La semaine dernière, je vous laissais sur un flan (moche, mais bon) et mes doutes. Mais je me sens prête à entamer cette nouvelle semaine de boycott des supermarchés avec davantage de sérénité.
Moi qui pensais écrire une petite chronique légère sur mes nouvelles habitudes de citadine écolo, je me suis trompée. Lundi, les réactions aux aventures de «Marinette sans supérette» ne tardent pas à pleuvoir - et elles ne sont pas bonnes. Attention, ça pique!
Manifestement, «Février sans supermarché» revêt un caractère politique hautement sensible. J'ai plus droit à l'erreur!
Mardi midi: le ventre qui gargouille et pas le temps de rentrer pour cuisiner. De toute façon, le frigo est vide et il me faut attendre mercredi pour refaire des stocks de légumes au marché.
Forcée de faire une croix sur les fantastiques sandwichs de Manor Food, l'estomac dans les talons, je me mets en quête d'une solution rapide et efficace.
Mon choix se porte sur une petite boutique indépendante de spécialités japonaises, qui propose notamment des barquettes faites maison à l'emporter. Parfait! Combiner Asie et commerce local, fallait le faire.
Pour être un parfait écolo, mieux vaut avoir du temps. Et, surtout, de l'argent. Quand vos horaires de travail vous empêchent de courir à l'autre bout de la ville pour dégoter une laitue chez un maraîcher, voilà une solution miracle: la livraison à domicile.
Il existe pléthores de sites de livraison de paniers de légumes à Lausanne. Encore l'un des avantages de vivre en ville - je peux vous assurer que dans la région où j'ai grandi, autant se laisser crever de faim que d'oser demander à un paysan de livrer vos petits légumes sur le seuil de votre porte.
Mon choix se porte sur un site qui a l'immense avantage de livrer le jour même, à condition de passer commande avant midi. A ma bonne surprise, l'offre est vaste (majoritairement des légumes vaudois) et le prix tout à fait raisonnable.
...dans mon panier (électronique), le montant s'élève à 17 francs.
Sauf qu'au moment de passer commande, c'est le drame. Montant minimum: 60 francs. Non, mais, je ne vais quand même pas acheter douze kilos d'épinards pour atteindre la somme requise!
Il existe donc une seconde condition à la livraison: être riche. Très riche.
Mais comme j'ai foutrement envie de ma salade du soir, je me résous à trouver de quoi gonfler la facture. Ben tiens: cette magnifique bouteille d'huile d'olive design fera l'affaire. Elle donnera très bien sur mon plan de travail. Hop, voici 55 francs dépensés pour un condiment que je possède déjà en litres à la maison.
C'est quand même pas donné, 70 balles, pour la seule satisfaction de ne pas bouger ses fesses du canapé.
Mercredi, ô joie! retrouvailles émues avec les étals des marchands et la perspective de faire mes courses facilement. Certains commerçants me reconnaissent (rebonjour ce jeune homme qui m'invite une seconde fois chez lui pour «cuisiner»).
Auprès d’une adorable productrice de légumes bio qui a l'âge de ma grand-maman (et qui me surnomme déjà en riant «Marine la coquine»), je déniche la perle rare, mon fantasme absolu depuis le début de ce challenge.
Encore une pénurie que j'aurais pu (dû?) prévoir. La fin de mon tube se profile dangereusement et me voilà flanquée d'un sentiment d'angoisse à l'idée de me balader avec une haleine putride.
Je lance un appel à l'aide sur la page Facebook de «Lausanne sans supermarché». Les réponses sont intéressantes - mais visiblement, tout le monde n'est pas d'accord.
Excellent. Quitte à relever un énième défi, je vais apprendre à fabriquer mon dentifrice.
Cinq minutes plus tard, je tape des mots que je n'aurais jamais pensé écrire sur un moteur de recherche.
En fait, il serait étonnamment facile de fabriquer son Colgate maison. Seuls trois ingrédients sont nécessaires:
La base, quoi. Samedi, je profite donc d'un week-end à Zurich pour me lancer à l'assaut des nombreuses drogueries de la ville.
Il faut vraiment que j'arrête de m'auto-mettre des bâtons dans les roues. La preuve:
J'ai déniché tout ce qu'il me faut. Pour la modique somme de 30 francs, quand même. J'espère qu'avec ça, j'aurai de quoi me brosser les dents un moment.
Le lendemain, jour du Seigneur (et j'ai sans doute besoin de son aide pour accomplir mes mélanges bizarres sans m'empoisonner), je me jette dans mes préparations avec l'impression d'être Merlin l'enchanteur.
Mes dents sont-elles condamnées à se déchausser avant le mois de mars? Verdict dans le prochain épisode.
A dimanche prochain!