Tous les 100 000 ans, l'Aar subit une crue extrême. Si elle devait survenir, les sites de diverses centrales nucléaires et d'autres infrastructures critiques seraient inondés sous plusieurs mètres d'eau. Non ce n'est pas le scénario d'un film catastrophe, mais bien une étude de la très sérieuse Administration fédérale. Le but? Que tout le monde se prépare au mieux à un tel événement.
Le bassin versant de l'Aar, qui représente 43% du territoire suisse et comprend certaines des régions urbaines les plus densément peuplées du pays. Il ressort de la simulation réalisée qu’un épisode de précipitations extrêmement rare pourrait gonfler les débits à plus de 7000 m3/s avant la confluence de l’Aar et du Rhin, soit 12 fois le débit moyen.
L'étude prend en compte divers facteurs susceptibles d’influencer le débit de la rivière, comme des glissements de terrain, le blocage des ponts par des débris flottants, l'érosion des berges, la défaillance de digues ou encore une erreur humaine dans la régulation des ouvrages d’accumulation.
En cas d'inondation extrêmement rare, les centrales nucléaires de Beznau et Gösgen seraient submergées d'environ 1,1 mètre, et le site de la centrale nucléaire de Mühleberg, à l'arrêt, serait également inondé de près d'un mètre.
Le site de l’Institut Paul Scherrer à Villigen et les environs de la gare d'Olten, en revanche, ne seraient inondés que si les ponts étaient bloqués par des débris flottants. Dans ce cas, la gare d'Olten, carrefour d’importantes infrastructures de transports, se retrouverait jusqu'à 3,1 mètres sous l'eau.
Selon l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire rassure: les centrales sont déjà suffisamment préparées à de tels événements. Les exploitants des centrales sont, néanmoins, invités à réviser leurs analyses de sécurité sur la base de la nouvelle étude.
L’Office fédéral de l'énergie (Ofen), pour sa part, exigera des exploitants d’ouvrages d’accumulation placés sous surveillance fédérale de contrôler, à la lumière des nouvelles connaissances, la conformité des ouvrages en cas de crues.
Des simulations similaires doivent être appliquées aux bassins versants d'autres grands cours d'eau. Les résultats seront mis à la disposition des autorités compétentes et des exploitants d'installations dans le but de revoir, voire d'améliorer la protection contre les crues. (jah/ats)