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La National League humilie publiquement ses arbitres

Headschiedsrichter Thomas Urban waehrend dem Eishockey-Meisterschaftsspiel der National League zwischen dem EHC Kloten und dem EV Zug am Samstag, 1. Oktober 2022, in Kloten. (KEYSTONE/Patrick B. Kraem ...
Thomas Urban, arbitre de National League.Image: KEYSTONE

Notre Ligue devient folle: elle humilie publiquement ses arbitres

La National League a publié un communiqué sur son site officiel pour désavouer ses arbitres. Ce qui n'arrive dans aucune fédération sérieuse au monde.
01.02.2023, 05:5301.02.2023, 06:30
Klaus Zaugg
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La mauvaise décision prise lors du derby zurichois (après de longues minutes de visionnage vidéo, la victoire irrégulière 1-0 du ZSC contre Kloten a été validée) a secoué la Ligue jusque dans ses fondements.

La Ligue elle-même a désormais reconnu cette erreur, si besoin était, avec une séquence vidéo sur son site officiel et un titre contrit: «Le 1-0 n'aurait pas dû être accordé.» Le commentaire final est sans équivoque: «Le but aurait dû être annulé après le visionnage de la vidéo.»

Jamais dans l'histoire du hockey suisse (depuis 1908) un arbitre n'avait subi un telle humiliation publique de sa ligue - une institution dont le devoir est de protéger l'intégrité et l'autorité de ses directeurs de jeu.

Il n'y a soi-disant pas d'argent pour une VAR

La ligue désavoue donc ses propres arbitres. C'est d'autant plus grave que dans ce cas particulier, lesdits arbitres sont plus «victimes» que «fautifs». Ils ont été placé dans une situation impossible par une interprétation absurde des règlements, qui s'écartent des normes internationales, imposées par les dirigeants de club. Ces derniers refusent les investissements qui permettraient au moins d'améliorer les conditions de travail (au hasard, la VAR). Ils ont besoin de chaque franc pour leur masse salariale.

Il va sans dire que les décisions erronées doivent être traitées en interne. C'est un principe admis de la culture de la performance. Le fait que le rapport interne du département des arbitres, destiné aux clubs, soit mis en ligne par La ligue elle-même et rendu publique sans concertation ni accord expresse des intéressés, est unique au monde. L'indépendance et la protection des arbitres sont une priorité absolue dans toute ligue sérieuse au monde.

Une mise à l'index des arbitres ruine à terme la culture d'une ligue. Surtout si l'erreur n'est pas imputable à une mauvaise performance mais aux conditions de travail déplorables de ceux qui l'ont commises, une situation dont les clubs sont responsables à cent pour cent, comme dans le cas du derby zurichois.

Autre grave violation de l'intégrité des directeurs de jeu: l'échange d'informations entre les arbitres lors d'une pénalité de cinq minutes peut être entendu dans les retransmissions télévisées, contre les demandes expresses et répétées du département des arbitres.

Les critiques intolérables de Damien Brunner

N'importe quelle ligue civilisée dans le monde interdit la critique publique des arbitres par les joueurs et les entraîneurs. Mais en Suisse, on tolère désormais tout au nom de la liberté d'expression, comme la critique complètement excessive de Damien Brunner sur la vidéosurveillance des hors-jeux. Un joueur qui se fait mousser sur le dos de son championnat et de sa crédibilité (c'est-à-dire l'industrie qui le nourrit) serait condamné à une amende dans toutes les ligues sérieuses - et de surcroît suspendu.

Ce manque de leadership va de pair avec la mansuétude de la Ligue envers les pratiques du Lausanne HC (entre autres, les impayés dûs à deux entraîneurs de renommée mondiale), ce qui nuit à la réputation internationale de la National League.

Une autre conséquence du manque de leadership est l'augmentation de l'élite à 14 équipes. Alors que le système de promotion/relégation a été maintenu dans le football suisse même pendant la pandémie, nos clubs de hockey ont décidé d'abolir la relégation. Il y avait peut-être de bonnes raisons à cette mesure exceptionnelle. Mais dans le même temps, la promotion a été maintenue. Conséquence: la deuxième division est entrée dans une crise existentielle, tandis que la première devrait finalement repasser de 14 à 12 équipes selon les avis unanimes. Au coeur de cette instabilité, toute la formation des jeunes s'effondre et les meilleurs talents fuient vers la Scandinavie et l'Amérique du Nord quand ils sont jeunes.

La National League est attrayante, équilibrée, et l'une des meilleures au monde. Problème: la Ligue n'est pas dirigée. L'astucieux opportuniste Denis Vaucher la gère comme un politicien qui veut être réélu, se pliant comme une girouette à chaque brise qui souffle en provenance d'un bureau directorial.

Les dirigeants de clubs sont désormais habilités à faire valoir leurs intérêts particuliers à leur guise, au détriment du bien-être général de la National League. Cette situation se reflète dans l'augmentation de quatre à six étrangers. Les clubs se livrent une concurrence farouche sur le plan économique et sportif. Dans ce contexte, un leadership fort, crédible et affirmé de la Ligue, est crucial.

Le Ponce Pilate de la Ligue

Denis Vaucher applique avec virtuosité le système de Ponce Pilate: se laver les mains en toute innocence, prétendre qu'il ne veut pas changer les choses, que ce sont les autres (les dirigeants du club), qu'il n'est qu'un employé de la ligue et n'a aucune influence. Cette façon de procéder est désastreuse.

Explications: le juge romain Ponce Pilate, en signe de son innocence, a effectué un rituel de purification (se laver les mains) après la condamnation à mort de Jésus, pour signifier qu'à son avis cette condamnation à mort n'était pas nécessaire, n'était pas sa propre décision, mais qu'elle était due à des impératifs pratiques et donc ne pouvait être sa responsabilité. D'après tout ce que l'on sait de la période romaine en Palestine, Denis Vaucher nous fait penser à Ponce Pilate.

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Denis Vaucher.Image: sda

Les dirigeants de la Ligue se retrouvent ce mercredi pour une réunion. Il y sera également question des conditions de travail intolérables des arbitres. La Ligue peut encore s'éviter de gâcher ce qui sera peut-être les meilleurs play-off de l'histoire avec un nouveau chaos vidéo. C'est une question de crédibilité et, en fin de compte, de qualité et de succès de la ligue. La crédibilité est encore plus importante dans le sport que l'argent.

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Video: watson
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