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Comment les gens de la campagne jugent les gens des villes

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«Arrogants, superficiels»... pourquoi les ruraux adorent détester les citadins

Si les gens des villes entretiennent une vision bienveillante (mais ô combien cliché) des habitants de la campagne, ceux-ci se montrent plus prompts à dégainer les fourches pour partir à la chasse au citadin. Explications de ce désamour.
14.12.2021, 11:3214.12.2021, 12:30
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S'il y a bien un mot qui ressort systématiquement à l'issue de chaque votation, c'est bien celui-ci: le fameux fossé ville-campagne. Il sillonnerait la Suisse aussi sûrement que le Röstigraben diviserait les Romands et les Schwizerdütsch.

Une étude de l'institut Sotomo s'est penchée sur cette épineuse question: existe-t-il vraiment deux mondes séparés, avec d'une part, des paysans reculés, et de l'autre, des urbains arrogants? A première vue, oui. Mais la réalité est plus complexe que cela.

Le «fossé du bonjour»

Vous l'avez forcément remarqué: plus l'environnement est rural, plus on a tendance à se saluer dans la rue. Autrement dit: dans les villages, on se salue – alors que dans les villes, on se snobe préfère passer son chemin. Ce phénomène social, qui s'explique simplement par la densité de population (plus la population augmente, plus il est compliqué de saluer tout le monde, pour des raisons purement pratiques), serait révélateur: les citadins auraient une plus forte tendance à se comporter comme des crâneurs individualistes.

Et pourtant! Le sondage Sotomo révèle que les urbains se sont bien plus bienveillants à l'égard des habitants des campagnes qu'en sens inverse. On constate un contraste flagrant dans les idées reçues et les préjugés réciproques.

Vive les préjugés!

En effet, à la question «Quels sont les adjectifs que vous reliez aux habitantes et habitants des villes?», la population interrogée de la campagne a retenu quatre adjectifs en particulier, parmi les douze proposés:

  • «Avides de consommer»
  • «Superficiels»
  • «Arrogants»
  • «Egoïstes»

Aïe. L'asymétrie est d'autant plus troublante que, si la population rurale associe surtout des traits de personnalité négatifs à la population urbaine, celle-ci se montre nettement plus condescendante lorsqu'elle se prête au même exercice:

  • «Conviviale»
  • «Serviable»
  • «Sympathique»
  • «Traditionnelle»
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source: sotomo

Seul le qualificatif de «traditionnelle» n'a pas de connotation systématiquement positive (il peut sous-entendre un côté dépassé).

La population rurale se montrerait donc beaucoup plus irritée par un monde urbain perçu comme dominant, que l’inverse. En tout cas, les villes sont perçues comme plus arrogantes et plus dominantes.

La population urbaine est considérée comme celle qui lance les tendances sociales. Quant à l'adjectif d'«égoïste», elle revient souvent lorsque les préoccupations politiques des habitantes et habitants de la ville sont évoquées dans le discours public. D'ailleurs, population urbaine et population rurale se reprochent un manque d’intérêt mutuel pour leur type d’espace respectif.

Les citadins, vraiment plus orgueilleux?

L'étude révèle une autre tendance intéressante: la manière dont chaque population s'auto-évalue. Contre toute attente, les urbains ont davantage tendance à se dévaloriser: ils admettent être «avides à consommer» et «superficiels». Toutefois, ils relativisent un peu: à cette description peu flatteuse, ils ajoutent les adjectifs «tolérant» et «convivial». Leur auto-évaluation est donc plus positive que celle que fait d’elle la population rurale, sans pour autant diverger complètement.

Les ruraux (déjà dépeints de façon très flatteuse par la population urbaine) s’auto-évaluent de manière encore plus positive. En Suisse, l’arrogance souvent citée de la ville s’accompagne donc d’une sorte d’orgueil de la campagne. Bref, en somme: tout le monde se la pète.

Mais... il reste de l'espoir!

Toutefois, malgré ce tableau d'apparence plutôt sinistre, le fossé n'est pas aussi infranchissable qu'il en a l'air. L'enquête met à jour bien d'autres aspects positifs. En effet, les personnes interrogées sont bien conscientes des tensions existantes entre ville et campagne et considèrent qu’il est important de prendre des mesures pour améliorer ces rapports.

47% d'entre elles estiment qu'il faudrait davantage de contacts personnels entre les habitants d’autres types d’espace, afin de mieux comprendre leur univers. Pas moins de 92% des personnes interrogées saluent l’introduction de sorties scolaires obligatoires à la ferme.

D'ailleurs, le clivage n'est pas aussi profond qu'on le croit: dans sa majorité, la population suisse voit sa commune de résidence comme un mélange de ville et de campagne. Trois quarts ont déjà vécu dans un autre type d’espace. En conclusion, l’«entre-deux» est la vraie normalité suisse.

Rangez les torches et les fourches, et vive les sorties scolaires!

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