Jusqu'à 16h30 environ, les résultats sur la votation AVS21 n'étaient pas totalement tombés. Le combat était serré. Les chiffres ont finalement été annoncés: le peuple suisse a voté en faveur de l'augmentation de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans et de la TVA.
Un dimanche fort d'émotion pour Gabriela Medici, responsable politique sociale et prévoyance vieillesse au sein de l'Union syndicale suisse (USS). Avec les syndicats et les partis de gauche notamment, elle fait campagne, depuis plus d'un an, contre la réforme de l'AVS. Entretien.
Les résultats étaient très serrés, jusqu'à la dernière minute...
C'était une journée très émotionnelle. Nous espérions que ça soit plus serré que ce que les sondages disaient, mais nous ne nous attendions pas à cette tension jusqu'à la fin.
Les Suisses ont soutenu la réforme de l'AVS à seulement 50,6%. Que penser de ce chiffre?
Le sujet reste très important et sensible pour la population. Aujourd'hui, nous avons besoin d'une amélioration et donc d'une augmentation des rentes.
On a vu une différence claire entre les cantons romands et alémaniques. Comment l'expliquer?
Je suis moi-même d'origine suisse-allemande. Pour moi, ce qui a été flagrant durant cette campagne, c'était son traitement médiatique. En effet, j'ai trouvé que les grands médias suisses-allemands étaient favorables au «oui», et que les rédactions se sont exprimées en faveur de la réforme AVS. Avec les associations patronales et économiques en revanche – qui étaient également majoritairement pour AVS21 – nous acceptions mutuellement nos arguments respectifs. Et puis, j'ai également observé qu'en votant «oui», les personnes croyaient voter en faveur de l'égalité, c'est-à-dire la retraite au même âge pour tout le monde.
On a aussi observé un «Gendergraben», c'est-à-dire un fossé dans le vote des électeurs masculins et féminins.
Les femmes ont majoritairement voté contre l'augmentation de l'âge de la retraite. Ces différences entre les genres rappellent que nous devrons continuer à lutter pour obtenir ce que nous méritons (ici, par exemple, des rentes justes pour toutes). Aujourd'hui en Suisse, nous avons un grave problème d'inégalités entre hommes et femmes sur le montant des revenus et des retraites, et on ne peut plus le nier. C'est là-dessus que nous devrons désormais travailler.
Pour vous, quelle est la suite?
Une initiative a été déposée au Parlement pour une 13ème rente AVS. Nous aimerions également que la question de la réforme du 2ème pilier revienne au coeur des discussions. Nous n'allons plus attendre 30 ans avant d'améliorer les rentes. Finalement, demain, l'augmentation du niveau des rentes sera discutée au Conseil des Etats, pour faire suite à l'inflation.
Malgré la défaite d'aujourd'hui, est-ce que vous êtes fière de la campagne menée?
Bien sûr. Au sein de l’USS, j'ai porté cette campagne dès le début. Par exemple, nous avons lancé notre pétition en ligne en janvier 2021. Nous avons également eu un fort soutien de la part des membres des syndicats, des partis de gauche (le Parti socialiste et les Verts notamment) et des collectifs féministes. Le camp du «non» était composé d'une grande coalition. Mais je ne peux pas dire que je suis contente de ce résultat, car je pense à toutes ces femmes qui, une fois arrivées à l'âge de la retraite, vont subir une péjoration de leurs rentes.