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A Grenoble, le port du burkini est autorisé dans les piscines

A Grenoble, les femmes pourront porter un burkini (ou rien du tout)

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C'est la fin (enfin presque) d'un thème qui a enflammé la politique nationale française ces dernières semaines: désormais, il sera possible de porter un burkini dans les piscines de Grenoble. Mais aussi, de nager seins nus.
17.05.2022, 06:5517.05.2022, 12:06
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Le dossier défraye la chronique depuis déjà plusieurs semaines et a alimenté des débats enflammés à l'approche des élections législatives du 12 et 19 juin. Et voilà, c'est décidé: le conseil municipal de Grenoble a validé lundi une modification du règlement des piscines. Après de longs débats, porter un burkini pour se baigner a été autorisé.

Le vote était serré et hautement sensible

Le maire écologiste Eric Piolle a tout juste réussi à rassembler le nombre de voix nécessaire. Bien qu'il se trouve à la tête d'une large coalition de gauche, treize membres de sa propre majorité se sont déclarés «en désaccord» et se sont désolidarisés pour ce vote très sensible.

Au final, la délibération a été adoptée par 29 voix pour, 27 contre et deux abstentions, au terme de 2 heures 30 de débats, parfois tendus.

Un tout nouveau règlement

Le règlement intérieur est désormais remanié. S'il vous arrivait de vouloir plonger prochainement dans une piscine grenobloise, voici ce dont il faudra vous munir:

  • Un bonnet de bain, désormais obligatoire.
  • Un maillot en «tissu spécifiquement conçu pour la baignade», avec des formes «ajustées près du corps» et un usage réservé à la piscine.
  • Par contre, vous ne pourrez pas porter toute tenue non ajustée «plus longue que la mi-cuisse».
  • Ainsi que les maillots de bain-short.

A noter que cette nouvelle formulation permettra aux femmes de se baigner seins nus et à tous les baigneurs de porter un maillot les protégeant du soleil.

Une polémique aussi longue qu'un bassin olympique

C'est un projet porté par le maire de Grenoble, Eric Piolle, depuis plusieurs semaines. Balayant d'un revers les objections de l'opposition, il a invoqué un combat «féministe», de «santé» et de «laïcité» - parce que rien dans la loi n'interdit le port de vêtements religieux dans l'espace public, «y compris à la piscine».

Une prise de position loin d'être partagée à l'unanimité. Le maire a été accusé pêle-mêle par les élus de l'opposition de «vouloir exister dans les médias nationaux quoiqu'il en coûte», de se comporter en «Zemmour de gauche» ou encore de «porter un coup sans précédent contre les femmes musulmanes qui n'ont rien demandé».

Le vote passé, ces derniers ont fait part de leur vive déception et annoncé des recours dès aujourd'hui pour obtenir son annulation. «Vous portez une responsabilité très grave», a lancé l'ancien maire de droite Alain Carignon, avant de quitter ostensiblement le conseil municipal avec son groupe, en signe de protestation.

Pas sûr que le débat ne s'achève déjà...

Nombreux ont été ceux à promettre une prolongation de leur combat contre le burkini. C'est le cas du préfet de l'Isère, Laurent Prevost, qui a déjà fait savoir dimanche soir qu'il saisirait le tribunal pour bloquer la mesure.

Mais aussi celui du président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, qui a très vite annoncé que «face à ce séparatisme», la Région «cesse immédiatement toute subvention à la mairie de Grenoble». Il a accusé le maire Eric Piolle d'«acter définitivement sa rupture avec la laïcité et les valeurs de notre République».

Quant au député LR Eric Ciotti, il a déposé lundi à l'Assemblée nationale une proposition de loi visant à interdire le burkini dans les piscines publiques au nom de la laïcité, pour ne pas laisser les maires réglementer entre «pressions communautaires fortes» et «raisons idéologiques».

L'élu d'opposition El Hasni Ben Redjeb n'a pas mâché ses mots pendant la réunion: «Tout le monde en a marre de ces sujets clivants et beaucoup disent avoir aujourd'hui honte d'être Grenoblois».

Symbole d'oppression pour certains, de liberté pour d'autres

Tandis que le conseil municipal se réunissait sous bonne garde pour plonger tête la première dans ce vote très discuté, une bonne centaine de manifestants anti-burkini se sont rassemblés au pied du bâtiment. A grands cris, ils ont scandé «Piolle démission !» et arboré des pancartes proclamant des slogans comme «Faut pas se voiler la face, burkini = misogynie».

Pour les opposants de ce vêtement de bain, ce maillot couvrant constitue un symbole flagrant d'oppression de la femme et s'apparente au voile intégral que les talibans viennent de réimposer à la gent féminine en Afghanistan.

En revanche, pour ses défenseurs, le port du burkini était revendiqué depuis longtemps. Depuis 2019, plusieurs opérations coup de poing ont été organisées par la controversée association «Alliance Citoyenne» dans les piscines grenobloises pour faire passer son message. Ses membres, rassemblés dans une salle de Grenoble, ont assisté à la séance du conseil municipal par retransmission vidéo. (mbr/ats)

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