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Le gouvernement n'interdira pas les pubs incitant les jeunes à fumer

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Image: Shutterstock

Le gouvernement n'interdira pas les pubs incitant les jeunes à fumer

Mercredi, le Conseil national a rejeté l'initiative qui s'oppose à la propagande en faveur du tabac auprès de la jeunesse. La majorité la juge «trop extrême» et préfère une autre loi actuellement en discussion au Parlement.
18.03.2021, 08:2418.03.2021, 15:35
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Déposée en 2019 et soutenue par une quarantaine d'organisations pour la santé, l'initiative populaire «Oui à la protection des enfants et des jeunes contre la publicité pour le tabac» veut interdire toute publicité promouvant le tabagisme qui atteint les enfants et les jeunes.

L'interdiction vise les publicités présentes dans la presse écrite, sur Internet et les réseaux sociaux, sur les affiches, dans les cinémas, dans les points de vente et lors de manifestations mais pas que. Elle concerne aussi:

  • Les publicités destinées aux adultes mais accessibles aux plus jeunes.
  • La promotion et le parrainage en faveur des produits du tabac.
  • Les cigarettes électroniques réglementées selon le texte comme les cigarettes traditionnelles.

L'objectif étant de protéger les plus jeunes des conséquences graves du tabagisme sur la santé. Selon des études, plus d'un fumeur sur deux (57%) aurait commencé à fumer alors qu'il était mineur.

Pensez-vous que la Suisse devrait interdire les publicités en faveur du tabac?

Une initiative contraire à la liberté économique

Le Conseil national s'est opposé à ce texte mercredi, par 96 voix contre 84. S'ils partagent l'objectif principal de protéger les jeunes contre les effets nocifs du tabagisme, de nombreux opposants issus des rangs de l'UDC, du PLR et du Centre y voient surtout un frein pour le secteur économique: «Ces mesures sont contraires à la liberté économique», a fait valoir Regine Sauter (PLR/ZH).

«L'industrie du tabac crée de l'emploi et elle doit pouvoir faire de la publicité comme les fabricants de tous les autres biens de consommation. Plus de 11 000 emplois seraient touchés»
Andreas Glarner (UDC/GL)

Gregor Rutz (UDC/ZH), président de la Communauté du commerce en tabacs, s'est lui inquiété des atteintes à des droits fondamentaux, à la liberté d'expression et d'informer: «Ce n'est pas à l'Etat de dire à la population ce qui est bon ou non pour elle».

Pour la majorité, les mesures proposées par les initiants sont nécessaires, mais elles doivent être inscrites dans le cadre de la loi sur les produits du tabac que le Parlement examine encore. Benjamin Roduit (Centre/VS) a expliqué que cette loi offrirait un compromis beaucoup plus «pragmatique et raisonnable».

La Suisse, seul pays «contre»

Voici où on en est aujourd'hui concernant le tabac:

  • Chaque année, 9500 personnes meurent à cause du tabac en Suisse, a souligné Laurence Fehlmann Rielle (PS/GE).
  • Ce produit rapporte 2.5 milliards de francs en impôts fédéraux et cantonaux, mais les coûts du tabagisme représentent le double.
  • La Suisse est le seul pays d'Europe à ne pas avoir ratifié la Convention de l'OMS contre le tabac.
  • La publicité en faveur du tabac n'est interdite qu'à la radio et à la télévision.

Pour le Conseil national, la publicité ne devrait être interdite que dans les supports destinés aux moins de 18 ans, ainsi que dans les cinémas, l'espace public et sur les panneaux d'affichage extérieur.

Pour le reste, les deux Chambres soutiennent l'élargissement à toute la Suisse de l'interdiction de la vente de cigarettes aux moins de 18 ans ainsi que la base légale aux achats-tests visant à vérifier le respect des âges-limites. (ats/mndl)

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Pourquoi l'UDC refuse d'interdire les signes nazis en Suisse
Seule l'UDC est opposée à l'interdiction des signes nazis dans l'espace public. Pour éviter tout blocage, le rapporteur romand du texte qui sera voté mercredi propose de découper la matière législative en deux. Explications.

Les parlementaires savent-ils de quoi ils parlent? Pas vraiment et ils en sont bien conscients. Le sujet est grave: il s’agit d’interdire les signes nazis. Mais pas que. La motion sur laquelle le Conseil national est appelé à se prononcer mercredi a beaucoup du filet dérivant: un attrape-tout peu regardant sur la marchandise. Déjà adopté par le Conseil des Etats, le texte de la motion entend prohiber non seulement les signes du IIIe Reich (la croix-gammée, les lettres SS et la tête de mort associée à l’organisation nazie), mais aussi des «moyens de propagande» visant à dénigrer les membres d’une ethnie ou d’une religion. Vaste programme. Trop vaste?

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