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X-Twitter: Elon Musk force les Suisses à faire un choix radical

Elon Musk force les Suisses à faire un choix radical

Faut-il ou non quitter le réseau social X, machine de guerre d'Elon Musk, l'éminence grise de Donald Trump? La question fait rage. Les bonnes raisons d'en partir, les bonnes raisons d'y rester.
27.11.2024, 20:2929.11.2024, 08:54
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Désertion ou sage décision? Depuis la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis, pas un jour ne passe sans qu’un journaliste, un média, un politique ou tout autre abonné n'annonce quitter X-Twitter, le réseau social d'Elon Musk, grand soutien du candidat républicain. Pour les journalistes et les élus du peuple, partir ou rester sur une plateforme qui les a parfois accompagnés toute leur vie professionnelle ou politique, s’apparente à un dilemme. Comme en attestent les choix opposés effectués par Elisabeth Baume-Schneider d’un côté, le Conseil fédéral de l’autre.

Le 31 octobre, la ministre de la Culture et de la Santé jetait l’éponge. «X a profondément changé, écrivait la Jurassienne en guise de message d’adieu. Cette plateforme ne correspond pas à la culture du débat à laquelle je souhaite participer. J’ai donc décidé de la quitter. J’invite mes followers à me rejoindre sur Instagram!»

Le Conseil fédéral, en tant qu’instance gouvernementale, a fait le choix inverse. Interrogé la semaine dernière sur ses intentions par nos confrères de watson Zurich, le collège a répondu par le truchement de la Chancellerie fédérale:

«Le Conseil fédéral reste sur X jusqu'à nouvel ordre. Ses posts continuent d'être suivis par de nombreuses personnes intéressées par la politique, des politiciens et des journalistes. X reste également un canal important pour la communication gouvernementale internationale et permet, en cas d'événements, des prises de position et des réactions rapides, comme on l'attend aujourd'hui des gouvernements.»
Le Conseil fédéral

En Suisse, en mai déjà, la RTS et son pendant alémaniques SRF annonçaient réduire fortement leur présence sur X. Raison invoquée?

«Le dialogue avec nos followers n'est plus possible sur X, car ils sont pris en otage par des trolls et des bots et subissent des campagnes de haine et de diffamation»
Le service de communication de la RTS

A l’international, le quotidien britannique The Guardian, des journaux régionaux en France, ont débranché la prise qui les reliait à X. Le 19 novembre, Ouest-France écrivait:

«Ceci est notre dernier tweet, pour le moment»
Le journal Ouest-France

Le plus grand quotidien régional français justifiait ainsi sa résolution: «Après plusieurs mois d’activité a minima sur ses comptes X, Ouest-France décide d’y suspendre sans délai ses publications. Le média, attaché aux valeurs démocratiques, au débat apaisé et à la lutte contre la désinformation et le harcèlement, proteste ainsi contre le manque de régulation et de modération de la plateforme.»

Le journaliste de la RTS Alexis Favre n’a pas attendu l’élection de Donald Trump pour prendre le large. En août, le présentateur de l’émission Infrarouge lâchait:

«Je quitte cette bouille globale de plateforme dans 24 heures. Juste le temps de rigoler encore un peu»
Alexis Favre

De grandes entreprises comme La Poste ou UBS, craignant que leur image soit associée à celle, très peu consensuelle, d’Elon Musk, avaient décidé, dès le rachat de Twitter par le patron de Tesla en 2022, de réduire leur présence publicitaire sur le réseau.

Mais tout le monde ne partage pas cette hostilité ou cette prudence vis-à-vis du réseau X. Le conseiller communal socialiste lausannois Benoît Gaillard est dernièrement entré dans le débat en faisant connaître son choix. Le 25 novembre, en pleine vague de départs de la plateforme, celui qui est aussi coresponsable de la communication de l’Union syndicale suisse (USS), écrivait:

«Je ne quitterai pas X/Twitter. Ni en raison de l’identité de son actionnaire, ni parce que des fâcheux s’y croient parfois tout permis. Basé sur le texte, favorisant le débat par sa structure même, tantôt agaçant tantôt enthousiasmant: ça reste mon réseau social préféré.»
Benoît Gaillard, conseiller communal PS lausannois

Ce «j’y suis, j’y reste» a valu à Benoît Gaillard les compliments d’adversaires classés à droite, qui ne le ménagent pas d’habitude. L'un d'eux commentait:

«Bravo pour cette décision. De toute façon, il y a fort à parier que les fuyards reviendront discrètement dans quelques mois»

«Je reste sur X parce que j’aime être choqué»

Joint par watson, Benoît Gaillard justifie son maintien sur X, qui est un peu aux réseaux sociaux ce que le MMA est aux sports de combat:

«L’essence de la politique, c’est le débat, la confrontation d’idées, et le réseau X, malgré ses outrances, permet cela. Finalement, je préfère encore un Elon Musk qui annonce la couleur, à un Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, qui a une communication très sucrée, sans garantie de plus de transparence sur le fonctionnement des algorithmes.»
Benoît Gaillard, conseiller communal PS lausannois

En clair, Benoît Gaillard ne crache par sur la castagne. «Je reste sur X parce que j’aime être choqué et contredit, je ne cherche pas particulièrement des gens qui pensent comme moi. A mon avis, il ne faut pas quitter X, parce que c’est encore là que se joue une partie de la bataille des idées. Un parti comme La France insoumise l’a bien compris, elle y donne des coups et en prend.»

«Je me pose la question, partir ou rester»

Camarade de parti de Benoît Gaillard, le président du Parti socialiste vaudois, Romain Pilloud, n’est pas épargné sur X. «Depuis que Musk est à la tête de X, je me pose la question de partir ou rester. J’y ai subi des insultes et injures, j’ai déjà déposé une plainte, qui n’a malheureusement pas abouti. Certes, Twitter pouvait être très dur avant que Musk n’en prenne le contrôle.»

«Mais il est aujourd’hui quasiment impossible d’y dire quelque chose sans être immédiatement pris à partie par la fachosphère»
Romain Pilloud, président du PS vaudois

Si Romain Pilloud demeure pour l’heure sur X, c’est parce qu’il en connaît les avantages:

«X est un canal important de diffusion des idées politiques et de la communication du parti que je représente. Je vais sûrement m’inscrire sur Bluesky, pour voir. J’avais essayé Mastodon, mais ce réseau s’est avéré un fiasco.»
Romain Pilloud, président du PS vaudois

«Faut-il quitter X-Twitter?», demandait la radio France Inter ce mercredi matin 27 novembre. Deux débatteurs étaient invités à répondre à cette question cruciale pour certains. Après avoir dénoncé l’actuel comportement du patron de X aux 2 millions de followers, qui se sert de sa plateforme pour décocher des «attaques ad hominem contre des responsables d’agences fédérales américaines» qu’il accuse de dépenser trop d’argent, Frédéric Filloux, journaliste spécialisé dans la tech, estime qu’il est important, pour un journaliste, justement, de rester sur X.

«Pour moi, c'est un poste d’observation. Ne pas être sur X pour un journaliste, c’est comme pour un diplomate ne pas être dans une dictature pourrie. Or, un journaliste comme un diplomate doit voir pour comprendre»
Frédéric Filloux

«Le journaliste est confronté à des messages toxiques»

Le sociologue Gérald Bronner, auteur d’Apocalypse cognitive: la face obscure de notre cerveau, était d’un avis plutôt opposé s’agissant des professionnels des médias.

«Le journaliste devrait prendre de la distance avec X, car il va être confronté à des messages toxiques. On sait par ailleurs que le réseau X est une communauté très politisée, où il y a de la radicalité. Cela peut affecter le jugement du journaliste.»
Gérald Bronner, sociologue

Moralité, il y a autant de bonnes raisons que de mauvaises de quitter X comme d'y rester.

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