Depuis le début de l'invasion russe, en Ukraine, de nombreux habitants de ce pays d'Europe de l'Est ont pris la fuite. Selon l'ONU, plus de douze millions de personnes auraient déjà quitté leur pays, notamment en direction de la Suisse. Ainsi, près de 50 000 Ukrainiens se trouveraient actuellement dans le pays.
Au début de la crise, la Suisse a fait preuve d'une grande solidarité envers les réfugiés. En mars, le Conseil fédéral a décidé d'accorder le statut de protection S aux Ukrainiens. Celui-ci leur permet de rester en Suisse pendant un an, de travailler et d'aller à l'école sans autre procédure d'asile. Le statut de protection S n'avait jamais été utilisé auparavant depuis son introduction dans les années 1990.
Cependant, des résistances apparaissent en Suisse contre cet accueil avec le statut S. Selon un article de la SonntagsZeitung, de plus en plus d'élus du camp bourgeois ne sont pas satisfaits de la politique du Conseil fédéral – surtout à l'UDC.
Martina Bircher fait partie de ces mécontents. La conseillère nationale UDC affirme que les personnes en provenance d'Ukraine ont droit à une protection. Elle déclare néanmoins: «Mais nous ne pouvons pas continuer éternellement comme cela». Sinon, la Suisse atteindrait ses limites.
Pour mettre fin à cette dérive, Martina Bircher a déposé une intervention. Son objectif: renforcer l'accueil des réfugiés ukrainiens. Elle évoque par exemple la possibilité d'une restriction régionale, car la guerre serait surtout un gros problème dans l'est de l'Ukraine.
L'UDC critique également le fait que les Ukrainiens ne sont actuellement pas les seuls à être accueillis. Ainsi, le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) a communiqué que 1000 personnes ont obtenu le statut de protection S en Suisse, bien qu'elles ne soient pas originaires d'Ukraine. Il s'agit par exemple de personnes originaires d'Afghanistan, d'Irak ou du Nigeria, mais aussi de pays comme l'Allemagne, l'Italie ou les Etats-Unis.
«Je ne comprends pas pourquoi nous accueillons des personnes qui n'ont pas de passeport ukrainien», pointe Martina Bircher. On peut les renvoyer dans leur pays d'origine, dit-elle:
Le SEM reste discret sur ces personnes. Il a fait savoir à la SonntagsZeitung qu'il ne souhaitait pas s'exprimer sur des cas particuliers. Les demandes émanant de pays de l'UE ou de l'AELE sont «généralement rejetées». Le SEM ajoute que, dans certains cas, les enfants ont un passeport différent de leurs parents. Martina Bircher demande des examens plus précis de la part de la Confédération:
L'UDC n'est pas la seule à se montrer critique à l'égard de la situation actuelle. Le vice-président du PLR Andrea Caroni demande, lui aussi, des changements dans la SonntagsZeitung. Après tout, la Suisse n'a que des capacités limitées. Comme Martina Bircher, il cite une limitation régionale comme option possible. «Le statut de protection S devrait être conçu de manière dynamique, propose-t-il. Il faut vérifier périodiquement quels groupes de personnes d'Ukraine y ont droit.»
Lorsque Andrea Caroni parle de capacités limitées, il fait également référence à l'aspect financier. Chaque réfugié coûte de l'argent à la Suisse – environ 20 000 francs par an, comme le montre un article de la NZZ am Sonntag. Si l'on additionne tous les coûts, il faut s'attendre à un montant annuel de 1,25 à 2,25 milliards de francs. Ce montant serait donc plus élevé que celui des tests Covid en 2021 (1,2 milliard de francs).
De plus, on ne sait pas combien de temps la crise va durer. «Nous devons nous préparer à ce que les gens puissent rester chez nous plus d'un an», déclare Gaby Szöllösy de la Conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales. Des coûts supplémentaires devraient en outre survenir lorsque les personnes en fuite quitteront leur famille d'accueil. Actuellement, près de la moitié d'entre eux vivent chez des particuliers, ce qui allège la charge financière des cantons. A terme, cette situation ne devrait pas durer. (dab)