La justice belge a ordonné jeudi le maintien en détention provisoire de l'eurodéputée grecque Eva Kaili, inculpée ce mois-ci dans une enquête pour corruption impliquant le Qatar, a annoncé le parquet fédéral.
La chambre du conseil de Bruxelles, devant laquelle l'élue socialiste a comparu jeudi matin, a refusé la demande d'un placement sous bracelet électronique, prolongeant la détention préventive d'un mois.
Les avocats ont décidé de ne pas faire appel de la décision, a indiqué l'un d'eux à l'AFP, André Risopoulos. Eva Kaili nie toute corruption, ont réaffirmé jeudi matin ses conseils.
Le 14 décembre avait déjà été décidé le maintien en prison de Francesco Giorgi, compagnon de l'eurodéputée socialiste, et de l'ancien eurodéputé Pier Antonio Panzeri, qui apparaissent aussi comme des figures clefs du dossier.
Un quatrième inculpé, Niccolo Figa-Talamanca, dirigeant d'une ONG, s'était vu accorder ce jour-là un placement sous bracelet électronique, mais la mesure a été suspendue car le parquet fédéral a interjeté appel. Une audience a été fixée au 27 décembre, selon son avocate.
Ancienne présentatrice du journal télévisé, devenue une figure controversée du parti socialiste grec (Pasok-Kinal) - qui l'a exclue dès les premières révélations -, Eva Kaili ne cesse de démentir avoir reçu de l'argent du Qatar pour influencer ses décisions politiques.
Selon une source judiciaire belge, des sacs remplis de billets de banque d'une valeur de 150 000 euros ont été découverts dans son appartement à Bruxelles. Mais Mme Kaili «ne connaissait pas l'existence de cet argent», a affirmé son avocat grec Michalis Dimitrakopoulos, selon qui M. Giorgi aurait «trahi la confiance» de sa compagne.
En Grèce, un compte bancaire commun du couple a été saisi par la justice, ainsi qu'un terrain de 7000 m2 sur l'île de Paros acheté via ce compte, a-t-on appris jeudi de source judiciaire. Une enquête a été ouverte la semaine dernière par le parquet financier d'Athènes.
En Belgique, l'enquête dirigée par le juge financier Michel Claise a donné lieu à vingt perquisitions entre le 9 et le 12 décembre, y compris dans les locaux du Parlement européen à Bruxelles.
Le père d'Eva Kaili a été gardé à vue pendant 48 heures dans la capitale belge, tandis que l'épouse et la fille de M. Panzeri, ciblées par un mandat d'arrêt européen, ont été interpellées en Italie. Elles contestent devant les tribunaux italiens leur remise à la Belgique.
Au total, les enquêteurs belges ont mis la main sur 1.5 million d'euros en liquide, d'après la même source judiciaire. Outre les 150'000 euros découverts chez Mme Kaili, son père a été surpris avec une valise contenant 750'000 euros en espèces. Enfin, 600'000 euros ont été saisis au domicile de M. Panzeri, ancien élu socialiste du Parlement européen.
Sur le plan diplomatique, le scandale ébranle la relation entre l'UE et le Qatar, qui a prévenu d'un possible «impact négatif» sur l'approvisionnement en gaz.
L'émirat, qui «rejette fermement» les accusations, a protesté contre un vote intervenu le 15 décembre au Parlement européen qui vise à suspendre l'accès «des représentants d'intérêts qatariens» le temps de l'enquête. (ats/jch)