La police a bloqué presque toutes les routes qui mènent à la «zone à défendre» (ZAD) du Mormont, cette zone occupée illégalement depuis le mois d'octobre. Une trentaine de policiers anti-émeutes sont présents sur place, avec des motocross. watson est sur place pour prendre la température.
Vivez avec nous, minute par minute, en vidéo, l'évacuation de la ZAD juste ici.
5h20. Froid glacial. Premier contrôle de police. On ne l’a pas vue arriver. Elle a débarqué en trombe alors qu’on s’arrêtait pour prendre une photo de l’imposant bâtiment d’Holcim illuminé. Derrière lui, la colline du Mormont, éventrée par des décennies d’exploitation de la carrière.
Il est même assez beau, de nuit. Mais c’est aussi lui, ou plutôt l’entreprise propriétaire, qui fait face à une contestation depuis octobre dernier. Quand des dizaines de personnes ont pris le contrôle d’une «zone à défendre» (ZAD) pour s’opposer, physiquement mais pacifiquement pour l’heure, à l’extension de la gravière d’Eclépens.
Depuis quelques heures, l’évacuation de cette ZAD, illégale, est attendue sans délai. Sur les réseaux, les zadistes (pour désigner les occupants de la ZAD), ont lancé tous azimuts un appel au rassemblement pour défendre la zone.
La police est tendue. Elle prend en photo nos papiers. Sa radio crépite. «On nous appelle sur place. On file», lâche le policier.
A la gare un peu plus loin, c’est encore calme. C’est là pourtant qu’un groupe de Morges a appelé à manifester dès 6h. Il n’y a personne, si ce n’est quelques pendulaires.
C’est plus loin que tout est sous importante surveillance, au giratoire qui mène à l’accès principal de la ZAD. Personne ne passe sans une prise en photo des papiers. Les voitures sont inspectées, si ce n’est pas fouillées sommairement.
On croise deux journalistes alémaniques. Ils travaillent pour une télévision. L’un deux est en tenu de combat, casque, habits militaires, gants… On leur demande ce qui intéresse les médias alémaniques, ici, à 5h30 le matin à La Sarraz? «Je vais être franc: nous sommes là pour les émeutes.»
La violence, c’est aussi ce que craignent deux septuagénaires alémaniques venus en soutien à la ZAD. «Nous sommes là pour donner de la force à ces jeunes. Nous avons entendu dire que plusieurs militants avaient joint la résistance. Cela nous inquiète. Les activistes étrangers peuvent être parfois violents.»
Eux resteront en retrait, dans l’espace public, avec leur pancarte et leur bonnet de lutin rouge. Il était là à Lausanne vendredi dernier à la manifestation de soutien à la ZAD. Ils sont à La Sarraz à 6h ce mardi.