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Présidentielle 2022

Présidentielle 2022: Ces Suisses qui militent pour Zemmour

Nicolas Rivard, porte-parole de Reconquête pour la Suisse et le Liechtenstein
Nicolas Rivard, avocat à Sion (VS), porte-parole de «Reconquête» (le parti d'Eric Zemmour) pour la Suisse et le LiechtensteinImage: Keystone / Montage watson
Présidentielle 2022

«Zemmour est notre dernière chance», ces Suisses qui militent pour le «Z»

Nicolas, Roxanne* et Olivier habitent en Suisse et voteront Eric Zemmour à la présidentielle française le 10 avril prochain. Attachement à la civilisation, sensibilité de droite, déception à l'égard des Républicains: ils se livrent à watson sur les raisons de leur engagement.
21.02.2022, 05:4721.02.2022, 09:23
Jonas Follonier
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Ils habitent en Suisse, ont entre 30 et 41 ans et ont tous trois choisi de rejoindre le parti d'Eric Zemmour, Reconquête, pour le porter à la course à la présidentielle française. Membres de la section suisse du mouvement, section qui a tenu sa première assemblée ce jeudi à Martigny (VS), Nicolas, Roxanne* et Olivier racontent à watson leur parcours et leurs motivations, à moins de deux mois avant le premier tour, où ils glisseront l'enveloppe Z dans l'urne.

Nicolas, 41 ans, avocat, ancien Les Républicains

Nicolas Rivard a longtemps été adhérent de la droite française dite «classique». Membre des Républicains depuis la création du parti (alors estampillé «UMP») en 2002, il fait déjà de la politique à la fac, dans les rangs de l'UNI, «le seul syndicat étudiant de droite», fondé par le général de Gaule en réaction aux événements de mai 68. De simple militant, il devient responsable de la section d'Aix-en-Provence, puis élu national auprès du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Il déménage alors à Paris et fait la campagne de Sarkozy en 2007. «C'est là que les portes s'ouvrent», explique Nicolas Rivard. Manquant de peu un travail dans un cabinet ministériel, il se retrouve secrétaire national de l'UMP de 2012 à 2014. Après, il rencontre sa femme, une Valaisanne, et la suit dans son canton, en Suisse. L'avocat de profession doit faire prendre son affaire dans sa nouvelle ville, Sion, mais le virus de la politique ne le quitte pas. Seulement:

«Il ne s'est rien vraiment passé au niveau de la section suisse de l'UMP. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir fait des appels»

Nicolas Rivard reste néanmoins fidèle à sa formation politique: il vote Fillon en 2017. Quant au second tour, Marine Le Pen. «Ce vote a été difficile, car elle n'est pas la plus intelligente du monde. Mais il était hors question de voter pour la gauche!» Un gauchiste, l'actuel président Macron? «Il a beau apparaître comme un centriste, il faut toujours garder en tête qu'il faisait partie du gouvernement de François Hollande», estime l'avocat. Inutile de lui rétorquer que Sarkozy comptait des personnalités de gauche dans son gouvernement, il vous répondra que, justement, Sarkozy n'a pas gouverné à droite:

«J'ai appartenu à une droite qui trahissait son électorat à chaque fois qu'elle arrivait au pouvoir. Zemmour, lui, bénéficie d'une prime à la sincérité: il n'a pas dévié de sa ligne en 30 ans de forte présence médiatique»

C'est l'une des raisons principales qui l'ont fait débarquer chez Eric Zemmour récemment. Après avoir soutenu Eric Ciotti à la primaire des Républicains, qui a finalement perdu face à Valérie Pécresse, il dit avoir compris que «Ciotti allait être la tête de gondole de la droite au sein d'un projet centriste». C'est ainsi qu'il adhère à Reconquête, dont il est désormais le porte-parole pour la Suisse et le Liechtenstein... sous le pilotage d'un ancien camarade d'uni, Antoine Diers, par ailleurs directeur adjoint de la stratégie de campagne d'Eric Zemmour. «Ma décision a fait suite à une réflexion d'un mois. L'élément déclencheur a été le ralliement de Guillaume Peltier (lui-même un ancien de LR).»

Roxanne*, 30 ans, cheffe d'une petite entreprise, ex-abstentionniste

La femme qui répond à notre invitation ne souhaite pas apparaître sous son vrai prénom. Directrice d'une petite boîte de marketing dans le canton de Vaud, elle se méfie trop des répercussions professionnelles que pourrait avoir l'affichage de son soutien à un candidat classé à l'extrême droite. Un étiquetage que Roxanne*, tout comme ses deux collègues de parti, trouve navrant: «Cette fachoisation du débat permet d'éviter la confrontation des idées.»

Tiens, les idées de cette jeune Française installée en Suisse, quelles sont-elles? «Je veux que la France reste la France, et que la civilisation européenne reste la civilisation européenne. C'est à mon avis le véritable enjeu de cette présidentielle.» Un résumé ayant le mérite de la cohérence avec le programme du candidat, qui a placé la question de l'identité au cœur de la campagne et qui promet «l'immigration zéro», la fin du regroupement familial ou encore l'expulsion des criminels étrangers. Mais un résumé qui a aussi le désavantage de sonner très préparé, voire récité. Ce sont, à peu de choses près, les mêmes formules efficaces et générales que l'on a entendues avec chaque militant.

Roxanne* fait partie des abstentionnistes qui voteront pour la première fois avec cette élection et qui se sont décidés pour Zemmour. L'un des trois grands électorats potentiels de Reconquête, avec les déçus de LR et les déçus du RN. Membre de l'Institut Iliade, cercle de réflexion identitaire, et ancienne élève de l'Institut De Sciences Sociales Economiques & Politiques fondé par Marion Maréchal, proche d'Eric Zemmour et nièce de Marine Le Pen, Roxanne* a toujours préféré le combat culturel à la politique:

«Je n'ai jamais cru aux débats politiciens. La gauche et la droite, c'est du fac-similé. La France n'a pas besoin de ces gestionnaires. Zemmour est notre dernière chance, et ce sera mon premier vote!»

On notera que ces critiques sont aussi celles que l'on entend depuis des années de la part d'une certaine... Marine Le Pen. Tout le monde a par exemple en tête sa formule sur l'unanimisme de l'UMPS, contraction de l'UMP et du PS. En quoi Zemmour est-il différent de sa rivale au point de motiver Roxanne* à se rendre dans l'isoloir et – chose qu'elle n'aurait jamais imaginée avant – à avoir désormais une carte de parti? La trentenaire donne trois motifs à son adhésion:

  • «Zemmour a beaucoup plus de talent dans les débats et il porte une vision plus profonde de la France.»
  • «Notre candidat ne vient pas du sérail politique. J'aime sa manière d'aborder les problèmes par l'histoire, en partant toujours de constats et d'une analyse.»
  • «Je n'ai jamais cru Marine Le Pen susceptible de gouverner. Même si je lui suis reconnaissante pour tout le travail qu'elle a fait pour nos idées, elle n'a jamais réussi à rassembler. Zemmour, si: des Républicains le rejoignent.»

Quand on soumet à Roxanne* le fait statistique que Marine Le Pen, contrairement à Eric Zemmour, séduit une part de l'électorat populaire par sa sensibilité de gauche sur certaines questions, comme les retraites, elle acquiesce: «C'est mon grand regret: on parle beaucoup d'union des droites, mais je pense qu'on ne devrait plus raisonner en termes de gauche et de droite. Le vrai clivage actuel oppose les mondialistes et les souverainistes. Je pense que Reconquête pourrait attirer une partie des souverainistes de gauche.» Selon le porte-parole Nicolas Rivard, ceux-ci seraient cependant peu nombreux dans Reconquête, même s'il affirme qu'une petite tendance se dessine depuis peu.

Olivier, 40 ans, investisseur, primo-adhérent

Quand on lance la discussion avec le Franco-suisse Olivier, 40 ans, lui aussi basé dans le canton de Vaud, il décrit directement son profil politique: «Je suis plutôt libéral et conservateur». Cette ligne, l'ancien banquier la reconnaît dans le mouvement d'Eric Zemmour. C'est d'ailleurs la première formation politique à laquelle il adhère. Selon lui, le projet zemmourien porte les valeurs d'une droite «normale»: «sécurité, paix, prospérité». Aujourd'hui investisseur, Olivier voit dans son expérience professionnelle ce qu'il attend des politiques:

«En tant qu'entrepreneur, quand on fait des erreurs, on le paie cash. Il faut faire ses choix en fonction du réel. Je crois que Zemmour le fera»

Une chose, précisément, que n'auraient pas fait les Républicains, dont il dit «souhaiter ardemment la dissolution». Depuis l'appel immédiat de Fillon, après sa défaite en 2017, à voter Macron, la droite LR, pour Olivier, c'est fini. D'après lui, cette faction se déchirera à terme de manière naturelle entre les «progressistes», du côté de Macron, et les «conservateurs», du côté de Zemmour. «C'est ce qui s'est passé avec la gauche», lance le binational, qui a beaucoup oscillé entre la droite traditionnelle et des «candidats plus petits et plus à droite» dans ses votes passés. «Aujourd'hui, LR, ce ne sont plus que des cadres qui tiennent à leurs postes.»

Comme ses deux collègues de parti, celui qui se décrit comme un «primo-adhérent enthousiaste» croit en un «vote caché» d'une partie de l'électorat pour le candidat Zemmour. En clair, des gens qui n'oseraient pas dire publiquement leur soutien au candidat et que les sondages auraient du mal à estimer, le parti étant très neuf. «Nous le constatons nous-mêmes quand nous voulons organiser un événement tout à fait anodin», explique Olivier. «On essuie un refus pour une salle non pas parce que les responsables des lieux ne nous aiment pas, mais parce qu'ils ont peur des représailles de la part des groupes "antifa".»

Un comble pour Olivier, qui assure que Reconquête est le mouvement qui compte le plus de personnes bienveillantes. Et les pro-Zemmour qui ont violenté des activistes anti-racistes au meeting de Villepinte? «Oui, nous avons aussi nos tarés, mais il y en a dans tous les camps, et ils sont ultra-minoritaires.» Point intéressant, le concept de «grand remplacement» n'a pas été évoqué une seule fois au cours des entretiens pour cet article. Une tactique au sein d'un parti à la communication huilée? Ou, au contraire, l'expression d'une base suisse modérée?

* Prénom d'emprunt

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source: keystone
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