«Etre à la hauteur des enjeux du plus grand procès jamais organisé en France.» Les mots de Jean-Michel Hayat, premier président de la cour d'appel de Paris, résument parfaitement le défi représenté par la salle d'audience «Grands Procès». Dès le 8 septembre prochain, celle-ci abritera les débats concernant les attentats du 13 novembre 2015 qui avaient fait 131 morts à Paris.
Plus de 2000 personnes sont attendues et il a fallu concevoir un lieu hors norme pour les accueillir dans les meilleures conditions. Une salle d'audience de 700 mètres carrés a donc été érigée à l'intérieur même du Palais de justice de l’Ile de la Cité. La pièce est tellement grande que les alignées de bancs sont surplombées d'écrans pour permettre à tous de suivre les échanges.
Budgétisée à plus de 8 millions de francs, l'imposante structure temporaire en bois a été bâtie en moins de deux ans au sein de la salle des pas perdus. Au total, 550 personnes, dont près de 300 avocats, pourront y prendre place. Quatorze antichambres permettront aux parties civiles, aux journalistes et au public de suivre la retransmission du procès.
Le projet de la salle d'audience des grands procès est livré. Un projet pour l'APIJ en partenariat avec MMArchitectes, l'agence Béatrice Mouton, le cabinet MTC, META-Acoustique et LMI. @mmarchitectes @archimussche pic.twitter.com/1TBbxwwWwA
— Maximilien Mussche (@archimussche) June 25, 2021
Et si aucun tribunal français ne pouvait abriter un tel événement, un autre bâtiment, comme une salle de spectacle, par exemple, n'aurait pas été approprié selon Jean-Michel Hayat, interrogé par FranceInfo. «J’avais été frappé par un collègue qui avait présidé un très grand procès d’un accident collectif, le tunnel du Mont-Blanc. Il était dans une salle adaptée pour ce procès, mais ce n’était pas un lieu de justice et, finalement, les magistrats étaient tout petits. Ça ne donnait pas cette impression d’être dans un palais de justice», se souvient le premier président de la cour d'appel de Paris.
Autre défi aux yeux du magistrat, que les huit mois de procès ne paralysent pas le reste de l'instance judiciaire française. «Il n’est pas question de retarder l’appel d’une décision prud’homale ou l’appel d’une décision de divorce. La justice fonctionnera à 100% durant toute cette période.»
D'ailleurs, les participants aux procès «ordinaires» ne croiseront pas ceux venus assister aux audiences liées au 13 novembre puisqu'une entrée sécurisée et un parcours spécial ont été mis en place. Un dispositif de soutien aux victimes a également été prévu, avec des locaux dédiés.
Au coeur du palais de justice de Paris, découvrez le chantier de la salle d’audience grand procès piloté par l’APIJ. Elle accueillera en septembre 2021 le procès des attentats du 13/11/15. CP, DP & photos (Crédit MM architects designers and planners)➡️ https://t.co/I0RLZvyYIK pic.twitter.com/ouCQ8FDXcj
— Porte-parole du ministère de la justice (@Porte_parole_MJ) January 19, 2021
La structure temporaire devrait être démontée en 2023, selon le Ministère de la Justice. Le temps pour elle d'accueillir d'autres grands procès, comme celui des attentats de Nice ou de Charlie Hebdo ou les appels de ces différentes procédures.