courant, elle est connue sous le nom d'«effet papillon» (Butterfly Effect). Selon ce dernier, le moindre changement météorologique à un endroit - par exemple le battement d'ailes d'un papillon à Bâle - pourrait avoir des répercussions dans le monde entier et provoquer des tornades au Texas. La comparaison n'est pas exacte, car les événements météorologiques mondiaux sont comparativement «stables». Mais elle convient en météorologie, car des régions de petite taille comme la Suisse peuvent connaître des évolutions chaotiques.
Selon Christophe Voisard de MétéoSuisse, l'Office fédéral de météorologie et de climatologie tente de calculer de telles évolutions météorologiques à l'aide d'un modèle à maillage serré de la Suisse. Son nom: le Cosmo-1E.
Dans ce modèle, l'ensemble de la Confédération est divisé en cellules d'environ un kilomètre de côté, dans lesquelles la météo est prévue.
Quelque peu désabusé, Christophe Voisard reconnaît que: «Les modèles ont du mal avec des facteurs importants comme l'humidité de l'air. Pour simplifier, le découpage en un carré d'un kilomètre de côté est trop grossier pour calculer de manière fiable les évolutions locales décisives». En d'autres termes, les changements ultra fins ne sont pas pris en compte par les modèles actuels.
Ces prévisions sont certes actualisées toutes les trois heures, mais c'est trop peu pour les «effets à micro-échelle». Christophe Voisard a lui-même observé comment ces jours-ci, en un après-midi, les prévisions de précipitations ont complètement changé à plusieurs reprises.
Toutefois, il souligne que cela n'est pas central pour les alertes météorologiques: «Dans certaines situations météorologiques, nous ne pouvons pas toujours dire où exactement une cellule orageuse va se former. Nos modèles révèlent toutefois où il y a un danger». Cela conduit la Confédération à avertir d'un «danger possible».
A cela s'ajoutent les «alertes flash», qui se basent sur les données en temps réel des radars de précipitations. Les algorithmes sont alimentés minute par minute par les données de pluie et les observations. Si un orage de courte durée est détecté, un avertissement est envoyé via l'application de MétéoSuisse.
(traduit et adapté de l'allemand par mbr)