J’ai rencontré Tom il y a quelques semaines. C’était mon prof de peinture. Il m’a fallu arriver à 30 ans pour enfin réussir à réaliser mon super fantasme de me taper un prof. Après des centaines de tentatives infructueuses, j’avais fini par lâcher l’affaire.
Comme quoi... il faut s’accrocher à ses rêves! En voilà une belle leçon de vie pour les jeunes qui me lisent.
Ne me remerciez pas.
Bon, c’est clair que ça fait pas le même effet lorsque la différence d’âge n’est pas aussi impressionnante et que le rapport d’autorité n’est pas vraiment établi. Pas tellement d’enjeu, quoi. C’est pas comme si je jouais mon avenir sur ces cours de peinture. Du coup, je ne sais pas si ça compte vraiment... mais on va dire que OUI! (Histoire qu’ils m’aient au moins servi à quelque chose.)
C’est surtout une putain de victoire pour mon audace! Parce que rien ne laissait penser, pendant les cours, que Tom s’intéressait à moi. Il traitait tous les élèves de la même manière. J’ai dû faire le premier pas et ça a plutôt bien marché.
Tom est vieux. Il approche la soixantaine. Et il n’est même pas beau. (Mais j’ai toujours eu des goûts bizarres, la preuve 👇). Son autorité m’a plu et il n’était pas totalement dénué de charme non plus. Il faisait vraiment prof et imposait le respect aux autres élèves.
Une fois les cours terminés, je l’ai contacté sur son email pro en prenant pour excuse le bouquin de peinture qu’il nous a distribué en début d’année. Nous avons échangé quelques plaisanteries. Je l’ai félicité sur sa façon d’enseigner, de rendre la matière vivante. Il m’a dit:
Je l’ai saisie au vol et lui ai répondu que le qualificatif de «sexy» était parfaitement approprié. Bien sûr, le gars est à mille lieues de correspondre à cette description, mais les hommes n’ont pas le monopole de la drague faussement flatteuse, merde.
Il a compris le message et nous avons pris notre intérêt partagé pour Matisse comme excuse pour nous revoir lors d’un dîner au resto. On s’est échangé quelques mails lourds de sous-entendus qui m’ont vachement excitée. On se vouvoyait. J’avais l’impression de revenir à mon adolescence, lorsqu’on se rend compte que quelque chose se passe avec son «crush». Je planais!
Bien sûr, comme à chaque fois (et c'est bien là mon problème), je n’ai pas envisagé que ma liaison avec ce type soit uniquement sexuelle. J’ai vraiment commencé à m’intéresser à lui et je pensais que ce rapprochement physique serait le début de quelque chose d’autre. Il avait l’air partant et moi j’avais des papillons dans le ventre.
Nous sommes donc allés au resto et on a partagé un super moment pendant quelques heures.
Il m’a dit qu’il était divorcé et m’a dépeint une image du mariage assez déprimante. Apparemment, il n’avait plus envie de s’engager. Je comptais bien le faire changer d’avis. Je le trouvais intéressant, drôle et spirituel et j’avais vachement envie d’un rapprochement dès qu’on serait sorti de ce resto, où notre différence d’âge était flagrante et où l'on aurait mal pris qu’on commence à se tripoter devant tout le monde.
Lorsqu’on est arrivé à sa voiture, il m’a proposé de prendre un dernier verre chez lui. Je ne me suis pas faite prier. Il m’a pris par la main, m’a approchée de lui et m’a embrassée. Il embrassait comme un vieux (j’ai une certaine expérience en la matière), de façon un peu saccadée et maladroite, façon car-wash. Pas du tout sensuelle. Ca me le rendait attendrissant.
Arrivés chez lui, on n’a pas perdu de temps. Direction la chambre à coucher où on s'est jetés l'un sur l'autre immédiatement.
Après coup (dans les deux sens du terme), il m’a annoncé, l’air de rien, qu’il avait une copine depuis plusieurs dizaines d’années et que c’était pour ça qu’il avait galéré à trouver une capote...
Ca m’a tuée. Il s’était bien gardé de me le dire pendant le repas, cet espèce de connard! Ca m’a fait l’effet d’une tuile dans la gueule et je me suis sentie comme la dernière des connes, avec mes histoires de le convaincre de s'engager et gnagnagna. Quelle buse!
Je lui ai demandé de me ramener chez moi. Nous sommes restés silencieux pendant tout le trajet. Il se sentait con et je n’avais pas l’intention de lui soulager la conscience, même si mes sentiments étaient confus.
Plus que blessée, j’étais blasée de m’être faite avoir par ce clown et fatiguée de cet attrait répandu pour la malhonnêteté. S’il m’avait dit la vérité dès le début, le résultat aurait certainement été le même: j’aurais aussi couché avec lui. Pourquoi faut-il toujours que je parte en couilles en accordant plus d’importance aux choses qu’elles n’en n’ont vraiment?! Qu’est-ce qui cloche chez moi?
J’ai fini la soirée toute seule sur mon canapé, à fumer clopes sur clopes devant ma télé, en me demandant si les fantasmes ne sont pas plutôt faits pour rester dans nos têtes.
Et vous, vous en pensez quoi?
penelope.page@watson.ch