Il réagit enfin. Il faut dire que nombre d'internautes étaient pendus aux lèvres jusqu'ici bien scellées du nouveau phénomène de la webosphère.
Bien malgré lui, «Abrège frère», le tiktokeur devenu célèbre en résumant les storytimes (les anecdotes) qu'il juge trop longues pour faire gagner du temps aux utilisateurs de la plateforme, a généré une grosse polémique. On rembobine.
De nombreuses femmes présentes sur les réseaux ont dénoncé le concept d'Abrège Frère, qui, selon elles, a donné naissance à une vague de misogynie.
Ines, une créatrice de contenu aux quelque 100 000 abonnés, expliquait par exemple que sous chacune de ses publications, elle retrouvait un commentaire stipulant: «abrège, frère», ainsi que des insultes... et même des menaces de mort. Ce qu'on lui reprochait? De prendre trop de temps pour s'exprimer.
Ce fut ensuite au tour de l'influenceuse mode et beauté Chloé Gervais (la prétendue petite amie de l'immense youtubeur Squeezie, même si rien n'est officiel) de jeter un pavé dans la mare. Dans une vidéo, elle a dénoncé la haine qu'essuient de nombreuses femmes sur la Toile depuis qu'Abrège Frère est devenu le nouveau «it boy» 2.0. De surcroît, pour elle, pas de doute: la plupart des storytimes prises pour cible par le tiktokeur sont l'œuvre de femmes.
Des déclarations qui ont suscité pléthore de réactions aussi virulentes que sexistes:
Le phénomène a pris une telle ampleur que Chloé Gervais a dû reprendre la parole, pour spécifier que ce n'était pas le créateur du concept, mais bien sa communauté, qu'elle pointait du doigt.
Pendant que les cieux se déchainaient de part et d'autre, l'homme au centre de tous les débats est resté mystérieusement silencieux. Le fait que son compte ait été suspendu, avant d'être réhabilité, n'a pas vraiment aidé.
Mais, à force de tags et d'appels à réaction, Abrège Frère a fini par sauter dans l'arène. C'est à travers le média Le Parisien qu'il a choisi de s'adresser à tous ceux qui usent de son nom pour s'en prendre à certaines créatrices:
«Ce que je fais, c'est vraiment à prendre au second degré», plaide la nouvelle star des réseaux. «En aucun cas, je m'attendais à ce qu'il se passe toutes ces choses». Le tiktokeur a en outre expliqué avoir été lui-même pris de court par l'ampleur des controverses.
Il a en outre tenu à rappeler qu'abréger ne veut pas dire silencier. «Pour moi, ça veut simplement dire raccourcir, résumer un texte, comme à l'école».
Le Parisien a cependant soulevé quelques chiffres: sur 89 vidéos postées, 57 femmes ont été abrégées. «Est-ce que cela participe au cyberharcèlement?»
Enfin, Abrège Frère assure sélectionner soigneusement ses sujets: «Je ne me permettrais pas de choisir du contenu sensible, où je sens que la personne est vraiment atteinte par ce qu'elle raconte».
Peut-être que, comme l'expliquait la créatrice Ines, ces mots permettront de calmer les esprits. Affaire à suivre, donc.
