Après quatre ans d'augmentation légère des primes maladie (voire de diminution en 2021), voici le grand retour des chiffres à la hausse.
C'est avec beaucoup d'assurance qu'Alain Berset est venu annoncer, mardi, une augmentation moyenne de 6,6%. Dans certains cantons, la note est salée, comme à Neuchâtel: 9,5%.
Comment expliquer cette augmentation des coûts qui part en flèche, et où pourrait-on économiser? Décryptage des points les plus importants avec deux experts: Christophe Kaempf, porte-parole de Santésuisse, l'association faîtière des assurances maladies, et Anne-Sylvie Dupont, avocate et professeure à l'Université de Genève (Unige), spécialiste des questions d’assurances sociales.
Si la pandémie de Covid a forcé à repousser bon nombre d'opérations, ce qui a notamment expliqué la baisse de 0,2% des coûts l'année dernière, celles-ci «ont été rattrapées en grande partie au deuxième trimestre de 2021 déjà», explique Christophe Kampf, porte-parole de Santésuisse, la faîtière des assureurs maladie. Toutefois:
Autrement dit, cette part de l'augmentation des coûts devrait être plus faible l'année prochaine. Une bonne nouvelle, donc. Même si la tendance ne va pas s'arrêter pour autant:
Que se cache derrière le terme «offre médical excessive», ou comme indiqué par Alain Berset, les «prestations médicales pas nécessaires»?
Il ne s'agit pas ici de réduire les prestations ou d'empêcher les gens d'avoir accès aux soins, mais bien de choisir le traitement et surtout les examens les plus adaptés. Car certains sont chers et peu efficaces.
Christophe Kaempf donne ainsi en exemple certaines arthroscopies pas forcément nécessaires ou des utilisations à long terme de somnifères. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les sommes en jeu sont gigantesques:
Ils sont en augmentation, aussi en partie à cause du Covid. Il n'empêche, leur diminution permettrait de faire baisser les coûts. Ceux-ci concernent notamment — mais pas que — les personnes âgées.
Alain Berset a notamment proposé de mettre en place une tarification forfaitaire, qui permet de rémunérer les prestations similaires avec un prix fixe.
Une solution également mise en avant par Santésuisse, qui note que «cette solution a fait ses preuves depuis des années dans le domaine stationnaire».
C'est un sujet sensible mais qui revient régulièrement sur le devant de la scène: le prix des médicaments. Ainsi, selon Santésuisse:
Des efforts ont déjà été faits sur ce sujet. Alain Berset a ainsi noté une économie sur le prix des médicaments d'un milliard depuis 2012.
Ici, difficile de chiffrer précisément en quoi la guerre en Ukraine provoque une augmentation du prix de la santé. S'agit-il d'une augmentation du prix des matériaux nécessaires à la fabrication de médicaments ou d'appareils? Peut-être. Mais pas que.
Selon Alain Berset, la guerre en Ukraine a déstabilisé les marchés financiers, ce qui influence le taux des assurances et donc la solvabilité des assureurs. Il va falloir faire confiance au conseiller fédéral sur ce coup, même si l'excuse peut sembler facile...
Et, pour lancer le débat, notre experte donne le mot de la fin: