«A Anne, douze ans, il a envoyé des photos d’un pénis en érection avant de proposer 800 francs pour un week-end avec elle.» Une enquête des journaux de Tamedia dévoile plusieurs affaires judiciaires qui concernent des hommes suisses. Des utilisateurs qui profitent des failles d'une messagerie qui s'appelle Kik. Manifestement idéale pour draguer et abuser d'ados et de jeunes adultes.
La messagerie Kik, dont 70% des usagers sont des adolescents ou de jeunes adultes, abrite quelque 300 millions d’utilisateurs dans le monde. Une plateforme qui appartient à la société américaine MediaLab. Sur cet appli, on peut discuter, avec des gens qu'on connaît, mais pas seulement.
Contrairement à WhatsApp ou Telegram, pas besoin de montrer patte blanche pour y entrer. Un simple e-mail anonyme suffit. Une légèreté qui a, forcément, attiré les prédateurs. Les journaux de Tamedia rappellent que, aux Etats-Unis, «le magazine Forbes a recensé un nombre énorme de cas d’exploitation sexuelle sur des enfants à travers Kik. Idem en Grande-Bretagne, où la BBC évaluait à 1100 le nombre de cas d’abus sexuels sur des mineurs qui impliquent un contact par Kik».
L'enquête menée révèle en effet que l'une des procédures en cours concerne un ancien secrétaire communal saint-gallois. Il est accusé de pornographie et d'actes d'ordre sexuel avec des enfants. Un acte d'accusation qui «recense plus de 25 victimes présumées que l'homme aurait contactées pour la plupart par le biais de la messagerie Kik», explique l'enquête. Il comparaîtra devant la justice en août prochain.
Pour comprendre à quel point cette messagerie est simple d'utilisation pour des hommes aux objectifs malveillants, les journalistes ont créé un faux profil. Celui d'une jeune fille de quatorze ans.
Interrogée sur les dangers que peuvent rencontrer les mineurs, la plateforme n'a pas répondu à Tamedia. Les journalistes rappellent que plusieurs cantons ont enquêté sur des affaires de pédophilie impliquant la messagerie américaine. (ats/fv)