Le Conseil fédéral doit bientôt se prononcer sur la brochure d'information Hey you publiée par la fondation Santé sexuelle Suisse. Mais le document fait débat! Pour la NZZ, elle se lit comme un «mode d'emploi du porno». La conseillère nationale UDC thurgovienne Verena Herzog demande des explications.
Selon le 20 minutes, l'association «Oui à la protection», dont Verena Herzog fait partie, a envoyé une lettre ouverte aux cantons, dans laquelle elle réclame l'interdiction de «la brochure honteuse» dans les écoles publiques. La missive est adressée à tous les directeurs et directrices de l'instruction publique ainsi qu'à la Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP).
Adressée aux jeunes de 12 à 18 ans, la brochure soutient les enseignants dans leurs cours d'éducation sexuelle. Elle contient de nombreuses informations sur le sexe, la contraception «et plus encore». Mais la conseillère nationale critique le fait que les thèmes de la pénétration anale, de l'homosexualité et de la transsexualité soient fortement abordés. Dans sa lettre aux responsables de la formation, l'association s'insurge contre «la projection du monde sexuel des adultes sur les mineurs». En effet, «cela ne correspondrait pas à la société dans laquelle ils vivent».
Plus «scandaleux encore», les élèves du primaire sont initiés à l'univers des jouets sexuels. Outre le godemiché, la brochure explique également qu'il existe de nombreux autres sextoys comme les vibromasseurs, les plugs anaux, etc. Sous le mot-clé safer sex, les enfants apprennent qu'une digue dentaire est un tissu en latex «que l'on place sur l'entrée du vagin ou de l'anus lors d'un rapport sexuel oral».
Education nécessaire ou surexposition des mineurs? Jakob Pastötter, président de la Société allemande de recherche sexuelle en sciences sociales explique:
Selon le sexologue, il s'agirait d'une «éducation sexuelle au rabais qui n'est pas adaptée à l'âge des enfants». Le langage serait trop détaillé et pourrait décourager la plupart des enfants et des adolescents.
Toujours selon Jakob Pastötter:
La brochure Hey you a été publiée en automne 2021 et développée avec des spécialistes de l'éducation sexuelle. Jusqu'à présent, plus de 38 000 exemplaires ont été commandés. En supposant que les classes comptent 22 élèves, cela correspond à environ 1500 classes. Barbara Berger, directrice de Santé sexuelle Suisse, rejette la critique:
Barbara Berger rejette avec la plus grande fermeté l'accusation de «grooming»:
La direction ajoute qu'en cas d'utilisation de digues dentaires, mais aussi de plugs anaux ou de godemichés par exemple, il est important de savoir comment se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles. Elle qualifie d'ailleurs Jakob Pastötter de «référence pour un lobby conservateur en Europe, qui combat l'éducation sexuelle avec des mots clés comme sexualisation des enfants». Ce à quoi le sexologue rétorque: «Les éducateurs sexuels autodidactes ont perdu toute sensibilité pour cette tranche d'âge».
L'UDC Verena Herzog s'insurge contre le fait que la Confédération soutienne la fondation Santé sexuelle à hauteur d'environ 800 000 francs par an. C'est une mère de la vallée du Rhin qui a attiré son attention sur Hey you. Elle aurait été indignée que la brochure «exubérante» ait été distribuée dans la classe de sa fille de quatorze ans. La famille se serait plainte auprès des enseignants. La politicienne reconnaît toutefois que le document contient de nombreuses informations utiles; mais certaines «sont totalement déplacées pour cette tranche d'âge».
Traduit de l'Allemand par Léa Krejci