Une nouvelle minisérie est venue s’ajouter au catalogue Netflix ce jeudi 2 novembre. Quatre épisodes qui nous plongent dans la ville de Saint-Malo en France durant l’Occupation allemande. Tirée du roman éponyme de l'écrivain américain Anthony Doerr, Toute la lumière que nous ne pouvons voir est un best-seller qui a été récompensé du prix Pulitzer en 2015.
Derrière cette adaptation, on retrouve Steven Knight, le créateur de Peaky Blinders au scénario et le Shawn Levy à la réalisation, à qui l'ont doit notamment la Nuit au Musée ou la série Stranger Things.
L'intrigue se déroule à Saint-Malo, en 1944. La ville bretonne est occupée par les nazis. Chaque nuit, alors que pleuvent les bombes américaines, Marie-Laure Leblanc (Aria Mia Loberti), une jeune Française aveugle réfugiée chez son oncle, lit des passages de 20 000 Lieues sous les mers de Jules Vernes à la radio pour glisser des messages à la Résistance. Ailleurs dans la ville se cache Werner Pfennig (Louis Hofmann), un officier surdoué, mais rebelle qui est spécialisé dans les transmissions au sein de la Wehrmacht. Celui-ci est chargé d'intercepter des conversations ennemies. Branché sur la fréquence de Marie, il écoute son récit avec passion, se demandant qui se cache derrière cette voix.
Durant quatre épisodes, nous suivons tout au long d'une décennie les destins entrecroisés de ces deux personnages dont la Deuxième Guerre mondiale va bouleverser l'existence.
Dommage que pour une série se déroulant en France, les acteurs francophones soient aux abonnés absents. La série étant intégralement tournée en anglais. Coté casting, on retrouve l'excellent Mark Ruffalo (Dark Water ou encore Hulk dans Avengers) ou le Britannique Hugh Laurie (Dr House). Du côté allemand, l’origine est davantage respectée avec Louis Hofmann , vu sur Netflix dans Dark, ainsi que Lars Eidinger, vu dans Babylon Berlin sur MyCanal.
Cependant, s'il y a bien une prestation qui sort du lot, c'est bien celle d’Aria Mia Loberti, qui incarne Marie et qui accède ici au premier rôle de sa carrière. La jeune actrice de 30 ans livre une prestation bien au-dessus de ses pairs pourtant confirmés.
La jeune comédienne américaine n’avait encore jamais passé d’audition avant celle-ci. Pour coller au récit, le réalisateur Shawn Levy avait en effet décidé dès le départ de travailler avec des actrices non voyantes. Ainsi Aria Mia Loberti, et Nell Sutton qui incarne Marie-Laure enfant, sont toutes deux atteintes de cécité. Aria Mia Loberti, jusque-là universitaire spécialisée dans la rhétorique ancienne (une vraie tête!), décroche ici son tout premier rôle, après qu'une de ses anciennes professeures lui a envoyé l'annonce du casting.
Aria Mia Loberti est atteinte d’achromatopsie depuis sa naissance, une maladie oculaire congénitale. Bien qu'elle soit passionnée de langue, et ne s'est jamais imaginée un jour actrice.
Pourtant débutante, l'actrice porte la série sur ses épaules avec une justesse remarquable.
Si Saint-Malo est au cœur du récit, Shawn Levy n’a posé sa caméra que quelques jours dans la cité bretonne durant l’été 2022, le reste de la série ayant été tournée en Hongrie. Néanmoins, la reconstitution minutieuse nous fait immédiatement voyager dans le temps. Au milieu des débris, dans les rues pavées de Saint-Malo ou colorées de Paris, la série parvient à créer une ambiance romanesque, presque romantique, au détriment d'un aspect réaliste.
Bien que la série joue avec talent sur les émotions et bénéficie d'une réalisation léchée, son côté carte postale fleurant bon la nostalgie semble bien loin du réalisme noir des années 40. De plus, ses dialogues qui semblent clamés de manière très littéraires, renforcent un peu plus le côté théatrâle de l'ensemble.
On peut également reprocher le côté très manichéen des personnages, où les Français semblent tous être de valeureux résistants, et les Nazis, à l'exception de Werner, des monstres sanguinaires. De plus, le choix de tourner la série intégralement en anglais plutôt sans faire l'effort d'intégrer du français et de l'allemand pour favoriser le réalisme du récit est un pas de plus vers l'aspect très artificiel de l'oeuvre.
Un choix presque regrettable qui aurait pu s'inspirer de la très bonne série Transatlantique, une autre série de la plateforme prenant place dans la France occupée de la Seconde Guerre Mondiale et qui brille par un casting multilingue.
Mais au-delà de ces critiques plus que subjectives, Toute la lumière que nous ne pouvons voir reste une oeuvre touchante, portée par une actrice exceptionnelle. Plus qu’une histoire sur la guerre ou sur le handicap, la série se veut être un véritable message d’espoir qui résonne d’autant plus fort en ces temps troublés dans lesquels nous vivons.
Toute la lumière que nous ne pouvons voir est une mini-série de 4 épisodes disponibles depuis jeudi 2 novembre sur Netflix.