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AVS 21: la presse décrit une Suisse divisée

AVS 21: la presse décrit une Suisse divisée

Une personne passe entre les affiches des partis politiques et des associations donnant leurs mots d'ordre pour les votations federales du 25 septembre, ce lundi 19 septembre 2022 a Geneve. Les c ...
Une femme passe entre les affiches des partis politiques et des associations donnant leurs mots d'ordre pour les votations fédérales du 25 septembre.Image: sda
Au lendemain des votations, la presse suisse appelle à une réforme du deuxième pilier prenant en compte les intérêts des femmes.
26.09.2022, 05:0226.09.2022, 11:44
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Au lendemain du «oui» à la réforme de l'AVS du bout des lèvres, par 50,57% des voix, la presse voit une Suisse divisée non seulement au plan linguistique, mais aussi entre genres.

«En acceptant d'un souffle la réforme AVS 21, la Suisse donne un soufflet aux femmes. La majorité alémanique du pays a voté cette égalité-là, alors que les cantons latins, le Jura en tête, ont affiché hier leur hostilité.»
Le Quotidien Jurassien

Et si la mobilisation des hommes alémaniques en faveur du oui a été visiblement massive, celle des femmes pour le non l'a aussi été, constate le journal 24 Heures. Le résultat du vote débouche ainsi sur une nouvelle division du pays, ajoute-t-il:

«Mais au 'classique' Röstigraben, il faudra désormais ajouter une barrière des genres. Barrière des genres qui, par les temps de multiples clivages qui courent, ne va pas faciliter le vivre-ensemble.»
24 Heures

Le Temps y voit également de «nombreuses fractures: entre les hommes et les femmes, au niveau social (entre les communes à bas et hauts revenus) et linguistique:

«Une ligne déchire le pays, seuls deux cantons alémaniques refusant, comme tous les cantons latins, d'augmenter l'âge de la retraite des femmes»
Le Temps

«Bosseuse, la Suisse?»

De plus, Le Temps explique cette différence par «une vision plus libérale de l'Etat en Suisse alémanique et la prééminence de figures syndicales fortes dans la campagne en Suisse romande expliquent probablement cet écart».

«Il est juste que les femmes travaillent autant que les hommes, jusqu'à 65 ans. La solidarité doit être complète entre les générations et les catégories sociales au sein de notre assurance vieillesse et survivants (AVS).»
Le Temps

D'ailleurs l'âge de la retraite à 65 ans n'est pas si élevé que cela, remarque Le Journal du Jura:

«En Italie ou en Islande, on travaille jusqu'à 67 ans. Les personnes qui ont glissé un non dans l'urne auraient tort de se plaindre [...] Augmenter l'âge de la retraite des femmes donnera mathématiquement de l'air aux caisses de l'AVS. Ces dernières ne sonnent pas creux, mais la pyramide des âges ne ment pas: on vieillit et la génération actuelle va générer des vagues de rentiers.»
Le Journal du Jura

Egalité salariale

Pour arriver à ce résultat, «les partis bourgeois ont joué assez habilement sur le sentiment de peur», relève Le Courrier:

«La guerre en Ukraine et le risque de pénurie énergétique ont sans doute pesé dans la balance et insufflé une dimension sécuritaire dans le vote de dimanche. Le conseiller fédéral Alain Berset a mené campagne avec conviction; il bénéficie aussi d'un surcroît de crédibilité pour sa gestion de la crise Covid-19.»

Et «l'argument du sacrifice demandé une nouvelle fois aux femmes n'a pas suffi non plus à renverser la tendance», écrit la Tribune de Genève:

«La gauche et les milieux féministes n'avaient bien sûr pas la partie facile: se battant pour l'égalité à longueur d'année, ils devaient justifier le maintien dans la loi d'une discrimination basée sur le genre. C'était d'autant plus compliqué que la réforme introduit une certaine flexibilité dans l'âge de départ à la retraite, entre 63 et 70 ans.»

Mais «il n'en demeure pas moins qu'au travail, sur la fiche de paie, dans leur carrière et évidemment concernant le montant de leurs rentes, les femmes suisses sont victimes d'inégalités persistantes et inacceptables», ajoute le journal genevois, à l'instar de nombreux autres quotidiens.

Si «le camp bourgeois peut pavoiser» du double «oui» à la réforme de l'AVS, c'est aussi «une belle victoire» pour le ministre fribourgeois socialiste Alain Berset, «qui portait ce projet contre les siens», juge La Liberté:

«D'abord sur une forme de fatalité, puisque depuis un quart de siècle, toutes les tentatives de révision de l'AVS avaient échoué. Mais aussi, plus symboliquement, sur son vieil adversaire Pierre-Yves Maillard, le tribun des opposants à nouveau dressé sur son chemin, onze ans après leur lutte fratricide dans la course au Conseil fédéral.»

Deuxième pilier

«Et maintenant?», s'interroge ArcInfo:

«Le résultat est un message au Parlement pour trouver des solutions aux inégalités, notamment le 2e pilier»

«A charge du conseiller fédéral de convaincre les Chambres qu'il est indispensable d'agir. Et c'est plutôt mal parti. Prévue au menu de la session d'automne, la réforme a été repoussée par le Conseil des Etats. Quant au National, il a déjà retoqué un projet concocté par le Conseil fédéral. Celui-ci était pourtant le fruit d'un compromis entre partenaires sociaux», poursuit-il.

Abondant dans le même sens, Le Nouvelliste appelle la droite à tenir sa promesse d'une réforme du deuxième pilier, «qui prendra en compte l'intérêt des femmes qui travaillent toujours et pour la plupart à temps partiel»:

«Il faudra assurer et sans doute réinventer la prévoyance à l'aune de [...] nouvelles donnes qui dépassent la question du genre, car au sortir du Covid, le monde du travail a subi de nombreuses transformations [...] Aujourd'hui, beaucoup d'actifs donnent un nouveau sens au labeur, les jeunes privilégient le temps partiel, l'ambition ne se résume plus à la réussite et le bonheur ne se mesure plus à une carrière en ligne droite.»

Les autorités fédérales «doivent désormais faire preuve d'inventivité et d'audace pour assurer la pérennité d'une bonne prévoyance vieillesse. Mieux qu'un allongement du pensum d'une année», lâche Le Quotidien Jurassien. (ats/jch)

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