C'est une véritable cour de récréation que nous voyons en franchissant le seuil de l'ancien foyer de Gilly (VD). Des dizaines d'enfants s'activent sur leur vélo et jouent au foot avec entrain. «Vous voyez, ça bouge beaucoup ici», sourit Ana Rexhepi, éducatrice fraîchement engagée par l'association Tipiti. En effet, l'ambiance joyeuse nous ferait (presque) oublier que ces familles nombreuses ont fui les villes touchées par les bombardements comme Soumy, Kharkiv ou Marioupol.
Au milieu de cette foule joyeuse, nous rencontrons Tatiana Syrotenko, maman d'une petite fille et qui a adopté sept autres enfants. «Mon mari et moi, on n'arrivait pas à avoir d'enfant et on a décidé d'en accueillir un, puis deux puis trois, nous voici une très grande famille aujourd'hui», sourit-elle timidement. Car c'est là tout l'enjeu de l'arrivée de ces familles en Suisse. Elles peuvent réunir jusqu'à une dizaine d'enfants et leur fuite d'Ukraine n'a pas été des plus simples.
Olivier Geissler de l'ONG Tipiti nous explique que leurs partenaires ukrainiens de longue date ont identifié des familles d'accueil qui souhaitaient fuir l'est de l'Ukraine. Le responsable suisse romand de Tipiti est allé chercher certaines familles à la frontière polonaise.
Olivier Geissler se montre prudent quant aux perspectives d'avenir pour ces familles en Suisse:
Leur installation dans le canton de Vaud se fera donc pas à pas. Nous avons demandé à Tatiana Syrotenko, mère adoptive de six enfants et enceinte de huit mois, ce qu'elle envisageait de faire en Suisse. Elle répond toujours avec un sourire timide:
Pour la maman, c'est une sorte de premier pas vers un pays qui les a accueillis alors que, selon elle, sa famille n'avait aucune perspective en Ukraine.