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«Qui mate du porno en 2015 doit être conscient que ses vices seront tôt ou tard publiés »

«Qui mate du porno en 2015 doit être conscient que ses vices seront tôt ou tard publiés »

Sur presque tous les sites de porno se cachent de multiples mouchards. Ils sont sur toutes les vidéos que tu regardes. Ce n'est qu'une question de temps pour qu'un hacker publie les préférences sexuelles d'un politicien, d'une star voire même les tiennes.
31.08.2015, 16:14
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Par Oliver Wietlisbach

Tu mates du porno sur le net? Oui? Dans ce cas, mauvaise nouvelle. L'amateur de contenus pour adultes est suivi à la trace sur le net, enfin plutôt espionné de vidéo en vidéo. Cette surveillance ne vient pas basiquement de l'industrie du X, mais plutôt de Google, Facebook et des dizaines d'autres entreprises gravitant autour du porno. Ces sociétés suivent clic après clic quelles vidéos tu mates. Des petits mouchards signalent à ces boîtes ce que tu as savouré comme type de vidéo. 

Le souci, là-derrière: la plupart des sites X donnent purement et simplement le titre de la vidéo dans l'adresse URL. Ce qui ressemble à un truc du genre: http://www.sitedeculfictif.com/view/videopornopathetique. En clair: les entreprises qui collectent les données sur ce que tu as vu en connaissent aussi le titre. Si ces pornfiles, par exemple celle d'un politicien haut placé devaient tomber dans les mains d'un hacker, pas la peine de décrire le scandale qui en suivra. 

«88 % des 500 plus grands sites pornographiques ont installé des mouchards.»

C'est exactement ce scénario «catastrophe» que décrit le développeur et créateur de logiciel Brett Thomas dans son article «Le porno en ligne pourrait être le prochain scandale de protection des données et de la vie privée». Thomas y écrit: «Qui mate du porno en 2015 doit être conscient que son historique peut être tôt ou tard mis en ligne avec son nom.» 

Ces craintes ne sont pas encore conscientes dans la population confirme parmi d'autres l'expert informatique Stefan Friedli. D'après l'expert en sécurité Tim Libert 88% des 500 plus grands sites porno ont installé un panel de mouchards analysant le comportement des visiteurs. Parmi les plus courants se trouvent les boutons de partage de Facebook, Google et Twitter, mais aussi des traceurs spécifiques au porno comme ceux de firmes genre Pornvertising. 

De tels services d'espionnage en ligne sont utilisés aussi par watson et presque tous les sites de medias. Ils ne sont ni bon ni mauvais en soi. Ils peuvent être utilisés pour une publicité personnalisée ou pour optimiser les pages Web - ce qui va dans l'intérêt de l'utilisateur. Il faut pas oublier que ces outils peuvent servir le côté obscur de la Force quand ils aspirent les données personnelles.

Que se passerait-il si un hacker accède à toutes les données? Un éminent politicien pourrait voir certaines préférences porno publiées et lui en coûter sa carrière. Un homosexuel ou un amateur de films gay pourrait être en danger dans un Etat homophobe et ses goûts aurait encore des conséquences graves. 

«Surfer en mode privé dans un navigateur n'aide en rien contre cette surveillance.»

Le plus vicieux : celui qui pense qu'il peut cacher ses traces en naviguant en mode privé sur Chrome, Firefox ou autre, ou encore en supprimant les cookies, celui-ci est simplement naïf. Le mode privé de ces navigateurs, ou les options incognito ne servent simplement à rien contre la surveillance de ces mouchard (voir interview). Les entreprises de l'Internet ont depuis développé le concept d'empreinte digitale virtuelle, ce mode de surveillance ne se laisse pas berner. 

La surveillance par l'empreinte numérique

Chaque navigateur (Chrome, Firefox, Safari et les autres) donne à tout site visité des informations sur le système d'exploitation de ton ordinateur, la taille de l'écran, les polices installées et des tas d'autres petites données. En collectionnant ces données, on obtient l'empreinte digitale virtuelle ou numérique de l'internaute. Dans notre exemple cela signifie que l'utilisateur du site pornographique est clairement et à long terme identifiable, ceci indépendamment du fait d'avoir effacé ses cookies, navigué en mode privé ou alors effacé l'historique de son navigateur. Parmi ces empreintes, un fournisseur de publicité comme - au hasard - Google, peut reconnaître un internaute sur tous les sites utilisant ce type de service de tracking. 

L'empreinte numérique qui permet de surveiller les habitudes de navigation est beaucoup plus puissante que les cookies. Chacun peut vérifier s'il laisse une empreinte digitale unique identifiable sur le web, par un simple test ici. Une liste avec des sites stockant ces empreintes comme Youporn ou Kinox se trouve ici.

Comment ton navigateur est identifié?

Dans cet article, on explique comment les publicitaires du net peuvent surveiller chaque site consulté ou chaque vidéo visionnée. 
Dans cet article, on explique comment les publicitaires du net peuvent surveiller chaque site consulté ou chaque vidéo visionnée. infographie: spectrum

Si Pornhub le dit

Pornhub, l'un des plus grands diffuseurs de pages pornographiques affirme dans un sujet du Vice, site de news américain, qu'il ne stocke aucune empreinte numérique de ses visiteurs. On croirait volontiers ce que Pornhub dit. Les diffuseurs du X sur le web n'ont aucun intérêt à surveiller ses visiteurs qui sont couverts par la sphère privée.  

La situation est très différente chez les nombreux services de tracking des sociétés de publicité en ligne comme Google, Pornvertising, ou AddThis. Ces services sont - on l'a déjà dit - cachés dans de nombreux sites Web et le comportement sur le net, y compris les passages sur des sites X est simplement surveillé. Tout au plus, les diffuseurs de sites pornographiques ignorent complètement quelles données personnelles sont collectées secrètement par des tiers. YouPorn s'est emporté contre le service d'espionnage d'AddThis mi-2014 au moment où sont sorties les premières nouvelles annonçant qu'AddThis stockait les empreintes numériques des internautes. Avec l'extension Ghostery, il est encore relativement facile de prouver que «l'impression d'empreintes numériques» à la façon d'AddThis est largement développée. 

Quel est véritablement le danger?

Stefan Friedli, expert en sécurité informatique suisse, cherche à s'infiltrer dans des réseaux d'entreprise et tente de s'infiltrer dans les mailles informatiques. Son métier est de trouver les faiblesses. Il explique les risques et les dangers réels des «empreintes numériques». 

Stefan Friedli, expert en sécurité informatique, Scip SA.
Stefan Friedli, expert en sécurité informatique, Scip SA.image: zvg

Stefan Friedli, quelle est la probabilité que nous vivions prochainement un porno-gate? En d'autres termes un scandale lié aux données obtenues sur des sites X et obtenues grâce aux empreintes numériques?  
Stefan Friedli: Un personne d’intérêt public est certainement une cible prioritaire pour ce type d'attaque. Selon les connaissances actuelles, un hacker devrait prendre en compte quelques compléments en perspective: les parties qui pourraient collecter de telles données sont les fournisseurs de publicité, les réseaux sociaux et, à un moindre degré, les sites pornographiques.

Ce n'est donc qu'une question de temps pour que des hackers publient les préférences pornographiques de personnes en vue?
Il est clairement imaginable que de telles données soient rassemblées avec un but précis et ensuite piratées par des hackers - mais une attaque ciblée sur une ordinateur privé ne me semble pas être le risque prioritaire. 

Pourquoi?
Je soupçonne qu'actuellement les données d'utilisateur recueillies à ce stade pour des publicités ciblées sont probablement plus rentables que pour du chantage ou des choses similaires. 

Comment se passe le principe de la surveillance des internautes par les empreintes virtuelles? Un navigateur, Chrome par exemple, transmet à un site des données techniques pour que celui-ci puisse adapter sa présentation à l'appareil de l'utilisateur (ordinateur, tablette, laptop, smartphone). La page web et donc le propriétaire du site connaît des éléments comment le système d'exploitation, la résolution d'écran, les polices installées, les différents plug-ins tout comme une batterie d'autres informations. Combinées ensemble, cela donne une forme d'empreinte virtuelle qui se change relativement peu. Un fournisseur de publicité comme Google peut obtenir cette empreinte auprès de différents sites, peut les comparer et à terme en déduire qu'il s'agit très probablement du même visiteur.

Comment peut-on se protéger des empreintes numériques des navigateurs?  
Se protéger complètement est compliqué, surtout sans se limiter dans sa navigation. On peut prévenir quelques symptômes en installant quelques add-on comme  Ghostery ou Adblock sur son navigateur. Il y a aussi pour les plus expérimentés la possibilité d'utiliser le navigateur Tor. Aucune de ces alternatives n'offre une protection exhaustive. 

Pourquoi la navigation en mode privé sur les navigateur Chrome ou Firefox ne protège en rien contre la vie privée?
Celui qui ouvre sur Chrome une fenêtre de navigation privée voit apparaître en gras la phrase suivante: «Si vous passez en mode navigation privée, votre employeur, votre fournisseur de services Internet ou les sites Web que vous consultez pourront toujours avoir accès à votre historique de navigation.» Cette fonction ne sert qu'à ne laisser aucune trace locale (sur son PC ou sur son smartphone) des sites visités. Pour toute autre utilisation privée, ce mode ne sert à rien. 

Peut-on être surveillé et voir son empreinte numérique enregistrée quand on navigue sur son smartphone ou qu'on utilise des applications?
Il ne peut pas y avoir de réponse claire et définitive. Les possibilités de surveillance varient selon les applications. Plus concrètement, cela dépend du développement de l'application, et si elle contient de la publicité, comme c'est souvent le cas pour des applications gratuites. Les publicitaires peuvent donc installer facilement un système de surveillance et même avoir accès à des données locales. 

source: Motherboard
source: brettpthomas

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