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Pourquoi une sage-femme aurait-elle besoin d’un doctorat?

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Image: illustration fh suisse/flavia korner
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Pourquoi une sage-femme aurait-elle besoin d’un doctorat?

Toute future maman compte sur les compétences de sa sage-femme. Mais celle-ci a-t-elle besoin d’un doctorat? Vanessa Leutenegger est en train de passer le sien et explique pourquoi.
05.10.2021, 11:2405.10.2021, 15:03
Guy Studer
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Vanessa Leutenegger, sage-femme indépendante de 32 ans, est au bénéfice d’un bachelor de la Zürcher Hochschule für angewandte Wissenschaften (ZHAW). Mais ce diplôme ne lui suffit pas. Elle possède aussi un master en nursing de la même institution et, fait plutôt rare dans cette profession, vise un «PhD in Care and Rehabilitation Sciences». Elle exerce également comme chargée de cours dans la filière master en sage-femme à la ZHAW. Un profil professionnel plutôt rare. Certains se demanderont donc si les sages-femmes ont vraiment besoin d’un doctorat.

Madame Leutenegger, pourquoi viser un doctorat en tant que sage-femme?
Pour s’entretenir sur un pied d’égalité avec les médecins, réfléchir ensemble au taux actuellement élevé d’interventions et renforcer ainsi l’aspect physiologique de la parentalité. Et parce que je suis convaincue que dans de nombreuses situations, la collaboration des sages-femmes et des médecins pourrait être bien meilleure que ce qu’elle est actuellement. Mais pour atteindre ces objectifs, nous avons besoin d’un plus grand savoir de fond ainsi que de connaissances factuelles et spécialisées pour encourager ensemble le déroulement naturel de la grossesse, de l’accouchement et de la période post-partum.

Vous allez donc continuer d’exercer en tant que sage-femme indépendante?
Mon métier est ma passion et je compte bien le pratiquer. La crise du coronavirus a souligné à quel point notre rôle d'accompagnant est important lorsqu’une pandémie limite le nombre de visites. Je précise que j’apprécie beaucoup de posséder ces connaissances supplémentaires et d’y recourir dans la pratique. J’ai ainsi un autre regard et possède un savoir qui n’est pas dispensé dans la formation de base.

Pouvez-vous nous donner un exemple?
Il s’agit souvent de thématiques transversales. Pendant mon cursus de doctorat, j’apprends par exemple des techniques de communication, mais j’obtiens aussi des informations sur notre système de santé. Lire des études basées sur les faits et donc connaître le contexte scientifique me permet de gagner encore en confiance dans mon travail quotidien. Prenons l’exemple du rythme cardiaque d’un fœtus: on ne cesse de discuter sur la manière de l’écouter et de l’interpréter, à quel moment et quelles conclusions en tirer. Lors de notre formation initiale, nous apprenons le b.a.-ba. Je dispose désormais des bases scientifiques et des justifications correspondantes.

Est-ce que chaque sage-femme aura besoin de poursuivre ses études ou allez-vous rester l’exception?
Je pense que les deux approches sont et vont rester nécessaires. D’une part pour maintenir une formation de qualité. Et d’autre part, des sages-femmes bénéficiant d’un large savoir scientifique ouvrent d’autres portes à la profession. Par exemple, une évolution dans le sens de ma réponse à votre question initiale. On peut toujours faire mieux, notamment pour ce qui est de la collaboration. Certains pays ont de l’avance sur nous, comme le Royaume-Uni ou les pays scandinaves, où des expertes travaillent déjà au niveau de cette interface.

Vous avez étudié en haute école spécialisée (HES). Or, un doctorat s’obtient auprès d’une université avec le titre préalable correspondant. Comment avez-vous procédé?
Je profite d’une coopération entre l’université de Zurich et la ZHAW (voir encadré). En Suisse, ce modèle est assez récent et nous n’avons donc que peu de recul. C’est aussi un peu compliqué. En ce qui me concerne, je suis passée par un processus de candidature: j’ai dû présenter mon projet et expliquer ce que je souhaitais atteindre. Je suis mes cours à l’université, mais l’accompagnement direct par ma superviseuse est organisé par la ZHAW. Du fait que je suis au bénéfice d’un diplôme HES, je dois obtenir 30 crédits supplémentaires par le biais de ce qu’on nomme la passerelle. Par chance, je peux suivre ces cours pendant mon doctorat. J’ai quand même quelques doutes sur l’utilité de ces crédits supplémentaires. En effet, il faut les choisir parmi une sélection prédéfinie et tous ne sont pas utiles à la matière étudiée.

Depuis 2017, les hautes écoles spécialisées et les hautes écoles pédagogiques (HEP) entretiennent une collaboration avec les universités dans le cadre des programmes de doctorat (PhD ou Doctor of Philosophy). L’octroi du titre de docteur est cependant réservé aux universités. Ces programmes, jusqu’à présent isolés, permettent ainsi à un petit nombre de diplômés d’institutions non universitaires d’accéder au doctorat. Les diplômés des hautes écoles spécialisées, en particulier, ont souvent choisi une voie pratique via une formation professionnelle et, par exemple, une maturité professionnelle ou spécialisée. Le doctorat, quant à lui, permet entre autres de travailler comme chargé de cours dans une haute école. Pour cette raison, des voix s’élèvent pour que les HES se voient accorder le droit de délivrer des doctorats et de proposer des programmes indépendants de doctorat, comme c’est le cas en Allemagne. De cette manière, le parcours de formation orienté vers la pratique pourrait également être étendu au corps enseignant et à la recherche.
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